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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'écrivain en Afrique, tout anti-héros soit-il, qu'il se nommât Jean-Léon ici ou Oreille rouge là-bas, n'est guère parvenu à dérouiller mes zygomatiques malgré l'ironie de l'écrivain en France. L'écrivain au Mali dans les mots de l'écrivain de Minuit est pourtant épinglé comme un papillon exotique, aux ridicules ailes cloquées.

Fat à souhait, autocentré dans ses pauvres pérégrinations qui ne le conduisent qu'à peaufiner son image, n'apprenant rien à force de plaquer ce qu'il pense savoir, imperméable à tout sauf à sa propre transpiration, Oreille rouge a l'oeil voilé de celui qui ne voit que ce qu'il souhaitait trouver. Et encore, pas toujours. L'hippopotame se dérobe. L'éléphant entre dans sa valise (8 cm par 15).

De plus, le bonhomme est aussi couard que satisfait.
“Les touristes l'indisposent avec leurs gros sabots. Il va pied nus. Métaphoriquement, il va pieds nus, car il y a tout de même l'inquiétant grouillement des vipères et des scorpions dans la brousse."
Il n'est là que pour piller. Dans son carnet de moleskine noir les notes promettent le grand poème sur l'Afrique. "Tout ce qu'il est possible d'extraire, de puiser, de capturer, de cueillir, de produire en Afrique sera extrait, puisé, capturé, cueilli et produit puis précipité pêle-mêle dans son poème.”

Le retour le rend insupportable. A tous. "Ses doigts tambourinent sur les tables, sur le capot des automobiles, sur tout ce qui sonne". Tout est percussion pour lui. On doit le menotter pour qu'il cesse de nous tapoter le crâne."

Oui mais… Si le nom de l'écrivain voyageur importe peu (les marchandises maliennes), celui de l'écrivain de Paris m'importe davantage: Chevillard n'est pas Echenoz. Ironique, certes mais d'une ironie émoussée. La formule se délaie, s'obscurcit, peine. Il me manque cette fulgurance echenozienne, la nonchalance du dandy, le lapidaire brillant.
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Dans cette anti-aventure pseudo romanesque décapante, Eric Chevillard nous livre le portrait moqueur de l'occidental moyen en visite en terre étrangère: il sait tout, il a tout vu, il a tout fait. Tout est vu au travers de son prisme égocentrique et monocible. Sa quête d'ailleurs, mâtinée d'hypocrisie, d'individualisme, d'égoïsme (et autres mots désagréables en -isme) ne sert qu'à afficher la supériorité qu'il éprouve envers tous et toutes, qu'ils soient ses concitoyens, ou ses hôtes. Se prenant pour ce qu'il n'est pas (une star? un démiurge?), il erre (du moins le suppose-t-on) en affichant des airs de vieux routard rompu à toutes les vicissitudes de la vie, fin connaisseur du lieu qu'il arpente.

La plume caustique de l'auteur nous dépeint ce portrait grandeur nature d'un homme qui pourrait être n'importe lequel d'entre nous, parti en Afrique la tête pleine de fausses certitudes et d'a priori, revenant l'esprit farci des mêmes convictions.
Lien : http://encres-et-calames.ove..
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N°1777– Septembre 2023

Oreille rougeEric Chevillard – Les éditions de Minuit.

L'écrivain que nous allons appeler Jean-Léon (un prénom double fait toujours plus sérieux) va devoir partir pour l'Afrique où on l'envoie, officiellement pour écrire un long poème sur ce continent qu'il ne connaît pas. Un intellectuel qui se respecte ne peut en effet moins faire que de sublimer son voyage-découverte par un écrit de sa main. C'est évidemment un jalon dans sa vie et surtout dans sa bibliographie. Il décrit donc ce qu'il voit, le soleil, la chaleur, les lions, les girafes, le fleuve, la couleur des boubous et le village du Mali où il arrive lui donne le nom d' « oreille rouge » et le nomme roi, enfin c'est ce qu'il prétend. Il découvre ce continent, mais avec ses yeux d'Européen mais n'échappe ni aux moustiques, ni à la pollution des villes bien peu soucieuses de nos préoccupations écologiques, s'extasie devant l'ingéniosité des Africains, s'étonne des paroles d'un griot, du travail des femmes, des légendes locales et des rituels magiques quelques peu mystérieux pour lui. Il note ses impressions sur son petit carnet noir qui lui servira plus tard pour écrire cette oeuvre mais ce qui l'intéresse le plus, en dehors des femmes qu'il croise, les baobabs et le Niger ce sont les hippopotames (on en apprend beaucoup sur eux) que lui fait découvrir Toka, un guide local .
Il va sans dire que ce poème sera sa grande-oeuvre mais, à son retour en France, en dehors de se mettre lui-même en valeur, de devenir au moins pour un temps « l'africain », qui ne jure que par ce continent, il passera vite à autre chose. Quant à son long poèmes...Que dirait-il maintenant sur le Mali qui vomit la France ?
J'avais quelques appréhensions en ouvrant ce livre, surtout depuis que j'ai croisé Chevillard. Les remarque sont pleines de bon sens et le style toujours aussi jubilatoire.
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Plus poésie que roman. À déguster lentement. Une page par jour. Mon problème avec les boites de chocolats, c'est que je n'ai jamais su m'arrêter. Jusqu'à la nausée. L'Afrique assez !
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