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Yvonne André (Traducteur)
EAN : 9782809716092
480 pages
Editions Philippe Picquier (06/10/2022)
3.66/5   19 notes
Résumé :
C'est toute la vie d'un village perché à flanc de montagne, dans l'extrême nord de la Chine, qui se découvre à nous : le forgeron, le héros de guerre, le boucher qui allume sa pipe au feu du soleil, l'embaumeuse, le vendeur de tofu, la séduisante patronne du moulin à huile, le policier exécuteur des basses oeuvres, autrement dit bourreau, dont personne ne veut serrer la main... Les amours, les vengeances, les secrets se dévoilent et s'entrecroisent, tissant des intr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Escapade dépaysante dans ce bourg de Longzhan, Chine septentrionale , et de ses contrées environnantes. CHI Zijian nous conte les histoires et les légendes inhérentes à chaque grande famille de ce village. Les nombreux personnages: du boucher au vendeur de tofu, en passant par la brodeuse, le médecin, la vendeuse de galettes ou encore le maire de Longzhan, soucieux de l'environnement, sans oublier la petite fée, envoûtante animiste ... sont dépeints avec détails et précisions. Chacun vit un peu pour soi dans ce village perché en haut d'une falaise, les conditions climatiques extrêmes et l'isolement endurcissent les caractères.
C'est une véritable incursion dans la vie de ce village de la campagne chinoise de l'extrême nord du pays; un village encore fortement imprégné de ses traditions et légendes ancestrales.
On y déambule lentement, s'abreuvant d'histoires qui s'entremêlent les unes aux autres, assimilant les indices qui nous permettront de démêler le vrai du faux, côtoyant chacun des habitants de ce village, nous apitoyant sur le sort de l'un, ou nous insurgeant face au comportement violent, mesquin, perfide d'un autre, récoltant les indices pour comprendre les comportements de chacun des nombreux protagonistes et les percer à coeur. Et force sera de constater que certains d'entre eux n'étaient pas aussi saints qu'on aurait pu le penser au premier abord. Corruption, violence, tromperie, cynisme marquent profondément cette société.
J'ai du mal à situer ce roman dans l'histoire : j'aurais dit première moitié du XXème siècle sous le règne de Mao Zedong. Sauf qu'à un moment, il est question d'Internet et de pseudo sous lequel on peut se cacher pour écrire les pires insanités sans être démasqué. Cela me laisse perplexe.
Mis à part ce petit bémol, ce livre est un très grand roman à mon avis. J'ai par moment eu l'impression de lire du Hugo ou du Zola. C'est pour dire ! Mais bon ce n'est que mon avis !
Une lecture riche, ardue et passionnante !
Travail remarquable des traducteurs à saluer : l'écriture est fluide, imagée et poétique.
A lire aussi de cette auteure le dernier quartier de lune.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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J'ai été un peu trompée par la belle photo poétique de la couverture qui présente un village perché sur une falaise sous la brume, avec un résumé qui parle de description poétique des habitants des montagnes loin du monde.
Alors, certes, il y a par moments de beaux passages décrivant la nature, dans ce coin reculé de Chine, proche de la Russie et du Japon, loin des centres du pouvoir, peuplé en partie de minorités ethniques, les Orotches, avec un mode de vie encore très traditionnel où les habitants sont majoritairement paysans, vivant de l'agriculture et de la chasse. Seuls quelques éléments suggèrent que le récit est contemporain – l'électricité qui arrive peu à peu, l'accès à internet qui est possible en rejoignant la capitale régionale, mais on a presque l'impression d'être dans un village loin du temps, un peu comme le Macondo de Cent Ans de solitude. Quelques éléments pourraient évoquer ainsi le « réalisme magique » de Garcia Marquez, notamment le personnage de Neige, enfant qui n'a pas grandi, qui est en communion avec les esprits de la nature et des ancêtres, aux grands talents de sculptrice, elle qui sculpte les pierres tombales des villageois avant leur mort qu'elle peut prédire. Comme chez le grand auteur colombien, une famille avec plusieurs générations de membres est au coeur du récit, avec le destin de ses membres, même s'il y a un élargissement à tout le village et que l'intrigue ne se déroule que sur quelques mois. Cependant, ce merveilleux et cette poésie n'apparaissent, selon moi, que par petites touches pour me séduire véritablement.
Nous ne sommes pas hors du temps, c'est bien un portrait politique et sociologique de la Chine contemporaine : les politiciens sont corrompus et prêts à la violence, l'exploitation des ressources naturelles, la répression des minorités auxquelles l'Etat central impose des règles venues d'en-haut, les conséquences de la politique de l'enfant unique, la Révolution culturelle, les condamnations à mort...
Cependant, la comparaison avec Gabriel Garcia Marquez n'est pas flatteuse. le roman est trop long. On se perd dans les différents personnages et leurs relations de parenté, et il n'y a pas de fil directeur, pas d'intrigue principale vraiment apparente ; parmi les différentes sous-intrigues, certaines sont plus intéressantes que d'autres . J'ai aussi été génée par des termes traduits qui semblent incongrus, comme « sexy », « cool », au milieu d'un texte qui cherche une certaine poésie.
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De cette autrice, j'avais déjà lu « Le dernier quartier de lune » qui m'avait enthousiasmée par sa poésie et la puissance de l'histoire. C'est donc avec gourmandise que j'ai entamé la lecture de cet ouvrage.
Chronique d'un petit village du nord-est de la Chine perché en haut de la montagne où la nature est omniprésente et décrite de façon particulièrement évocatrice. Y vivent plusieurs familles reliées entre elles par des liens d'amitié, de haine, de sang, d'intérêts, d'amour et des secrets. La politique, les conflits d'intérêt, l'amour de l'argent qui régente tout et tous agissent sur tout ce petit monde. Chaque métier est représenté du boucher au bourreau, de la sculptrice de stèles au fabricant de tofu, du tenancier de café à l'embaumeuse. Les chevaux, chiens, serpents, papillon et bien entendu cochons vivent en étroite relation avec les hommes. Et chacun vit en étroite symbiose avec la nature, forêt, neige, cavernes, bouleaux, montagne, ruisseau.
Avec une verve picaresque, Chi Zijian confirme son talent extraordinaire de conteuse et nous enchante. Elle donne à voir la vie quotidienne dans les lointains confins de la Chine contemporaine et nous apprend mille choses.
Mais pour tout dire, j'ai été très légèrement déçue après quelques pages. Je suis toujours séduite par la richesse des descriptions et des personnages. Car des personnages, il y en a à foison et même un peu trop à mon goût car je me suis vite retrouvée totalement perdue, incapable de me souvenir ce qui distingue Xin Kailiu de Xin Qiza, Shan Xia de Shan Ertong.... d'autant que les histoires s'entremêlent et que l'on passe de l'une à l'autre tout au long du récit. Au bout d'un moment, je me suis dit que ça n'avait pas tellement d'importance et à partir de là, j'ai pris un réel plaisir à me perdre dans ce village haut perché et aux traditions tellement différentes des nôtres.
Mais bon, lisez « Le dernier quartier de lune » et vous m'en direz des nouvelles !
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Il m'a été très plaisant de me fondre dans cette univers qui pourtant ne m'est pas forcément bien connu. Et cet aspect m'a donc permis encore d'en découvrir plus. Un village chinois perdu dans le nord du pays. Des traditions régionales qui essaient d'être conservées face au fonctionnement de l''Etat control' . L'avancée technologique en retard de plusieurs décennies sans que cette communauté en souffre. Est-ce que les gens de nos jours dans un pays comme celui-là ont autant de retard alors que la course à la technologie est lancée depuis belle lurette? L'écrivain a su me faire sourire bien souvent. Petit bémol: j'ai eu un peu de mal avec certains noms et prénoms qui sont parfois ressemblant.
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Je suis un peu déçue par ce livre car je m'attendais à un récit ayant pour cadre une petite cité dans les montagnes du nord de la Chine, or ce livre est un roman. le travail d'écriture est remarquable. L'histoire est extrêmement riche, dense, avec une multitude de personnages dont les vies s'entrecroisent sur trois générations ! Heureusement, l'auteur nous donne l'arbre généalogique des principales familles en début de livre. le livre est bien écrit et découpé en petits chapitres agréables à lire. La trame de l'histoire débute avec une tragédie, un meurtre brutal, partant de là, l'auteur nous fait découvrir la vie de chacun des personnages impliqués de près ou de loin dans ce drame. Chaque rencontre permet à l'auteur de remonter dans le temps pour nous raconter l'histoire des deux générations précédentes.
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critiques presse (1)
Lexpress
15 avril 2019
Des vies émouvantes, surprenantes, terribles ou cocasses palpitent dans ce puzzle touché d'irréel. L'écriture évanescente, jonchée de fleurs merveilleuses et d'animaux enchantés, est semblable à une estampe : qu'il est immense, ainsi conté, ce monde minuscule...
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
INCIPIT
Quand les bêtes apercevaient Xin Qiza, le boucher du bourg de Longzhan, elles savaient bien qu'elles ne verraient pas le soleil se coucher ; elles prenaient peur, bien que l'objet coincé à sa ceinture ne fût pas un couteau, mais sa pipe préférée.

Par beau temps, hiver comme été, Xin Qiza n'avait pas besoin d'allumettes pour fumer. Dans ses poches de pantalon, il gardait d'un côté une lentille convexe et de l'autre un paquet d'écorce de bouleau. Quand il voulait allumer sa pipe, il commençait par sortir sa lentille qu'il tournait vers le soleil pour faire converger les rayons, comme la foule accourt au marché, de façon à produire une étincelle ; puis il prenait dans son autre poche un morceau d'écorce de bouleau, fin comme une feuille de papier, qu'il approchait de la lentille pour l'enflammer et allumer ainsi sa pipe. Bien sûr, il n'était pas très facile de prendre le feu du soleil ; au grand soleil d'été, la lentille enrobait le feu en clin d’œil, mais au coeur de l'hiver, quand la bise soufflait, le soleil manquait de vigueur et le feu se faisait longtemps attendre. Pourtant, Xin Qiza ne s'impatientait pas : il disait qu'une pipe allumée au feu du soleil avait une saveur particulière et que ça valait bien la peine d'attendre. Cette lentille qu'il avait toujours sur lui était un vrai valet de ferme corvéable à merci, toujours à ses ordres.

En plus de sa pipe et de sa lentille, Xin Qiza possédait un jeu de couteaux auxquels il tenait ; c'étaient les outils de travail qui lui permettaient de gagner sa vie. Comment aurait-il pu ne pas les aimer ? Il les aimait autant que les animaux les haïssaient. Il était boucher à Longzhan depuis plusieurs dizaines d'années, et l'odeur du sang dont il était imprégné était, pour les bêtes au flair subtil, comme une rivière de mort qui coulait en secret, odeur qui ne leur était que trop familière. C'est pourquoi, lorsqu'il se rendait au bord de la rivière, les vaches et les moutons qui broutaient sur la rive levaient les sabots pour s'éloigner aussitôt, même si l'herbe y était grasse à souhait ; quand il passait dans les rues et les ruelles, les cochons qui se chauffaient au soleil rampaient à plat ventre, tout tremblants ; certains pissaient même sous eux ; quand les chiens des voisins le croisaient, s'ils ne filaient pas, tête basse, chercher protection près de leur maître, ils s'approchaient pour s'attirer ses faveurs et lui léchaient les souliers, comme pour obtenir la vie sauve. Xin Qiza ne mettait pas de chaussures en cuir, mais s'il en avait porté, il n'aurait pas eu besoin de les brosser.

Il ne tuait ni ne mangeait de volailles. Il disait que c'étaient des créatures débiles et sans force ; y porter la main ou la dent eût été trop cruel, c'est pourquoi les poulets, canards et oies de Longzhan ne faisaient pas cas de lui. Quand les poules le voyaient, elles continuaient à déambuler à leur rythme ; les canards osaient même le côtoyer en battant des ailes ; quant aux oies, telles des princesses, si elles remarquaient quelque déchet de viande accroché à son pantalon quand elles cherchaient leur pitance, elles n’hésitaient pas à tendre leur long cou pour s'en emparer et le manger.

Xin Qiza avait une batterie de couteaux de boucher : pour saigner les cochons, tuer les vaches, sacrifier les moutons, couteau à désosser, couteau à racler les poils, couteau à découper les quartiers de bœuf, de différentes formes et de toutes tailles, parfaitement affûtés. Il les chérissait, c'était toujours lui qui les aiguisait. Sa longue pierre grise à aiguiser était installée à l'angle nord-ouest de l'abattoir, comme une énorme pierre à encre. Quand il affûtait ses couteaux, il plaçait un petit banc repose-pieds sur la pierre et s'installait dessus à califourchon, tel un dresseur de cheval.
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Ces dernières années, chaque fois qu'il allait en voyage d'études dans la zone côtière et les régions en expansion, il en revenait découragé. Le développement économique se faisait au détriment des richesses naturelles et de l'environnement. Les immeubles et les gratte-ciel poussaient comme des champignons, mais l'atmosphère et l'eau étaient polluées. Lui qui avait grandi en montagne aimait la nature. Chaque fois qu'il rentrait exténué à Qingshan, qu'il retrouvait la montagne et les rivières aux eaux limpides, qu'il respirait l'air pur, il sentait le sang dans ses veines le laver des fatigues du voyage. Aussi, ces dernières années, quand il avait été question d'attirer les investissements dans la région, avait-il trouvé des prétextes pour écarter tout ce qui aurait nui à l'environnement de Longzhan. À ses yeux, un développement qui détruisait les ressources naturelles, c'était comme un homme qui, pour échapper au froid de l'hiver, se coupait la jambe pour se chauffer et en restait infirme toute sa vie.
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An Ping ne réussit pas à attraper Xin Xinlai, mais il vit un aigle capturer un lapin, un serpent avaler un rat des champs, des oiseaux dévorer des insectes, des fourmis ronger l'écorce d'un pin, et des abeilles pénétrer dans le calice d'une fleur pour en aspirer avidement le nectar. Parmi tous ces êtres vivants règnent massacre et cruauté, mais cela se passe en silence, et même parfois avec des mots charmants.
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Les deux ans qui suivirent leur mariage, Xiuman ne dit rien mais ses yeux parlaient pour elle. Quand elle croisait des enfants en chemin, elle cherchait à les prendre dans ses bras. Lorsqu’une femme vient d’avoir un enfant, elle accroche une étoffe rouge au linteau de la porte. Si Xiuman passait devant une de ces maisons, elle restait plantée là sans pouvoir s’en aller. Cette étoffe rouge était à l’évidence une flamme de vie et elle en rêvait ! Enfin, un jour, elle demanda à Xin Qiza s’ils ne pourraient pas adopter un enfant. Sinon, quand ils partiraient, il n’y aurait pas de descendant pour briser contre terre la cuvette ou brûler la monnaie de papier des funérailles.
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Elle possédait de remarquables capacités intellectuelles et une mémoire hors du commun. Pour les autres enfants, les manuels étaient plus durs à mâcher qu’une brique, alors que pour elle, ils avaient un délicieux goût de crêpe, elle les dévorait. Elle termina l’école primaire à douze ans et le collège à quatorze. Comme il n’y avait pas de lycée à Longzhan, son père la poussa à aller à Changqing, mais elle fit remarquer qu’après le lycée, elle ne pourrait pas entrer à l’université. Elle serait recalée à la visite médicale en raison de sa petite taille. Ça ne servirait à rien d’étudier au lycée.
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