C'est un livre puissant comme toujours, tant la langue de Chessex est juste et profonde pour rendre justice à la densité du lien qui l'attache à sa mère. Ce fils oublieux de sa mère raconte la nature de cette femme pétrie de sa terre d'origine, ses ascendants, son calvinisme, son mari traitreux, il raconte sa droiture, son courage, sa noblesse... A travers ce qui le lie à elle (tout), il raconte ses propres attachements, manques, abandons, trahisons... Pardon mère donne une texture extraordinaire à l'indicible : tout ce qui ne se dit pas, mais tisse toutes fibres de sa vie et de sa relation au monde.
J Chessex demande pardon à sa mère, pour son ingratitude, son manque d'attention etc. A part qq pages sur la jeunesse de cette mère, quelques éléments sur la Suisse, les mentalités qui m'ont plu, livre très redondant.
Moi aussi j'ai commis l'irréparable. Je n'ai pas étreint à temps ce pauvre corps, Je n'ai pas réconforté cette âme souffrante lorsque j'en avais le pouvoir, j'ai préféré mon confort, qui était distraction du seul amour.
Toi, mon Dieu, si tu as pitié de ta créature, aime ma mère là où elle est. Dieu aime-la. Protège -la. Donne-lui ce que je ne lui ai pas donné. Et s' il te reste quelque pitié, Dieu, pour l'ingrat misérable qui écrit ces mots pleins de larmes et de fissures, pardonne-moi ma très grande pingrerie d'amour en donnant à ma mère, de ma part, où qu'elle soit, et qu'elle le sache, ce que je ne lui ai pas donné tout le temps que tu nous avais accordé l'un avec l'autre, et dont j'ai si mal usé.
Mère tu m'habites. Où es-tu dans ta mort, ce matin ? Ô mère où écoutes-tu ces mots que j'écris en toi comme si nous ne faisions qu'un dans cette aube, pourtant je sais que tu es morte et que cet étrange mot, l'au-delà, s'est alourdi et éclairé depuis que tu y vis ta nouvelle vie si loin et si prés de moi ?
- Pourquoi vous êtes -vous fait moine ? avais-je demandé à un père de Fribourg.
- Pour n'avoir rien à laisser de trop encombrant à ma mort.
Longtemps j'ai été travaillé par sa réponse. Elle m'a fait croître et me développer. Savoir qu'au dernier moment rien de pesant , rien de salissant que ma pauvre dépouille ne sera à charge. C'est déjà trop de ce corps !
Le dépassement. Un mot comme une petite cloche gaie dans l'attelage.
Un ...........pour l'exemple