Depuis 1845 le nombre des visiteurs du dimanche au Louvre a doublé: il était à cette époque d'environ douze mille, il est de vingt à vingt-quatre mille aujourd'hui. C'est évidemment la partie de la population qui, forcée de travailler toute la semaine, n'a de loisir qu'un jour sur sept, c'est le petit commerce, ce sont les ouvriers de tous états, les nombreux employés des diverses administrations publiques et privées qui se portent au Louvre ce jour là, et ils ont besoin que leur curiosité soit satisfaite sur tous les points. Ils vont au Louvre, non seulement pour y voir des peintures, des statues, antiques ou modernes; mais pour choisir et s'arrêter de préférence aux monuments de l'art qui répondent le mieux à l'étendue de leur activité intellectuelle.
J'ose en dire autant de la magnifique galerie des terres cuites, dans laquelle on ne peut se lasser d'admirer la grâce et la variété du génie antique. Cette variété ressort, à mon sens, d'une manière admirable, de la fréquence des mêmes motifs, répétés avec des nuances presque insensibles, mais dont l'étude donne l'idée la plus intéressante de la prédilection des anciens pour certains sujets, et en même temps de leur éloignement pour des reproductions machinales de types dans lesquels l'artiste n'eût pas introduit des différences caractéristiques, bien que légères en apparence.
M. Eugène Delacroix tombe dans la singulière erreur que nous avons déjà signalée lorsqu'il considère comme devant réduire la collection Campana le fait de l'adjoindre aux richesses de même nature déjà placées au Louvre.
Et puis, en regrettant la distribution aux musées de province des objets qui ne sont point du mérite le plus élevé et celle des doubles et répliques, en si grand nombre à l'exposition des Champs-Elysées,je crains qu'il ne se soit mépris sur les intentions de ceux qui demandent pour les départements une part de ces trésors.
Que l'on ait eu ou non un certain intérêt à fausser le caractère du musée Napoléon III, il n'en est pas moins évident que les collections qui le composent sont purement artistiques au triple point de vue de l'archéologie, de l'histoire et de l'esthétique.