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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre assez court et tellement bien fait...c'est frustrant. On aimerait en savoir plus, mais tout y est pour le sujet concerné. La montée de la haine, le passage à l'acte, ignoble ...l'injustice. comment la peste brune a pu gagner du terrain en Suisse jusqu'à ce que l'irréparable soit commis.
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Livre nécessaire. Lecture couteau. Honte. Ce roman n'en est pas un. Tout est vrai. Est-ce possible? Chirurgie de l'horreur (en écrivant cette métaphore, je me dis qu'il n'est pas décent de faire du style sur ça). Cela s'est passé ici. Ne disons pas "cela", ne cachons plus. Dans cette jolie ville, ici, à trois kilomètres, qui s'apprête au gros rire des Brandons, au nom d'idées absurdes, on a (ne disons pas "on", des hommes avec des noms d'ici, des garagistes, des paysans, des apprentis, des pasteurs) tué un homme d'un coup de barre de fer puis de pistolet, on l'a dépecé comme un cochon, on a transporté les morceaux de son corps dans une boille jusqu'à Chevroux (la plage, le camping, les Suisses allemands en maillots de bain), on l'a jeté au lac, on a brûlé ses habits dans les grottes de Payerne, où nous allions en balade quand on était petit et qu'on nous racontait vaguement cette histoire à faire peur aux enfants. Ici. Ischi. Hitler. Un pas supplémentaire dans la conscience impossible de l'horreur de la Shoah. Impossible de croire que cela ait pu avoir lieu, ces millions de gens qui avaient des noms (Anne Frank, puis les murs du cimetière juif de Prague). Impossible au carré de croire que cela a eu lieu ici, tout près de cette chambre où, tranquillement, heureux d'avoir terminé mon DAESII, je tapotte. Chessex touche juste. Il décrit. Cela suffit. On avait cru oublier. Devoir de mémoire. Il reste infiniment à essayer de comprendre. Devoir d'histoire.
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Un court roman sur la haine : dans un village suisse à l'apparence paisible, un homme va subir toute la haine qui flotte dans l'air. Nous sommes en 1942 et de nombreux émules d'Hitler se regroupent et pestent contre la situation : des juifs semblent être prospères alors qu'eux vivent dans la misère. Il faut que cela cesse et c'est Arthur Bloch, marchand de bestiaux, qui sera l'exemple.
Jacques Chessex a été le témoin de cette atrocité mais il lui a fallu beaucoup de temps pour raconter. Un devoir de mémoire jamais inutile.
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La Suisse pays neutre pendant la deuxième guerre mondiale, certes mais un pays également confronté à l'antisémitisme, aux idées nazies.
Un pays ou un crime horrible a été perpétré en 1942 au nom de ces idées.
Je l'ai découvert avec ce livre document qui se lit en un peu plus d'une heure.
Horrible : l'auteur avait 8 ans quand cet homme a été tué et découpé parce qu'il était juif...il en est encore bouleversé
Lien : https://mesbelleslectures.wo..
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Et les bois de hêtres, bocages aérés, bosquets de pins, haies profondes, taillis clairs qui couronnent les collines de Grandcour. Mais le mal rôde. Un lourd poison s'insinue. O Allemagne, Reich de l'infâme Hitler. O Niebelungen, Wotan, Walkyries, Siegfried étincelant et buté, je me demande quelle fureur instille ces fantômes vindicatifs de la Forêt-Noire dans la douce sylve de Payerne.
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La qualité d'un livre n'est pas du à son épaisseur, mais bien a son intensité. Et ce livre m'a laissé sans voix. L'idée même que cette histoire soit tirée de faits réels la rend encore plus dramatique et violente. Jacques Chessex, nous fait demander une nouvelle fois, pourquoi cette haine ? Comment l'histoire a-t-elle pu connaitre des années aussi sombres ?
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Deux ans après « le vampire de Ropraz » Jacques CHESSEX s'attache à rédiger « Un juif pour l'exemple », en 2009 donc (l'année de sa disparition, c'est d'ailleurs si je ne m'abuse le dernier roman publié de son vivant, deux suivront à titre posthume), avec une fois de plus la Suisse vaudoise rurale comme décor.

Payerne, par ailleurs lieu de naissance de l'auteur en 1934, est une petite ville bourgeoise de 5000 âmes, la haine du juif et du franc-maçon est alors vivace en ce mois d'avril 1942, avec notamment comme figure de proue son Pasteur hitlérien, Lugrin. Dans cette région reculée, le repli sociétal est quasi total. Une vingtaine d'habitants ont prêté serment au régime nazi, dont Fernand Ishi, garagiste. Son but : assassiner un juif. Pour l'exemple. Pour ceci il doit recruter des têtes brûlées, notamment au sein même de son garage. Après concertation, la victime est désignée, ce sera Arthur Bloch, un marchand de bestiaux de 60 ans. Justement, le lieu du crime sera la foire aux bestiaux de Payerne, toute la région paysanne étant présente pour ce grand rassemblement. le groupe des futurs meurtriers de Bloch est déjà constitué, ils sont sept et chacun a son rôle à jouer. La vente d'une vache va servir d'appât afin d'attirer Bloch hors de la foule et le tuer à coups de barre de fer. le corps n'est pas tout de suite retrouvé.

« Mais curieusement, au lieu que l'horreur de la disparition, ou l'angoisse qu'elle diffuse, éveillent la compassion ou la tristesse, un ricanement secoue encore les cafés, ironie sale, propos appuyés sur la « juiverie », le « profit », les commerces « parasites ». Des numéros de Gringoire et de Je suis partout continuent à circuler parmi les notables. Jamais, depuis l'avènement de Hitler et les persécutions de la nuit de cristal, on n'a pas perçu un tel sentiment de haine à l'endroit des israélites ».

« Un juif pour l'exemple » est un petit roman coup de poing, un fait divers issu de la campagne d'un pays pourtant neutre en pleine guerre mondiale, au moment même où la haine du juif est démultipliée. Alors quoi ? Mimétisme au coeur de ce pays tranquille ? Fanatisme aveugle ? En tout cas volonté évidente de plaire au Führer. La violence psychologique et physique est omniprésente tout au long de ces pages particulièrement sombres, même si CHESSEX ne tombe pas dans la facilité de conter à grands renforts d'effet lacrymal, il sait rester éloigné, non sans émotions, non spécialement avec pudeur puisque de nombreux détails sont retranscrits dans ce texte offensif, mais ne veut pas faire pleurer dans les chaumières, il choisit le style journalistique, détaché, comme pour le rendre plus crédible encore. Il n'empêche qu'il est fort difficile de ne pas avoir froid dans le dos.

Comme pour « le vampire de Ropraz », la fin de ce roman est soignée, après que CHESSEX soit entré en piste en se remémorant son bref entretien avec Lugrin, le pasteur nazi, longtemps après qu'il ait été impliqué dans la mort de Bloch. « Un juif pour l'exemple » est un format parfait : affaire monstrueuse et détaillée, mais sans déborder sur le privé ni en de longues diversions, elle est au contraire resserrée au maximum. CHESSEX reste factuel, froid, distant, et dans sa plume ciselée, il sait nous faire vibrer à la manière forte, car choisissant un sujet ô combien sensible (comme il le fit pour « le vampire de Ropraz »). Au risque de me répéter, je crois que ces deux romans doivent être lus l'un après l'autre, ils forment une sorte de diptyque parfaitement agencé, ils sont devenus des références en affaires criminelles romancées, même s'ils ne s'attachent à aucun personnage en particulier. Ils font parler toutes les âmes d'un village, c'est lui seul qui est au coeur de l'action, ses habitants semblent n'être que des pantins s'auto-influençant brutalement. Deux lectures indispensables en période hivernale.

https://deslivresrances.blogspot.fr/

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L'anecdote qui me vient d'abord à l'esprit, c'est celle où la victime est invitée à voir cette très belle vache. Il est prévu de tuer la victime mais il est bien écrit qu'ils préfèreraient ne pas le faire. Seulement elle vient une fois, deux fois, et un des bourreaux explique : "il reviendra"... Seule la victime ne voit que la vache et sa passion du métier sans comprendre qu'il y a plein de petits "détails" inhabituels qui devraient l'avertir de ne pas y retourner (ne serait-ce que l'endroit inhabituel où est la vache, le fait qu'il n'y en a que deux ou trois dans un lieu où il devrait y en avoir beaucoup, etc...). C'est comme si la (future) victime ne voyait que l'objet de sa "passion" sans être présente pour autant au monde alentour. Ces petits changements qui normalement renseignent les intuitifs (même si dans un tribunal on ne pourrait en faire des preuves, et pourtant tout changement d' "ambiance", même intime, renseigne). En conclusion de quoi, cette victime aurait pu éviter son sort, si et seulement si elle avait vu les petites différences et avait adapté son comportement aux changements. Celui qui dit "il reviendra" a bien dû constater qu'il n'en était rien. du coup, il y a des questions qui se posent. Pourquoi rien n'a arrêté le marchand (la victime)? Finalement il a été "sacrifié" alors que cela aurait dû être le sort de la vache? Cela me fait penser à l'histoire de Moïse petit enfant lorsqu'il prend la coiffe d'or du Pharaon et la met sur la tête : s'il n'avait pas ressenti d'une façon ou d'une autre qu'il ne fallait pas insister dans le choix de l'or, s'il n'avait pas choisi le charbon incandescent, il aurait aussi été sacrifié. Ce marchand aurait pu choisir de ne pas y retourner, mais il n'a pas vu qu'il ne le fallait pas...
On a parfois une chance, comme une sorte de test.
Comme s'il y avait une limite infranchissable à nos erreurs. Pour quelqu'un qui la ressentirait, cette limite, cela devient un "choix" de la dépasser? ou c'est le contexte qui dicterait un éventuel "choix"? puisqu'il ne semble pas que l'on soit réellement libre...
Paulo Coelho dit : "on a droit à beaucoup d'erreurs, sauf à celle qui nous perdra"... Cela me donne ce qu'on appelle dans un certain jargon "la crainte de l'Eternel"...
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Relu hier soir ce magnifique pamphlet contre la barbarie, l'antisémitisme et le nazisme. Les faits sont relatés avec une précision d'historien.
Les Payernois ont encore mal à leur passé et ressentent un sentiment de culpabilité collective. 80 ans après l'assassinat monstrueux d'Arthur Bloch, il n'y a aucune place portant son nom ni aucune plaque.
Si vous ne l'avez pas lu, faites-le. Une écriture flamboyante qui décrit le fanatisme des coupables et les sentiments de compassion de l'auteur pour la victime.
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Un livre très dur, sans doute le meilleur de Chessex.
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