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Critique de chocobogirl


Pennsylvanie, 1903. Jonas rejoint avec son épouse l'école industrielle indienne de Carlisle, destinée à "cultiver" les indiens Amérique. A la fois humaniste et naïf, ce dernier va découvrir que le colonel richard Henry Pratt, qui dirige l'établissement, a une conception autrement plus rigoriste de l'enseignement des indigènes. Alors que ses belles idées font feu de tout bois au contact des enfants, Jonas doit batailler contre un major particulièrement violent.

" Tuer le sauvage pour sauver l'homme". Voilà le credo qui fait suite aux massacres systématiques des indiens en ce début de siècle. Pratt est à l'initiative d'une expérience d'acculturation des indiens qui s'accompagne une scolarisation plus ou moins forcée. L'école de Carlisle est créée et verra 10 000 élèves passer dans ses lieux.
C'est dans cette école que Jonas, le jeune diplômé de Harvard débarque, rempli de bonnes intentions. Son enthousiasme va pourtant être peu à peu douché par la réalité quotidienne. A travers son regard de nouvel arrivant, le lecteur découvre le fonctionnement de l'école. Loin d'être une sinécure, elle se révèle presque une prison. La vie des élèves est très réglementée : interdiction de parler leur langue d'origine, coupe de cheveux réglementaires, etc... Les punitions sont régulières, que ce soit des séances de coups ou un isolement dans un cachot. Les fortes têtes sont matées et les fugueurs, durement réprimés. Alors que sa femme semble trouver tout cela acceptable, Jonas tente d'exprimer son désaccord. Mais Pratt a tôt fait de lui rappeler qu'il est maître dans sa paroisse. Prenant de plus en plus partie pour les indiens avec qui il tente de lier contact, Jonas va s'opposer au major Mercy, une véritable brute qui dirige la discipline de l'école.

C'est une histoire dramatique et néanmoins réelle que nous propose ici le scénariste Edouard Chevais-Deigthon et le dessinateur Laurent Seigneur. Carlisle fut une expérience des plus traumatisantes qui, sous couvert de tentatives d'intégration, fut un véritable assassinat culturel. Coupés de leurs racines dont le moindre lien, l'infime évocation conduit à une punition, ces adolescents indiens sont devenus des étrangers à l'intérieur de leurs propres tribus tout en étant toujours considérés comme des sauvages par les gentils américains civilisés.
De fait, on constate que le respect n'était pas la première qualité de ces soi-disant éducateurs. On ne peut qu'être effarés par les propos empreints de raciste, par le règlement extrêmement rigide et les punitions à la violence disproportionnée que l'on découvre dans les pages de cet album. On comprend par exemple toute l'importance de la longue chevelure des indiens ou celle d'un simple chant de flûte et combien, l'agression occidentale pouvait être aussi psychologique.
Très documenté, Carlisle retrace de manière très réaliste cet évènement historique. Un important dossier de 8 pages en fin d'album complète d'ailleurs de manière très pertinente les informations distillées au cours de l'histoire.
Si la narration reste relativement classique (découverte des faits à travers les yeux d'un nouvel arrivant), elle débute néanmoins dans les années 70 (suivies d'un flash-back donc) auprès d'une communauté d'indiens qui semble toujours aux prises avec les autorités américaines. Nul doute que le deuxième tome de cette histoire reviendra de manière efficace sur le lien entre les deux époques et pourquoi le parallèle entre un ostracisme toujours présent à plusieurs dizaines d'années de distance.
Cette série ne semble pas de prime abord révolutionnaire mais elle a pourtant le mérite de se pencher sur un sujet finalement assez peu traité : l'éradication de la culture indienne.
Une approche classique sur un bon sujet qui permettra à un vaste public de découvrir une réalité historique méconnue.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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