Hammerfall

La couverture est bien fidèle à ce monde . Ces « vaisseaux « plantés dans le sable , qui pointent vers le ciel dans un élan de cathédrale , au milieu de nul part .
Hammerfall est un roman initiatique déjà et c'est surtout quasiment un texte d' » ethno-science-fiction « .
Le sujet de ce roman est en partie , tel que dans bien des oeuvres de J Vance par exemple , car c'est d'abord un fabuleux voyage haut en couleur auquel le lecteur est convié .
Le plus clair de ces pages est destiné à mettre en place un univers et à initier la quête de Marak le guerrier .
Ce monde est low-tech et il y a une ambiguïté quant aux technologies , qui reste volontairement floue . Cet aspect de l'univers offre un visage voilé . Celui de l'irrationnel , posé en hiérophanies variées , mais qui n'est rien d'autre en fait , qu'une séquelle de la guerre des gènes et des conséquences des dérives de ces nanotechnologies .
Des abus édifiants qui ont en leur temps , meurtri ce monde désormais ravagé et en quarantaine ainsi que surveillé par différentes factions humaines situées à l'extérieur dans l'espace et surveillé également par des extraterrestres impénétrables , également à l'extérieur dans le noir de l'espace .
Il est en effet question dans ce roman , d'un monde en quarantaine à cause des ravages définitifs et périlleux causés par l'utilisation militaire des nanotechnologies . C'est un véritable écosystème pseudo naturel et équivoque du point de vue narratif qui s'est mis en place et qui a évolué en vase clos .
Nous suivons le personnage principal dans un voyage initiatique qui est en même temps un exode sur cette planète désertique .
Il entend des « paroles « qui le contraignent et qui sonnent comme de la folie ou des révélations , alors qu'elles ne sont pas ce qu'elles ont l'air d'être et alors que ce monde serait dès lors , peut-être , à nouveau partie prenante d'un agenda politique de factions externes et totalement inconnus de ses habitants .
Le style et certains aspects de l'environnement , m'a beaucoup rappelé soleil mort ( Sonjir,Kesrith,Kutah ) du même auteur ( chez OPTA en français , épuisés « of course « ) .
Il y a dans ce texte un ton très littéraire , un peu épique que , je pense , les amateurs de fantaisie apprécieront et don-ils feraient volontiers leur pâture , même si Hammerfall n'est pas de la fantasy , clairement ....
Le très grand soin apporté au détail et à la psychologie fait que cette planète est très réelle , incroyablement réelle , quand on ferme le bouquin .
Un détail: il est assez dur à lire en anglais ? Enfin , c'est mon avis subjectif et par définition relatif . Ce m‘a semblé , à cause d'un vocabulaire assez varié et du fait de développements qui se déploient assez lentement , en ricochet et résonnance , avec un environnement relativement équivoque et très subtilement décris et les soliloques du personnage principal .
J'ai beaucoup apprécié ce roman et cet univers qui peut lasser certains mais qui possède le charme d'un véritable voyage dépaysant et crédible .
C'est un très beau texte à lire et un monde dense à parcourir ..
Il faut avoir également présent à l'esprit que ce tome sert principalement à planter le décor pour : " Forge of Heaven" et pour un autre pas encore paru dans cet univers .
C'est une de ces trilogies très cohérentes de l'auteur , qui sont artificiellement coupées et qui sortent en fragments pour ce qui est de la publication .
Cet aspect des choses aura peut-être un gout amère pour certains lecteurs qui auront l'impression vaguement justifiée , de piétiner dans le vague et dans des enjeux pas clairs .
De même les amateurs d'univers high-techs seront peut-être également désarçonnés par le caractère primitif des habitants de ce monde et par la présentation culturelle et écosystèmique équivoque des nanotechnologies et des effets de leurs ravages posthumes .
Il y a dans ce cycle quelque chose de The Faded Sun , des univers de science-fiction de Ursula le Guin et même de Ventus de Karl Schoeder .