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C'est un livre intemporel que je tiens dans mes mains. Je l'ai lu il y a environ quinze ans, juste après la sortie du film du même nom. Je devais visiter un malade et les librairies du grand hôpital parisien étaient inondées de ce best-seller. C'était une vision assez surréaliste : la jeune fille à la perle en miniature et multipliée par mille ! Comme sur une planche contact.
Quand un grand artiste, un génie, entre dans votre vie, vous êtes happé. Il a pour vous l'autorité d'un roi et la force du destin. C'est une sagesse que de l'aimer, c'est un suicide que de se rebeller. Cette idée, à mon avis, réunit tous les livres écrits sur les peintres et leurs modèles.
Je n'oublierai jamais l'exposition à la Pinacothèque de Paris consacrée à l'âge d'or de la peinture hollandaise. D'ordinaire j'aime la peinture moderne parce que j'aime inventer en regardant tandis que les oeuvres plus anciennes sont « données », il n'y a pas de « participation » des visiteurs, pas autant en tout cas. Mais là j'ai été littéralement bouleversée par les portraits hollandais, la brillance des regards, la lumière dans les natures mortes… On dirait que dans le citron pelé il y avait la même larme que dans les yeux !
Finalement je sens que Vermeer ne me quitte jamais, il y a des signes, des hasards, des clins d'oeil à Vermeer que je rencontre régulièrement. Même Sempé fait une révérence à La Laitière ! Chez moi, sur les pochettes de disques de la musique baroque il y a souvent des reproductions de ses différentes peintures. À mes yeux, il y a encore un atout pour l'histoire de la Jeune fille à la perle : dans le film c'est Colin Firth qui joue Vermeer. C'était déjà mon acteur préféré depuis son rôle de Monsieur Darcy dans la série Orgueil et Préjugés de la BBC en 1995, bien avant de jouer dans la saga Bridget Jones et bien avant de remporter l'Oscar du meilleur acteur et le Golden Globe en 2011 ! Colin Firth donne une fidèle interprétation de Vermeer. En ce qui concerne Scarlett Johansson je trouve qu'elle rend Griet plus sexy qu'elle n'est dans le roman.
La jeune fille à la perle est un roman historique écrit en 1999. L'action se déroule à Delft aux Pays-Bas au XVIIe siècle, et le récit a été inspiré par le tableau homonyme du peintre Johannes Vermeer. Tracy Chevalier a imaginé l'histoire qui a conduit à la création de ce chef-d'oeuvre. L'histoire débute en 1664, à l'époque de l'âge d'or de la peinture hollandaise. le roman est écrit à la première personne. Griet est une jeune fille fine et candide. Sa famille est enfoncée dans la précarité. Son père était faïencier, fabriquant de porcelaine de Delft (faïences blanches à décor bleu), mais il perdit son commerce à cause de l'explosion d'un four, l'accident qui l'a rendu aveugle. La mère de Griet s'inquiète pour la survie de la famille. Elle fait engager Griet comme servante dans la maison de Johannes Vermeer pour faire le ménage dans l'atelier du peintre. Vermeer, appréciant la discrétion et le potentiel artistique de la jeune fille, lui fait découvrir les b.a.-ba de son art. Leur affinité va entraîner de nombreux tiraillements au sein de la maison des Vermeer, ainsi que des bruits qui vont se colporter en ville. Mais que reste-il de Griet du début du livre, de Griet qui idéalise tant Vermeer ? Va-t-elle accepter l'amour de Pieter, fils de boucher, qui immédiatement séduit par sa beauté et son caractère, lui fait la cour pendant de longs mois ? Pieter qui lui propose de l'épouser si elle quitte sa place de servante des Vermeer ?
Johannes Vermeer a 32 ans quand débute l'histoire. Auparavant, il a passé six ans en apprentissage et a été ensuite admis en tant que « maître peintre ». Ensuite Vermeer se convertit au catholicisme en épousant Catharina Bolnes, issue de la bourgeoisie de Delft. Il est installé avec sa femme chez sa belle-mère Maria Thins, une femme perspicace et commerçante, au coin des papistes de Delft. Son tableau La Jeune Fille à la perle est estimé remonter à l'année 1665. van Ruijven est le mécène de Vermeer, riche percepteur de Delft. Il lui commande beaucoup de ses oeuvres. van Ruijven regarde Griet avec concupiscence…
Catharina Bolnes est impulsive, jalouse, idiote, maladroite, elle a détesté Griet depuis le premier jour. Catharina a un jour renversé et cassée la camera obscura, une boîte pourvue d'une lentille, permettant au peintre d'observer sa mise en scène différemment ! Vermeer ne lui demande pas de poser et même lui interdit d'entrer dans son atelier. le jour où rongée de soupçons elle y pénètre c'est pour le salir car, prise de colère, elle accouche sur le plancher !!!
J'adore le trio de l'univers de Griet : cuisine, ménage et peinture. le trio qui n'est pas si étrange que ça. En tout cas, qui ne m'est pas étranger ! Je m'identifiais avec Griet. En commençant déjà par la jolie découpe de légumes au tout début du livre ou par sa perception imagée des voix! J'aime ce livre parce que j'ai l'impression d'y reconnaître des personnes de ma propre vie. J'ai eu l'occasion de relire ce roman plusieurs fois. La restitution de l'époque, du travail quotidien de Vermeer, une parfaite concordance historique, très belles descriptions, tout cela constitue encore une des richesses du livre. Plusieurs quartiers ou monuments de Delft sont évoqués : le coin des papistes ( le quartier catholique où se trouve la maison des Vermeer), la place du Marché ( place principale de Delft, au centre de laquelle les pavés forment une étoile à huit branches, chacune pointant vers un quartier de la ville), le quai le long du canal de Delft, la Nouvelle-Église protestante… Chez Tracy Chevalier, chaque détail est expressif et significatif. Dans ce roman, il y a tant de choses techniques liées à la peinture que je me suis demandée si Tracy Chevalier était elle-même artiste peintre. Mais sa biographie ne mentionne pas d'études d'arts plastiques. J'ai seulement appris qu'elle est fille d'un photographe et elle a dû approcher cette écriture de la lumière qui est la photographie.
J'aime des écrivains qui savent décrire l'invisible. Par exemple, Nabokov en fait partie. Et Tracy Chevalier utilise ce procédé dans La jeune fille à la perle, l'unique oeuvre que j'ai lue d'elle. le lecteur est chauffé à blanc et pourtant il ne se passe presque rien, et c'est beau comme les tableaux de Vermeer eux-mêmes… C'est la résignation… Mais comment vivre comme si de rien n'était alors que Griet traverse des épreuves, tait ses sentiments, étouffe ses dons ?
Et Vermeer, a-t-il aimé notre héroïne ou non ? C'est la question qui obsède le lecteur jusqu'à la fin du livre. Peut-être que la vision idéaliste de son maître cache à Griet la réalité toute plate : qu'il ne pense qu'à lui-même ou à son travail, qu'elle n'est qu'un accessoire qu'il jettera une fois le tableau terminé ? Cette idée se révèle juste puisque Vermeer s'abstient de la défendre devant Catharina, et que, après le départ de la servante, il ne vient jamais vers elle… Mais on a envie comme Griet de croire le contraire ! La réponse est peut-être dans les perles ? le roman de Tracy Chevalier nous laisse beaucoup de pourquoi mais c'est cela qui fait qu'on le relit avec la même fraîcheur de perception et la même curiosité. le destin ne fait pas de cadeaux à Griet et l'auteure ne flatte pas le lecteur qui au fond de lui aimerait que l'amour triomphe si ce n'est dans un lit à baldaquin au moins caché dans un grenier, dans un champ, dans un atelier. (On pourrait écrire un deuxième roman avec le point de vue du peintre. Avec ses sentiments à lui, ses ressentis à lui, ses peines, ses frustrations. Sous le masque d'un personnage froid et peu bavard !) Dans la voie de chacun, il y a des relations qui laissent des questions et on a le reste de notre vie pour y méditer : on pèse et on repèse, et on change la lumière pour mieux voir…
Cependant il ne faut pas oublier qu'au 17 siècle l'homme était lié par le protocole qui organisait toutes ses relations et le goût du scandale n'existait pas, pas encore. La morale, la religion ne nous donnent pas toujours des réponses universelles et nos choix sont pénibles. La liberté n'est pas de ce monde. Ce n'est que l'art qui peut libérer, peut-être… Toute la force du livre est là.
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Une plongée dans le XVIIème siècle emplie de délicatesse et de mélancolie que la lecture de ce roman. Une expérience sensorielle aussi. On baigne dès la première scène dans une atmosphère particulière. le récit ressemble aux peintures de Vermeer par l'ambiance et le réalisme qui s'en dégagent. La romancière, dont je découvre enfin la plume élégante, a créé cette fiction à partir du célèbre tableau du même nom. On ne connaît pas l'identité de cette jeune fille alors elle lui en invente une. Tout débute en 1664 à Delft aux Pays-Bas. Griet une ravissante jeune fille de 16 ans issue d'une famille plongée dans la précarité est contrainte de travailler comme domestique au service de Vermeer qui a le double de son âge. Ce dernier repère vite que Griet possède un goût esthétique et le don d'associer les couleurs. Dans sa maisonnée composée essentiellement de femmes, entre lessives, courses au marché et ménage Griet bien que forte subit des offenses. Impressionnée et attirée par son maître petit à petit s'installe entre eux une relation ambiguë d'ailleurs elle est la seule autorisée à nettoyer et ranger son atelier. Ce privilège crée des tensions dans la demeure. Entre les méchancetés d'une des filles de Vermeer, la jalousie de la femme du peintre et les lourdes avances d'un mécène le manque de sa famille se fait ressentir et les drames personnels n'arrangent rien à son mal être. Courtisée par Pieter le fils du boucher, elle ne cesse de le repousser. Seule son attirance pour Vermeer l'aide à mieux vivre. Les tensions augmentent lorsqu'on découvre qu'il implique Griet dans son travail l'ayant initiée à préparer ses couleurs. Dans ce récit en clair-obscur tout n'est qu'images, ressentis, couleurs, senteurs, textures. La ville et ses artisans, les objets, les meubles marquetés, la luminosité, les gestes et attitudes tout est divinement décrit par la romancière. La relation de Griet et Vermeer est platonique mais empreinte de sensualité. Envoûtée par son maître et attirée par l'interdit Griet acceptera qu'il la peigne provoquant un déchaînement de passions. Il ne restera alors de son innocence que la part immortalisée dans ce regard énigmatique, celui de la jeune fille à la perle. Très beau.
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Une véritable peinture faite de douceur et de scintillement à l'image des tableaux de Vermeer

Griet, jeune servante vivant à Delft au XVII ème siècle est placée chez le peintre Vermeer ; petit à petit une relation faite de sentiments ténus va s'installer entre le peintre et sa servante.

C'est comme si le seul but de ce roman, de son épaisseur, de sa douceur à travers les images, les sentiments, le temps qui passe - évoqués par les mots, les phrases, le style - n'était que la compréhension pleine du tableau de Vermeer.

Les mots de Tracy Chevalier sont plus que des pinceaux ou des couleurs ; ils sont le glacis, les superpositions de couleurs, l'obscurité, la lumière et l'éclat de la perle.

Jamais, après avoir lu ce livre, je ne pourrai voir ce tableau autrement que comme une oeuvre sublime riche de la vie et de l'âme de Vermeer.

J'ai le sentiment qu'un lecteur qui n'aurait jamais vu le tableau ne pourrait que le reconnaître et instantanément le pénétrer au plus profond.

Ce texte est magique !
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Une fois n'est pas coutume pour moi de lire les romans demandés par les enseignants de mes enfants… Et franchement qu'est que j'aurais aimé travaillé sur celui-ci au lycée.

L'écriture de l'auteur est très agréable et très descriptive. D'ailleurs grâce a ses descriptions détaillées j'ai pu reconnaître certains tableau. Il faut que j'avoue qu'en art je suis zéro. Je connais Dali, quelques Picasso, et puis ces tout. J'ai donc été très surprise de voir que c'était Vermeer qui avait peint la célèbre crémière égérie d'une certaine marque de produit laitier. (Bhen oui , du coup j'ai un peu lu avec accès direct a internet).

Mais en dehors de ça c'est aussi toute la passion que peu vouer une jeune femme a un maître qu'elle admire plus que tout.
Ce roman est tellement riche, et pourtant si simple a lire. le caractère de cette jeune fille pleine d'illusion, . Cette opposition entre catholique et protestant, la lutte des classes, l'opportunisme aussi par certains côté,..

Un roman simple mais si riche en émotions.
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La Jeune fille à la perle où l'insouciance de l'enfance s'est envolée !

Tracy Chevalier a eu la belle idée de tirer une histoire totalement romanesque qu'elle entend rendre crédible en multipliant les détails, non sur les personnages mais sur leur environnement et d'une façon presque documentaire sur l'époque et les lieux.

Ce roman nous introduit au coeur de la vie des Hollandais au XVIIème siècle. Protestant et ne rechignant pas au travail pour les familles modestes, la rencontre avec Vermeer est un véritable choc culturel pour Griet. Car Griet, la jeune fille à la perle, est bel et bien une enfant propulsée dans un univers agressif, ballotée entre son travail harassant de bonne au service des Vermeer, l'intérêt ambigu du peintre envers elle, la jalousie de sa femme ou encore la possible menace représentée par le mécène du peintre. le roman dépeint magistralement la situation d'une jeune fille enfermée dans un monde aux règles cruelles et aux conventions étouffantes... Car s'il décrit le parcours de Griet chez les Vermeer, il donne également un aperçu réaliste de la Société Hollandaise du XVIIe siècle (à travers une famille paralysée par les codes sociaux et l'emprise du riche mécène de Vermeer). On s'émerveille devant l'énorme travail esthétique qui semble avoir été fait et qui plonge presque le lecteur dans un tableau de Vermeer.

« La jeune fille à la perle » est donc un roman à la fois doux et dur. L'éveil d'un esprit courbé par la corvée s'éjecte miraculeusement des lessives éreintantes dans un temps où l'on ne fait que servir du matin au soir en admirant à la dérobée les contenus amorphes d'une maison terne cernée par les grands froids. Griet, beauté naturelle éteinte mais non consumée s'anime soudainement devant ces ocres et ces bleus qu'un peintre en manque d'inspiration dévoile devant ses yeux jeunes avides de découverte. A travers la peinture deux êtres en sommeil communiquent, ressentent, quittent un monde triste où il ne faut que se reproduire ou frotter les sols en laissant derrière soi une mère délaissée rongée par le rictus et une progéniture abandonnée jalouse livrée à elle-même. Les doigts s'effleurent et les visages se décrispent. Deux personnages isolés par la condition et le désoeuvrement offrent à la postérité une oeuvre contemplative traversant des siècles de lumières et de cendres en alternance. le visage de Griet éblouissant de pâleur se teinte d'une rosée admirablement reconnaissante envers un nouveau monde synonyme de conscience. « La jeune fille à la perle » est en priorité la propagation d'une émotion intense dans une demeure dominée par le silence et l'ennui.

Le roman comporte peu de rebondissements mais une intensité unique, palpable. Il peut rendre plus sensible à l'univers du peintre, car il permet d'aborder la peinture selon un nouveau point de vue qui reflète toute la profondeur de ses toiles. Les non-dits et les actes manqués se succèdent et finissent par tisser la toile qui enserre les personnages. Cette toile, c'est bien sûr, le carcan social d'une Hollande où les moeurs sont strictement contrôlées et où il est impossible d'échapper à sa condition.

Il s'agit réellement d'un roman d'une inégalable pureté, qui nous transporte dans un rêve artistique.
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Prendre des oeuvres célèbres et peindre autour de celles-ci, autour de l'univers temporel de l'artiste, une vie qui aurait pu être, une adaptation de leur histoire éventuelle.
La jeune fille à la perle du peintre Johannes Vermeer, et d'autres oeuvres du même artiste, sont ici au centre de l'histoire, autant que peuvent l'être les personnages. L'univers de Delft au 17ème siècle en est le décor.
L'histoire de Tracy Chevalier est un tableau, certes fictif, mais tellement réaliste. L'auteur dépeind cette histoire avec un talent d'écriture envoutant.
A chaque roman de cette auteur, je plonge dans un autre univers, calme, serein. Pas besoin d'actions, de rebondissements pour être happée et charmée.
Quelle belle lecture.
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Griet , jeune Hollandaise, servante dans la famille du peintre Vermeer, aura l'occasion inespérée d'entrevoir la beauté à travers la peinture. Les couleurs représentent pour elle la vie, la lumière, une manière de fuir son dur labeur quotidien de servante.

Fascinée par son maître, le peintre, elle ne doit pourtant pas se laisser prendre au piège. Sa place n'est pas dans ce monde, elle ne pourra jamais l'atteindre, même si elle démontre des facultés artistiques, si elle comprend la peinture. le peintre en est même étonné : " Je n'aurais pas cru que je pouvais apprendre quelque chose d'une servante. "

Dans cette société du XVII è siècle, elle ne pourra être qu'un pion devant les désirs des grands de ce monde. Elle n'a pas le choix, elle est leur obligée.
Griet ne doit pas se laisser prendre au piège de la beauté de la jeunesse, de la naïveté, de la confiance.

Il faut quelques fois sacrifier ses rêves, au profit d'une vie simple, plutôt que de se brûler les ailes, surtout à l' époque de Griet et dans sa condition sociale. Elle n'a pas la liberté de son choix, il lui restera seulement la nostalgie de ses souvenirs.
Belle écriture nous permettant de pénétrer dans l'univers de ce peintre et de découvrir cette belle personne qu'est Griet, intelligente, sensible et touchante.
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un aussi bon roman. Je n'ai d'ailleurs pas souvenir d'une telle révélation littéraire depuis La confusion des sentiments de Stefan Zweig, mon livre fétiche (je dis toujours que j'en ai plusieurs mais si je devais n'en choisir qu'un, ce serait celui-ci !). Avec La jeune fille à la perle, Tracy Chevalier nous propose de pénétrer l'intimité du peintre Johannes Vermeer, né dans les années 1630 aux Pays-Bas. Cet artiste est une énigme qui continue encore de fasciner les historiens puisqu'on dispose de très peu de traces de son quotidien. On lui attribue à peine une quarantaine de tableaux mettant le plus souvent en scène un ou plusieurs personnages en intérieur (probablement son atelier). A son époque, Vermeer n'était pas un de ces génies méconnus ; on sait qu'il bénéficiait d'un certain prestige puisqu'en 1653, la guilde de Saint-Luc l'accepte comme maître-peintre. C'est également l'année de son mariage avec Catharina Bolnes dont il aura quinze enfants (!). Vermeer peignait principalement sur commande (son père fut son premier mécène) mais son rythme très lent ne lui permettaient pas de subvenir aux besoins de sa trop nombreuse famille. Vermeer décède à l'âge de 43 ans, laissant sa femme et ses enfants criblés de dettes. Oublié pendant près d'un siècle, le peintre fut redécouvert grâce à la critique d'art et connu un succès fulgurant. Ses tableaux les plus célèbres tels que "La Laitière", "La jeune fille à la perle" ou la "Vue de Delft" ont inspiré bon nombre d'écrivains et d'artistes. La peinture de Johannes Vermeer est considérée par les critiques comme un miracle de lumière, d'harmonie et de subtilité dans les tons et la composition.

Bien que le roman de Tracy Chevalier soit entièrement fictif, il s'appuie très soigneusement sur les détails que nous connaissons de la vie du peintre. Je nourrissais déjà une fascination et un attachement particulier pour le tableau "La jeune fille à la Perle", couramment surnommée "la Joconde du Nord". J'ai eu l'occasion de l'étudier en cours d'histoire de l'art à de multiples reprises mais je suis toujours aussi séduite par le mystère et la délicatesse qui s'en dégagent. le roman est à l'image du tableau : tout en douceur, en subtilité, plein de pudeur et de retenue. Plus troublant encore, il agit sur moi de la même manière que le chef-d'oeuvre du peintre, en s'imposant subrepticement, presque en me hantant. le plaisir de la lecture n'est pas spectaculaire mais n'en est pas moins saisissant. Tout l'ouvrage est dominé par les sensations, les émotions. La beauté, la tristesse et le pureté se cristallisent au fil des pages pour former une oeuvre pleine de poésie et de raffinement.

La méconnaissance de la vie du peintre a permis une très grande liberté d'imagination à l'auteure mais j'ai l'impression qu'elle a réussi à être fidèle à l'esprit du tableau. Elle propose en tout cas une plongée minutieuse dans le processus créatif et sa sensibilité exacerbée permet de retranscrire toute la magie de la naissance d'un chef-d'oeuvre. Dès les premières lignes, j'ai été saisie par l'urgence d'observer le tableau en même temps que la lecture. Je suis sortie de ce roman émerveillée, un peu étourdie, avec l'envie dévorante de percer à mon tour les secrets de Vermeer... et de lire d'autres romans de Tracy Chevalier.
Lien : http://livr0ns-n0us.blogspot..
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En 1664, Griet âgée de seize entre au service de la famille du peintre Vermeer pour devenir servante. Nous suivons son parcours au sein de cette nouvelle famille. Intégration pas simple avec Catharina, l'épouse de Vermeer qui la prend en grippe d'entrée de jeu, avec la sournoise Cornélia, fille de Vermeer, avec Tanneke, l'autre servante ayant ses humeurs et aveuglée par sa jalousie. Heureusement, il y a Maria Thins, mère de Catharina, qui se montre sévère mais reste juste, pince-sans-rire et peut devenir une alliée incontournable. Et enfin, Vermeer, le peintre, le maître adulé (à tort?) par Griet.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman pour diverses raisons. Tout d'abord, le milieu de la peinture dans lequel évolue Griet est fascinant: on voit Griet et Vermeer préparer la peinture, mettre en place les éléments d'un futur tableau, on entend les silences entre Vermeer et son modèle, on ressent très bien le respect des personnages à l'égard du peintre,...
Ensuite, il y a l'époque dans laquelle on lessive à la main, on fait connaissance avec l'apothicaire, on redécouvre le marché, on subit la peste, on doit endurer en tant que servante les avances d'un nanti aux mains baladeuses,...
Et pour finir, les personnages sonnent juste. On n'est pas dans la caricature. Certes, Griet est servante mais elle ne se laisse pas faire et sait quelle attitude adopter dans telle situation et avec telle personne. Elle a des ressources et se montre maligne sauf face à Vermeer. Avec lui, elle est décontenancée et fait tout pour lui plaire et surtout ne pas le décevoir. On découvre un Vermeer vivant dans une sorte de monde parallèle. Il parle peu, préfère être seul, loin de l'agitation familiale pour préparer méticuleusement sa future peinture. Il a le souci du détail. Peindre un tableau, lui prend plusieurs mois. D'ailleurs, l'ensemble de son oeuvre est constitué d'environ 35 tableaux. Il vit pour sa peinture et l'auteure nous dépeint un personnage peu charismatique. Tout le contraire de Griet.
L'écriture fluide, les personnages, le milieu de la peinture, l'histoire d'amour au second plan,.... bref, tout m'a plu dans ce roman. de plus, tellement enthousiasmée par cette lecture, je l'ai prolongée par une redécouverte (ou découverte avec un nouveau regard) de l'ensemble de l'oeuvre de Vermeer. Quelle belle lumière!
Alors belle lecture!!
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S'inspirant du célèbre tableau de Vermeer, Tracy Chevalier nous raconte l'histoire de Griet, la jeune fille à la perle, telle qu'elle se l'imagine. On la suit dans la Delft du XVIIe siècle, parcourant les rues dans le froid et la neige, dans cette société où se côtoient sans jamais vraiment se rencontrer les riches catholiques et les protestants pauvres, les uns au service des autres.

Son père, fabriquant de carreaux de faïence peints à la main, étant devenu aveugle après l'explosion d'un four, Griet a été obligée de se faire engager comme domestique. Elle doit tout faire, les lessives à la main, le nettoyage des parquets, se rendre chez le boucher, le poissonnier, de l'aube à la nuit sans jamais se plaindre, sous le regard moqueur des enfants.

Deux mondes que tout oppose, le peintre isolé dans son atelier, tentant de vivre de son art. Sa femme, dont le rôle dans la maison est réduit à la portion congrue et la vie limitée à la procréation, les grossesses se succédant à grande vitesse. Elle n'a même pas droit au rôle d'intendante qui est tenue par sa propre mère, qui dirige tout.

le peintre tient absolument à ce qu'elle reste en dehors de son art : l'un crée, l'autre procrée… Il y a l'atelier d'un côté où personne n'a le droit d'entrer en dehors des modèles et de Griet pour y faire le ménage, époussetant, cirant en prenant bien soin de tout remettre en place pour ne pas nuire à l'élaboration de l'oeuvre en cours.

On voit évoluer la jeune fille, la peinture éveillant sa curiosité alors qu'elle sait très bien qu'elle n'accèdera jamais à ce milieu du fait de sa condition sociale. Cela n'empêche pas que s'installe une relation particulière entre eux, l'art les relie, ils se comprennent sans forcément se parler. Leurs regards se croisent furtivement, leurs mains se frôlent parfois, on devine les émotions…

Les couleurs, l'art, la lumière et la façon dont on l'utilise prennent toute la place dans ce roman qui fait vibrer le lecteur et apporte un éclairage particulier à cette société dure, ces mondes qui restent hermétiquement fermés l'un à l'autre : l'art illumine ce monde dur quasiment sectaire entre riches et pauvres, familles de la haute société mais qui n'ont pas forcément d'argent et le peintre, pour faire vivre sa famille doit se plier aux exigences d'un mécène tout-puissant qui abuse ses privilèges, imposant les thèmes des tableaux.

Tracy Chevalier nous raconte l'histoire d'un tableau et à travers lui, celle de la société hollandaise de l'époque et ses codes rigides. le rythme est lent, le roman nous racontant la vie au quotidien des protagonistes et pourtant je l'ai lu sans pratiquement le lâcher,tant la tension devenait palpable, suivant Griet dans les rues, dans la maison, dans ses gestes répétitifs, dans la préparation des couleurs et dans son éveil à l'art.

Note : 8,2/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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