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René Brest (Traducteur)
EAN : 9782847344257
520 pages
Tallandier (05/04/2007)
3.89/5   19 notes
Résumé :

Sous la respectable surface de la société victorienne grouillait un monde obscur et turbulent : la jungle urbaine des bas-fonds, univers sans égouts, sans police, sans frein, sans école. S'appuyant sur une impressionnante documentation, Kellow Chesney fait revivre le Londres du XIXe siècle, ou plutôt l'envers du décor, des ruelles ténébreuses de Whitechapel, où sévit Jack l'Eventreur, aux misérab... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Venez avec moi je vous emmène explorer les bas fonds de Londres du temps de la reine Victoria. Vous y retrouverez ce Londres des livres de Jack LONDON à qui je n'ai pas arrêté de penser au fil des pages. Ce livre est d'une richesse folle. Entre le documentaire et le roman c'est une source incroyables d'information sur le Londres de Jack l'éventreur. Quand la grande Histoire s'encanaille elle devient passionnante, oubliez les dates apprises par coeur et tous les dirigeants ennuyeux à mourir qui nous parlent de politique de vielles batailles et des grands de ce monde. Venez fréquenter la lie de la société dans les bas quartier ou la misère crasse côtoie la filouterie la plus astucieuse. Je vous emmène faire une plongée dans le Londres de Dickens où les mots lupanar, arsouille, entourlouper, valetaille, sergot, réticule, assommoir, emberlificoter, détroussage, hue cocotte et j'en passe prennent tout leur sens !

Londres sous la Reine Victoria, principalement les années 1850 et suivantes. Pour vous donner une idée du peu de cas fait des pauvres je vais vous parler de la poor law. L'objectif est simple : pousser les gens à accepter n'importe quel travail plutôt que de devoir accepter la charité des hospices. le prolétariat industriel est en expansion et l'Angleterre bien décidée à exploiter cette main d'oeuvre à moindre coût. Donc au lieu de rendre le travail attractif on rend les autres options dignes de l'Enfer de Dante. Vous ne me croyez pas ? Allez donc voir ce que sont les moulins de disciplines ou le supplice de l'Ecureuil. Bref se retrouver à l'hospice c'est être quasi sur de crever de faim et de maladie. La seule option qui soit pire c'est la prison.

Loin de pousser la population à travailler servilement pour des clopinettes ce système fait les beaux jours de la pègre.
Parmi les travailleurs on trouve les Navvies : les constructeurs de chemins de fer qui suivent le rail pour travailler et qui constituent une véritable armée d'occupation craint par la population. Les Costers sont des vendeurs de rue qui ont leur propre argot et qui sont de véritables arnaqueurs. Les ramoneurs qui exploitent les enfants, en font de petits voleurs très doués et agile et à l'occasion renseignent les petites frappes sur les maisons à cambrioler.
Beaucoup de travailleurs sont nomades et vont là où le travail les mène. On trouve des irlandais, jetés sur les routes suite à la Grande Famine, des allemands, des saltimbanques en tous genre, des joueurs de barbarie souvent italiens, des artistes de cirque, de théâtre, des forains … tout ce petit monde qui vivote d'escroqueries à ses heures perdues : écoulement de fausses monnaies, arnaques en tous genre, paris…
Voilà pour les honnêtes travailleurs.

Passons maintenant aux professionnels du crime avec les célèbres pickpocket. Vivre du vol à la tire nécessite de l'agilité et un entraînement intensif qui n'est pas dû à tout le monde. Les voleurs sont des sportifs de haut niveau qui s'entraînent dur. Mais finalement voleur ça ne veut pas dire grand-chose… quelques précisions ? Allons y !
Vol à la détourne : voler en cassant une vitre de manière discrète
Palmer : voleur de vêtements de luxe ou de bijoux
Rampsman : voleur qui utilise la ruse et évite la violence pour détrousser ses victimes. Bon ok il arrive qu'il utilise un neddy en dernier recours. C'est une arme contondante destinée à assommer les victimes récalcitrantes (boule de fer dans un drap, barre métallique sur laquelle on a soudé une boule de fer, boule au bout d'un fil dont on se sert comme d'un yoyo…)
Les garotters maîtrisent leurs victimes par strangulation.
Les tooler sont des pickpocket pour dames et les maltooler sévissent dans les omnibus. Les snakeman se glissent dans les maisons et les Kidsman entrainent les enfants à devenir des pickpockets (cf Oliver Twist).
Quant aux cracksmen ce sont des cambrioleurs. Rien à voir avec les pickpocket ! Ils ont tout de même un point commun. Ils ont tous deux besoin d'une receleur. Ce dernier à la double casquette, à la fois honnête commerçant et canaille qui revend des objets volés.

N'oublions pas non plus les filous, truqueurs et arnaqueurs de tous poils. Ecouleurs de fausse monnaie, faussaires, et arnaqueurs professionnels qui montent des arnaques incroyables roulent leur victimes dans la farine lesquelles ont ensuite tellement honte qu'elles n'osent pas porter plainte. Sans compter les truqueurs aux trois gobelets, les dés pipés,...
Certaines arnaques sont dignes d'une intrigue policière de cette chère Agatha ! Chantage, exploitation de la crédulité, du désespoir, … tout y passe ! Et c'est parfois burlesque.

Ce qui m'a fait le plus sourire ce sont les arnaques des mendiants appelés « quémandeurs ». Vous avez tous déjà reçu un mail ou un sms disant que votre pote était dans un pays improbable sans papier et sans argent dépouillé de tout et vite il fallait lui envoyer de l'argent pour le sortir de là ! Et bien vous remplacez le mail par un courrier manuscrit et vous avez la même arnaque du temps de la reine Victoria. Nos filous actuels n'ont rien inventé.

Évidemment nous avons le classique mendiant professionnel et ses fausses blessures, les faux aveugles, les faux épileptiques… et le pire de tout ceux qui exploitent les enfants. Pauvres gamins vendus, prostitués, revendus, obligés à faire la manche pour des adultes qui s'engraissent sur leur dos.

Autre aspect des bas fonds : la pègre sportive ! Et alors là j'en ai découvert des choses. Évidemment on pense tout de suite à la boxe. Comme entrée en matière l'auteur nous parle du combat qui opposa BENDIGO et CAUNT. Tenez vous bien : la boxe se fait à mains nues et l'objectif est de tenir le plus longtemps possible jusqu'à épuisement. Les boxeurs finissent en sang, sourds, aveugles, sur les rotules. Alors seulement leur « entraîneur » jette le chapeau de castor (ancêtre de jeter l'éponge) ! le combat dont il est question a duré...93 rounds!!!!! Mazette ! Des durs à cuire ces boxeurs !
Beaucoup moins reluisant, les combats d'animaux. Là j'avoue je n'ai pas pu tout lire : un taureau contre un ours, des coqs, des chiens, des chiens contre des blaireaux, des rats contre des chiens!L'horreur.
Et puis il y avait aussi le football, les maisons de jeux, les paris, et les matchs de pendaison… oui vous avez bien compris les exécutions des condamnés à mort autour desquelles tout un commerce avait lieu. Un peu glauque tout de même.

Quel historien digne de ce nom parlerai des bas fonds de Londres sans évoquer la prostitution ? C'est à peu près aussi varié que le métier de voleur ! Il y a de tout des femmes de luxe belles, sachant tenir une conversation, très éduquées aux femmes des bas quartiers le visage grêlée, vêtues de haillons. le pire de tout fut de lire que des gamines étaient vendues comme du bétail et mises sur le marché très jeunes. Certaines se sont retrouvées enceintes à 9 ans ! D'autant qu'on attribuait aux vierges la faculté de guérir les maladies vénériennes. Vous imaginez sans peines les conséquences dramatiques d'une telle croyance.
De nombreuses femmes mariées ou non se prostituaient car à l'époque les ouvrières étaient très mal payées et leur salaire ne pouvait leur permettre de vivre. Beaucoup devaient se résoudre à se prostituer pour manger et pour nourrir leurs enfants. Quand ces femmes tombaient enceinte si elles étaient veuves ou célibataire, c'était pire que tout car afin de décourager la bâtardise il avait été décidé que c'était à la mère seule qu'incombait la charge d'élever un enfant illégitime (ben voyons!).
La demande de prostituées était très forte car les relations entre époux étaient très guindées et empreintes de pudibonderie. Les hommes avaient recours aux prostituées pour arrêter de jouer la comédie imposée par les moeurs et laisser tomber le masque. Certaines femmes en venaient ainsi à se faire entretenir par un homme marié et riche.
Il existe par ailleurs de nombreux hommes qui se prostituent.

Gravite autour de la prostitution tous ces métiers que l'on imagine allant de la tenancière de bordel, à la traite des blanches en passant par le trafic de bébés confiée à d'horribles nourrices qui en échange d'argent sont censés s'occuper des enfants de prostituées, censées…

Et à votre avis où peut bien vivre tout ce petit monde ? Gagné ! Dans des gourbis, des cloaques, des lieux insalubres. Je vous donne un exemple dans une pièce de 1m35 de largeur, de 4m85 de longueur et de 1m65 de haut vivent 3 adultes et 1 enfant, dans une pièce de 2m70 sur 2m70 vit un couple et 6 enfants. Et ce ne sont pas les moins bien lotis. Souvent les gens s'entassent sans aucune intimité. Les enfants et les adolescents sont mélangés et font très tôt leurs premières expériences sexuelles. On dort sur des paillasses avec des couvertures infestées de vermines. Et ça c'est pour ceux qui ont de la chance. Par exemple certains dorment « à la corde ». Des cordes sont tirées à hauteur de buste d'un bout à l'autre de la pièce. Les hommes s'installent dessus pour dormir et au matin on décroche les cordes faisant ainsi tomber les dormeurs.

Un voyage dans le temps instructif et surprenant que je ne regrette pas d'avoir fait. J'ai déjà quelques lectures en vue pour prolonger l'aventure !
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Oeuvre à lire par chapitres afin d'éviter une possible saturation liée à son thème très particulier, un peu austère. Mais encore une fois merci à la collection "Texto" de publier des oeuvres historiques originales et ciblées, et de permettre ainsi au grand public d'y accéder facilement.

Le livre intègrant quelquefois des termes ayant cours aux 18-19 èmes siècles, mais qui ne sont plus en odeur de sainteté en cette époque du politiquement correct, il est à decouvrir avec un "esprit victorien" (par exemple "femelle" pour femme...).

Divisé en longs chapitres, chacun consacrés à une profession criminelle, le livre réussit à ne pas se répéter, chaque corporation évoquée restant plutôt hermétique aux autres, avec ses codes et habitudes, presque du compagnonnage.
Il fourmille de situations individuelles, de rapports d'époque et d'anecdotes qui égayent le récit. Par exemple j'ai découvert l'influence de la mode vestimentaire sur le travail des pickpockets, ou comment saboter une une aussi discrète profession bien répandue en ces temps...

L'essai permet surtout la description d'une Londres bien peu glamour, conglomérat anarchique de quelques quartiers bourgeois et de bidonvilles coupe-gorges ou s'entassent les misères et laissés pour comptes d'un quart-monde exploité et surexploité, viviers à comportement délictueux ou criminels, dans un environnement d'une saleté inimaginable maintenant, dans une atmosphère de violence endémique et d'insécurité reccurente.
Les autres capitales européennes de l'époque victorienne ne devaient guère être plus reluisante ceci dit.
Il met aussi en exergue la structuration sociale, citadine et policiere tout du long de cette période, qui aboutira à un Londres et une société plus modernes.

Un livre de niche, culturellement intéressant, sans être indispensable.
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Avec Les Bas-Fonds de Londres, Kellow Chesney, au début des années 1970, se fait à la fois historien de la société et des mentalités. L'époque victorienne est pour beaucoup source de rêveries littéraires et de fantasmes. Elle se distingue par une longévité sur le trône de la reine Victoria elle-même, par une révolution industrielle qui aboutit à l'essor du capitalisme et à des bouleversements dans les diverses couches sociales, par un paradoxe incroyable entre une rigidité morale et la présence nombreuse de débauches et crimes, par une floraison de grandes oeuvres artistiques et littéraires de premier plan, etc. Et, bien sûr, l'ombre fuligineuse de Jack l'Éventreur et de ses atrocités plane sur la dernière partie du règne victorien.

Kellow Chesney aborde naturellement ses meurtres inconnus de toute typologie criminelle d'alors. Mais le lecteur qui s'aventure dans cet essai afin d'y lire une description de l'affaire Jack de long en large en sera pour ses frais. L'historien y fait référence dans son introduction, plus pour notifier le caractère exceptionnel et incompréhensible de ces assassinats, non représentatifs de la criminalité de l'époque.

Prostitution, pègre sportive, pickpockets et voleurs de poules, cambrioleurs et frappeurs de fausse monnaie, ..., le panel criminel du XIXème siècle victorien persiste toujours de nos jours, sous des formes et avec des causalités différentes. Kellow Chesney en dresse les portraits qu' fil de chapitres thématiques. Il se base sur diverses chroniques et enquêtes contemporaines de Victoria pour assoir ses propos. Chaque type de délinquance ou crime est éclairé par diverses anecdotes issues desdites chroniques ou de sources policières et judiciaires principalement. Ces cas avérés donnent beaucoup de vivacité à une étude déjà passionnante à lire. Certains montrent des situations des plus cocasses quand d'autres font voir toute la misère crasse - et crasseuse - des gourbis puants et insalubres où croupissent petites frappes, prostituées dévorées par le chancre et l'alcool, et mendiants au bout du rouleau. Quelques extraits de Dickens, qui suivit lors d'une nuit, la tournée d'un inspecteur de la police dans les bouges et les garnis de dernière catégorie.

S'étirant au long du siècle, le règne de Victoria est loin d'être figé dans un tout immobiliste. On suit avec l'historien les évolutions de la société et comment les progrès de l'industrialisation et du chemin de fer, de l'alphabétisation et une organisation plus efficace de la police impactent fortement les classes dangereuses. Tout est question d'adaptation; disparaissent certains types de délinquants avec les changements, même mineurs, du corps social britannique.

Cinq cents et quelques pages de captivante lecture, voilà ce qu'est ce pavé sur la prostitution et les crimes à l'époque victorienne. Il intéressera tout curieux de la période et offre une base instructive et très utile pour encore mieux appréhender la société d'alors et les contextes des nombreux romans écrits lors de ces décennies.
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Le siècle victorien, voici une époque qui fait rêver ! C'est le temps des belles robes à crinoline, des vertigineux chapeaux haut-de-forme, des élégantes calèches patientant devant les théâtres illuminés, des salons débordants de beaux esprits, de Jane Austen, des soeurs Brontë et de l'incontournable Charles Dickens. Jamais la belle société anglaise n'a été plus brillante et plus raffinée ! Pourtant, comme chacun le sait, plus les lumières sont vives et plus les ombres qu'elles projettent sont opaques et menaçantes. Et dans ces ombres, grouille une véritable faune humaine, aux dents et aux griffes bien plus aiguées que leurs équivalents animaux : pickpockets et cambrioleurs, escrocs et frappeur de fausse monnaie, prostituées et gitons, mendiants et rétameurs, garroteurs et coupe-jarrets … L'honnête bourgeoisie tente bien de les oublier, comme on essaierait d'occulter sa mauvaise conscience, mais « les classes dangereuses » se rappellent chaque jour à elle, que ce soit par l'intermédiaire de la main trop prompte d'un petit voleur à la tire, par celle d'un escroc de génie s'enfuyant avec vingt milles livres en poche, ou par celle sanglante d'un Jack l'Eventreur. La pègre est partout, elle gronde, elle râle, elle rugit et, surtout, elle est immortelle, renaissant de ses cendres à chaque fois que l'ordre et la société tentent de la piétiner.

Ecrit au début des années 70, « Les bas-fonds de Londres » de Kellow Chesney fait toujours référence en ce qui concerne la face sombre de l'Angleterre victorienne. Contrairement à ce que pourrait faire croire la couverture un brin racoleuse choisie par l'éditeur Tallandier, son ouvrage est extrêmement sérieux et d'une qualité remarquable. Ecrit avec clarté et précision, fourmillant de références littéraires et historiques, il nous offre une vision particulièrement frappante et vivante des différents milieux de la pègre. L'ensemble est si détaillé qu'il pourrait rebuter les lecteurs ne souhaitant qu'effleurer cette aspect de la société anglaise, mais constitue une vraie mine d'or pour les amateurs. En ce qui me concerne, j'ai maintenant la joie de pouvoir détailler toutes les étapes de la fabrication de faux billets et de connaître par coeur les ficelles d'un combat de boxe truqué, connaissances ô combien précieuses au cas où je souhaiterais un jour me reconvertir dans le crime organisé ! (Faudra aussi que je me trouve une machine à remonter le temps pour les mettre en application, mais c'est une autre histoire.)

Je recommande donc très fort cet ouvrage à tous les futurs cambrioleurs et voyageurs spatio-temporels. Et si vous souhaitez seulement vous documenter sur l'époque et vous offrir une petite virée sur les traces de l'Eventreur et ses aimables comparses, bah… lisez-le aussi ! Un peu de culture générale crapuleuse, ça n'a jamais fait de mal à personne.
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Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, êtes-vous prêts ?
Etes-vous prêts pour un voyage dans le temps ? Un voyage dans l'Angleterre de 19 ème siècle. Un voyage dans l'univers de la pègre, du crime, du jeu et de la prostitution ?
Ce livre magnifiquement documenté nous emmène de l'autre côté de la vie respectable que l'on pourrait imaginer des années 1850.
Certains voudraient nous faire croire que nous vivons dans un monde sale et violent. On nous bassine à longueur d'année avec la même rengaine comme quoi la société est de plus en plus violente et que nos belles villes sont des dépotoirs à ciel ouvert.
Lire ce livre permet en autre de se rendre compte que ce n'est nullement le cas. le monde était beaucoup plus violent (et je pèse mes mots) avant. L'envirronement était infiniment plus sale il y a 170 ans.
Le livre est bien agencé et les chapitres sont des plus intéressants les uns des autres.
Quasi toutes les formes de vices sont étudiées. Pickpocket, détrousseur, receleur, mendiant, etc.
A cette époque, la pauvreté crasse était répandue. La majorité des enfants, sans la moindre instruction, était laissé à leur triste sort. La mortalité infantile explosait (la vie d'un enfant ne représentait pas grand-chose), les gosses de 13 ans avaient déjà un pied dans le stupre.
La prostitution était très importante et très redoutée. Pas tellement pour le risque de se faire détrousser au passage mais surtout par la prolifération des maladies vénériennes que la copulation tarifé engendrait.
Seul petit regret du livre à mes yeux, le fait de passer totalement sous silence (pas une ligne) la série de meurtre de WhiteChapel de 1888 .Je suis passionné par le sujet et je m'attendais à lire sur l'ami Jack. Mais bon, cela n'enlève rien au charme du livre.
A la fin, on ne peut que s'interroger : le monde est-il vraiment plus humain ? Plus « avancé » aujourd'hui? Moins violent et plus propre on l'a déjà dit. Mais au fond, nous sommes les mêmes personnes qui luttons pour survivre dans un monde qui nous dépasse.
Au fond, 170 ans, c'était hier…

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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
"Il a fait le siège de ma porte, à toute heure du jour et de la nuit ; il s'est colleté avec mes domestiques ; il a épié mes entrées et mes sorties ; il m'a suivi à la campagne ; il a surgi dans des hôtels en province où je ne passais que quelques heures ; il m'a écrit d'endroits fort lointains. Il est tombé malade ; il est mort et a été enterré ; il est ressuscité ; il a une fois de plus quitté la scène transitoire ; il a réclamé une houppelande pour se rendre aux Indes ; une livre sterling pour repartir d'un bon pied dans la vie ; une paire de chaussure pour le mener en Chine ; un chapeau pour lui obtenir une situation permanente dans la fonction publique. Il lui a souvent manqué sept shillings six pence pour de devenir indépendant. Il a eu de telles propositions à Liverpool - des postes de confiance dans des entreprises commerciales que rien ne pouvait l'empêcher d'obtenir sauf sept shillings six pence - que je me demande s'il n'est pas en cet instant maire de cette florissante cité.

Les phénomènes naturels dont il a été victime sont d'une nature époustouflante. Il a eu deux enfants qui n'ont jamais grandi ; qui n'ont jamais eu de quoi se couvrir la nuit ; qui l'ont mené au seuil de la folie à force de lui demander à manger ; qui n'ont jamais cessé d'avoir des fièvres et des rougeoles ; qui n'ont jamais changé en quoi que ce soit durant quatorze longues années. Quant à son épouse, personne ne peut concevoir ce que cette femme a enduré. Elle a toujours été enceinte au cours de la même longue période sans jamais faire ses couches. Son dévouement envers elle a été incessant. Il ne s'est jamais soucié de lui-même ; il aurait pu périr - il le souhaitait, d'ailleurs, bref ! - mais n'était-ce pas son devoir de chrétien en tant qu'homme, mari et père, de lancer un appel au secours quand il la regardait ?"

(Extrait de l'article "Je devrais en savoir long sur le solliciteur-épistolier" de Charles Dickens)
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Quiconque épouserait la thèse d'Engels - que les criminels de l'ère victorienne étaient des marginaux entraînés par le désespoir à une "guerre ouverte" contre une société impitoyable - devrait se souvenir que ce sont les pauvres eux-mêmes qui ont le plus pâti de leurs activités. En effet, nulle part la guerre ne fut aussi ouvertement menée que dans les quartiers nécessiteux des grandes agglomérations, et contre ceux dont la protection importait peu à la société.
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Sauf quelques faussaires professionnels et leurs complices, l'escroquerie financière était le délit distinctif des hommes d'affaire ou exerçant une carrière libérale. Quelqu'un de taille à entamer la marché monétaire pouvait difficilement être rangé dans les "classes dangereuses" ; c'est donc presque un axiome d'affirmer que les crimes les plus grands et les plus profitables n'étaient pas, de très loin, à la portée de ce qu'on nomme ici la "pègre".
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Même si la prostitution était souvent préférée aux souffrances d'une pauvreté honorable, elle n'en comportait pas moins un aspect hideux […] Sur le trottoir, que de pitoyables épaves de toutes sortes, flétries par l'âge ou la maladie, alcooliques, à moitié gâteuses, s'efforçant d'éveiller un inconcevable désir pour leur physique hirsute, ou offrant, pour quelques sous, de s'adonner aux perversions les plus ignobles !
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Toutes sortes d'expédients s'offraient à la femme qui débarrassait d'un enfant en bas âge des parents indignes. Si cet enfant procurait une pension régulièrement versée il survivait tant qu'il représentait un profit, mais il mourait (assuré) dès qu'il menaçait de devenir un fardeau. Quelquefois, les parents continuaient à payer pour des enfants morts ou qui avaient été cédés ailleurs. Quand la garderie avait une certaine importance, il devait être facile de substituer un enfant à un autre si les parents venaient aux nouvelles. En outre, un enfant atteignant cinq ou six ans acquérait une valeur commerciale. De petites entrepreneurs avaient besoin de plus d'enfants qu'ils ne pourraient s'en procurer notamment les fumistes qui employèrent continuellement de petits ramoneurs longtemps après l'illégalité de la chose.
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