J'ai été un peu trompée par la belle photo poétique de la couverture qui présente un village perché sur une falaise sous la brume, avec un résumé qui parle de description poétique des habitants des montagnes loin du monde.
Alors, certes, il y a par moments de beaux passages décrivant la nature, dans ce coin reculé de Chine, proche de la Russie et du Japon, loin des centres du pouvoir, peuplé en partie de minorités ethniques, les Orotches, avec un mode de vie encore très traditionnel où les habitants sont majoritairement paysans, vivant de l'agriculture et de la chasse. Seuls quelques éléments suggèrent que le récit est contemporain – l'électricité qui arrive peu à peu, l'accès à internet qui est possible en rejoignant la capitale régionale, mais on a presque l'impression d'être dans un village loin du temps, un peu comme le Macondo de
Cent Ans de solitude. Quelques éléments pourraient évoquer ainsi le « réalisme magique » de
Garcia Marquez, notamment le personnage de Neige, enfant qui n'a pas grandi, qui est en communion avec les esprits de la nature et des ancêtres, aux grands talents de sculptrice, elle qui sculpte les pierres tombales des villageois avant leur mort qu'elle peut prédire. Comme chez le grand auteur colombien, une famille avec plusieurs générations de membres est au coeur du récit, avec le destin de ses membres, même s'il y a un élargissement à tout le village et que l'intrigue ne se déroule que sur quelques mois. Cependant, ce merveilleux et cette poésie n'apparaissent, selon moi, que par petites touches pour me séduire véritablement.
Nous ne sommes pas hors du temps, c'est bien un portrait politique et sociologique de la Chine contemporaine : les politiciens sont corrompus et prêts à la violence, l'exploitation des ressources naturelles, la répression des minorités auxquelles l'Etat central impose des règles venues d'en-haut, les conséquences de la politique de l'enfant unique, la Révolution culturelle, les condamnations à mort...
Cependant, la comparaison avec
Gabriel Garcia Marquez n'est pas flatteuse. le roman est trop long. On se perd dans les différents personnages et leurs relations de parenté, et il n'y a pas de fil directeur, pas d'intrigue principale vraiment apparente ; parmi les différentes sous-intrigues, certaines sont plus intéressantes que d'autres . J'ai aussi été génée par des termes traduits qui semblent incongrus, comme « sexy », « cool », au milieu d'un texte qui cherche une certaine poésie.