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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Un juif pour l'exemple », même approche, même style que « le vampire de Ropraz » et même plaisir de lecture.
Jacques Chessex a attendu d'avoir 75 ans pour enfin nous livrer ce témoignage bouleversant. Sans doute lui a-t-il fallu tout ce temps pour laisser décanter ses souvenirs et nous livrer ce récit dense, concis et puissant.
L'histoire débute en 1942 et l'on découvre que les haines raciales contre les juifs ont infecté jusqu'à ce gros bourg rural de la Suisse vaudoise. La victime choisie, un marchand de bestiaux, père de famille et citoyen ordinaire, n'aura eu que le tort de ne pas sentir le vent tourner. le récit qu'en fait l'auteur est précis et minutieux. Jamais de haine, mais des questions. Si le style parait froid et distant j'ai senti parfois, au détour d'une phrase, l'émotion retenue affleurer brusquement. le tragique, l'horreur en sortent renforcés.
Du grand art pour un livre troublant et qui vous suit longtemps après l'avoir refermé.
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Est-ce l'éditeur ou l'auteur qui a choisi de désigner Un Juif pour l'exemple sous l'épithète de roman? le livre de Jacques Chessex, auteur que je n'avais pas lu depuis l'université — dans le cadre d'un cours sur la littérature suisse, me semble bien davantage un récit qu'un roman, l'auteur relatant ici un crime qui s'est déroulé à Payerne, dans le canton de Vaud, son village natal, en 1942.

D'un ton froid, presque distant, le narrateur relate les faits entourant l'assassinat d'Arthur Bloch, Juif désigné par une poignée de Suisses nazis et antisémites de la région dans un récit entrecoupé par ses réflexions ou par des citations de Vladimir Jankélévitch.

L'enfant que Jacques Chessex était à l'époque (il est né en 1934) est resté marqué par ce crime qu'il a porté en lui pendant plus de soixante ans avant de se décider à en laisser la trace, à l'inscrire dans l'Histoire plutôt que laisser le temps en faire une anecdote banale qu'on finira par déformer ou simplement oublier. Pour cette raison, le livre devient nécessité. Urgence. Et si le ton peut sembler distant, c'est parce que ça fait encore mal cette violence alors qu'un homme n'est pas seulement tué mais dépecé comme les bêtes qu'il achetait puis vendait. On n'enterre jamais de tels souvenirs si on ne les écrit pas.

Par contre, il n'est pas certain que cette façon de livrer ce qui est arrivé à Payerne en 1942 atteigne vraiment son but. le livre fermé, le lecteur se dit qu'il a découvert une facette de la Suisse qu'il ne connaissait pas, ce pays ayant toujours été montré dans les livres et dans les films comme une terre d'asile pour les fuyards, qu'ils soient Juifs ou résistants. Mais au-delà de ça, on peut se demander s'il sera touché, bouleversé. Je ne sais pas. Vraiment pas.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Nous sommes en Suisse, en 1942. Des pro-nazis veulent tuer un Juif pour l'exemple. Ils s'en prennent à Arthur Bloch, personnage respecté qui est marchand en bétail. Ce dernier est victime d'un guet-apens, on l'attire dans une étable pour l'achat d'une vache.

C'est court mais c'est intense. Et puis Chessex nous donne une image de la Suisse pas forcemment commune car pour moi la Suisse durant la guerre c'était une zone de passage pour les Juifs (France vers Suisse) leur permettant de fuir les persécutions, les déportations. Bref là on ne cherche à sauver personne, on croit en la victoire de l'Allemagne.

C'est une histoire vraie qui a marqué l'auteur, il avait 8 ans lors des faits. Il explique qu'après de tels actes les mômes avaient peur. Cette histoire l'a marquée. Pour dire la vérité je m'étais imaginée un truc encore plus glauque, une sorte de lynchage, dépeçage public.

Le livre fait un parallèle entre la tradition bouchère du village de Payerne (en particulier le porc) et la façon dont a été traité le "Juif pour l'exemple".
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Court récit d'un fait divers qui a marqué l'auteur pour toute sa vie alors qu'il est survenu durant son enfance.
En 1942, en Suisse, politiquement neutre dans le combat qui oppose l'Allemagne nazie au reste du monde (ou presque), certains habitants ne cachent pas leur antisémitisme et font des Juifs les boucs émissaires de tout ce qui va mal et notamment l'économie.
Un petit groupe d'hommes qui se prennent pour les représentants de l'Ordre nouveau édicté par Hitler, décide de tuer un Juif pour l'exemple.
L'exemple de quoi, cela est bien confus, issu de la bêtise crasse de ces hommes peu instruits et mus par la haine de l'autre.
Le pire n'est pas là. Il réside dans l'accord tacite de la population qui va fermer les yeux, parfois avec approbation, jusqu'à ce que la police procède aux arrestations.
L'ignominie du forfait porte à l'écoeurement, la violence gratuite guidée par la haine de la différence est illustrée une fois de plus ici.
Ce récit est davantage un témoignage qu'un roman. Il relate des faits pour que nous n'oublions pas même s'il est très pénible pour l'auteur de retranscrire les pensées et les actes de ces hommes sans scrupules, sans humanité.
La fin du récit m'a un peu dérangée. Si une partie fait référence à Vladimir Jankélévich et son refus du pardon et illustre de façon philosophique la torture morale des rescapés de la Shoah, l'autre partie fait appel à la foi chrétienne de l'auteur. Dans ce contexte, les références à toute religion me déplaisent. Aussi terrifiant qu'il soit, je me sens plus proche du concept de Hanna Arendt sur la banalité du mal.
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Jacques Chessex narre un épisode advenu dans sa région natale alors qu'il était âgé de huit ans. En 1942, à Payerne, « ville des charcutiers » plutôt cossue dont l'emblème est un cochon, une bande de nazillons, tous fascinés par Hitler et adhérents au parti extrémiste suisse, s'agite. Ils veulent faire un coup d'éclat, pour impressionner le NSDAP qui créerait une cellule dans leur région, que dirigerait bien sûr leur leader Fernand Ischi. Dans ce but, ils décident d'exécuter – à leurs yeux, de « sacrifier » – un Juif : le choix se porte sur Arthur Bloch, marchand de bestiaux qu'ils « tueront comme un cochon », et effectivement les détails donnent la nausée.
Les meurtriers sont assez rapidement découverts et jugés en 1943 : ils ne montrent, évidemment, aucun regret et revendiquent fièrement leur monstrueux assassinat. Ils se vantent même d'avoir établi une liste de leurs prochaines victimes.
Dans plusieurs entretiens, Jacques Chessex raconte à ce propos que son père, président du Cercle démocratique (farouchement antinazi), était deuxième sur cette liste. Profondément marqué par cette histoire, il ressentait le besoin de s'en faire l'écho. Et c'est ce qu'il fait dans ce récit, en décrivant les événements et le mental des protagonistes, et en questionnant la notion même de « mal ».
Dans la restitution de toute cette horreur, la justesse du ton des propos extrémistes peut mettre le lecteur mal à l'aise. On est tenté de reprocher à l'auteur de leur donner une tribune, mais ce n'est évidemment pas le cas : dans les derniers paragraphes, Chessex explique clairement sa posture. Parallèlement à la narration, il s'interroge sur la question de l'horreur et convoque pour cela Jankélévitch (là, j'ai un peu décroché, il faut l'avouer), expliquant la difficulté à parler de ces monstruosités « authentiques ».

Bref, un texte court, extrêmement littéraire (style brillantissime mais difficile) et terriblement puissant.

Lien : http://monbaratin.blogspot.c..
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Payerne 1942 - les convictions nazies n'ont pas épargné la Suisse et certains de ses citoyens s'y repaissent sans complexe. Jusqu'au bout...c'est à dire en s'en prenant à mort à Arthur Bloch, riche commerçant...Juif ! Commerçant, riche qui plus est et Juif tout ce qu'il faut pour que 3 ignares, abreuvés de haine commettent le crime de leur vie. Sans compter, ce pasteur qui souffle sur les braises. Les 3 meurtriers sont condamnés puis les années 60, leur modernisation et libéralisation des sociétés européennes, plus que désireuses de ne plus penser aux drames qui se sont déroulés en Europe entre 1933 et 1945, bénéficient aux 3 meurtriers qui sont libérés.

J. Chessex en une centaine de pages raconte les bas instincts, la jalousie fondée sur des préjugés puissants et le passage à l'acte. Ce qui ajoute au roman, l'histoire se passe en Suisse, terre d'asile, pays neutre.
C'est perturbant à lire car c'est très direct et froid. Et ce sont peut-être les 2 petits défauts du roman.

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Très bon récit de Jacques Chessex, une histoire saisissante. le destin tragique d'Arthur Bloch, marchand de bestiaux à Payerne en 1942, dans une Suisse tiraillé entre deux idéologies. Ce cour roman ce lit très vite et nous montre jusqu'où l'homme peut aller dans l'horreur pour ses croyances.
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Cette histoire c'est réellement passée dans le village natal de Chessex en 1942 alors qu'il avait huit ans. Loin des camps de concentration, l'horreur peu aussi frappée à tout moment. Un marchand de bestiaux va être torturé, assassiné et décapité pour le simple fait d'être juif. Si tout le monde s'est tu, Chessex lui l'écrivain libre a voulu dire la vérité, dire la honte, dire l'innommable.L'originaire de Payerne exume un drame qu'un village voulait taire pour toujours. Mais grâce à Chessex le nom d'Arthur Bloch est à rajouter à la liste des martyres, victime de la folie humaine. Un livre grave, tragique, indispensable.
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Ce livre nous laisse abasourdis : l'être humain manipulé et manipulable est capable du pire tout en ne sachant pas exactement pourquoi. Consternant mais vrai !
L'écriture froide de Jacques Chessex nous accompagne dans ce livre factuel.
A découvrir.
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Très fort récit de Jacques Chessex, dans son style tout en économie, mais saisissant dans ses effets. Je le mettrais volontiers en rapport avec le très beau livre de Charles Lewinski "Melnitz" qui traite, dans une saga superbe, du thème de l'antisémitisme dans un petit village de Suisse allemande jusqu'à la seconde guerre mondiale. le destin tragique d'Arthur Bloch, marchand de bestiaux à Payerne en 1942, dans une Suisse travaillée par le nazisme peut se lire aussi comme un addendum à la "geste" magnifique du juif errant de Lewinski.
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