La danseuse de Yangge : Voyage au pays des nuits blanches

Deux nouvelles composent cet ouvrage.
La première nous amène dans une village du Heilongjiang (grand nord de la Chine), à une date non déterminée mais pas contemporaine. Dans un village où tout le monde se connaît, on attend avec impatience chaque année le quinzième jour du premier mois lunaire qui voit se produire au village la troupe des danseurs du Yangge. Nuluo, une jeune fille de 5 ans perd sa chaussure et se fait amputer de deux doigts. marquée à vie, elle refusera toute son existence d'assister au spectacle.Elle ne verra donc jamais petite parure , une beauté qui tourne la tête aux hommes.

Très beau texte , où l'on retrouve la plume de celle qui écrira Bonsoir la Rose. On pénètre au coeur de la vie de ce village , de ses intrigues , des vies modestes qui se contentent de peu. L'honneur , la trahison sont omniprésents.

La deuxième histoire , voyage au pays des nuits blanches, est une ballade dans la région de l'auteur , l'extrême nord de la province de l'extrême nord de la Chine ! Les nuits blanches y sont fameuses et la narratrice nous amène d'Harbing au village surnommé Pole Nord (c'est là qu'est née Zhi Zijian) avec à ses côtés le mystérieux Ma Kongduo.
C'est un véritable hommage à sa terre que nous livre l'auteur , à nouveau avec une écriture étincelante, sans fioriture, mêlant réalité et fantastique et délivrant une issue bouleversante.

C'est une deuxième rencontre très réussie avec Chi Zijian, qui propose une
littérature épurée des relations avec le communisme, se concentre sur les gens et leur sentiment et arrive à dresser d'eux un portrait qui interpelle le lecteur en peu de mots.
De plus, elle nous fait visiter sa région , ses hivers à -40, son fleuve Amour, ses traditions folkloriques ou culinaires et nous amène même chez sa maman !!!
Une très belle lecture , entre réalisme et fantastique , très poétique servie par une écriture limpide.
Une auteure à découvrir !

La danseuse de Yangge :
La tradition est chose primordiale dans ce petit village du Grand Nord chinois et les fêtes du Nouvel An sont très attendues d'autant que, chaque année, une troupe de danseurs de Yangge, danse populaire chinoise, s'y produit et, surtout, les villageois attendent La danseuse étoile, la bien nommée « Petite Parure », source de convoitise et d'espérance des mâles. le lettré se tuera par amour pour Petite Parure, le bijoutier, homme richissime en est amoureux… enfin bref, toute la vie de ces paysans tourne autour de ce jour où ils La verront danser.
Nuluo, qui a des raisons de ne pas aimer la danseuse, n'assiste plus au spectacle et préfère déambuler dans la rue des lanternes où elle fit une « mauvaise rencontre », celle de Wang, le rémouleur. Il la suit jusque chez elle et abusa d'elle. C'est mal connaître Nuluo qui, lorsqu'elle s'aperçoit qu'elle est enceinte, obligera le rémouleur à l'épouser.
Cette petite nouvelle est pleine de la vie quotidienne de cette bourgade. Les saisons défilent, les gens vivent, meurent, s'épousent, se remarient, vieillissent…
Nuluo va son petit bonhomme de chemin, devenue une herboriste renommée, elle reçoit un jour la visite d'une vieille petite femme qui s'avère être ……

Voyage au pays des nuits blanches :
Le Heilongjiang, la province la plus septentrionale de la Chine, attire les foules une semaine par an, lors de la nuit blanche, moment où la nuit n'existe pas lors du solstice d'été. Elle fait ce voyage, qu'ils auraient voulu faire depuis longtemps, avec Ma Kongduo, son ex-mari. Mais il y a comme un hiatus, personne ne remarque alors qu'elle lui parle et qu'il répond, fait la gueule, boit…. Enfin ce que tout homme fait !
Nous suivons leur voyage, empli de rencontres, jusqu'à l'arrivée au bord du fleuve Amour et là, ils se séparent lors de la soirée « nuit blanche ». La fin de cette nouvelle met un point final et permet la reconstruction de la jeune femme.

Deux nouvelles fort différentes l'une représente la Chine éternelle et la seconde une époque plus moderne où les gens voyagent et font du tourisme. J'ai aimé ces deux voyages, l'écriture de Chi Zijian. Elle dépeint une vie quotidienne où l'attente de l'émerveillement est présente et mobilise toute une population. Les habitants, les touristes vivent dans cet espoir puis dans le souvenir et le fantasme du merveilleux, alors que la vie quotidienne charrie son lot de bonheur et malheur.

Un livre doux et violent, poétique et réel que je vous recommande. le résumé qu'en fait Claude Prin est parfait.

Ce livre de Chi Zijan contient deux nouvelles: « La danseuse de Yangge » et « Voyage au pays des nuits blanches ». J'ai lu la première nouvelle par intérêt pour la Chine. Je ne suis pas allée plus loin parce que j'ai eu du mal à accrocher au style de la romancière chinoise.
Pourtant, il y a les lanternes et la soie, les mois lunaires et le pousse-pousse, le Pavillon Nantian (on ne sait pas ce que c'est, l'école de danse je suppose) et le spectacle de danse rythmant les années, qui donnent l'esprit de la Chine. Mais autour de ces éléments, le texte n'est pas bien construit. J'ai eu du mal à m'attacher à l'enfant, à la jeune fille, à la femme dont l'histoire est racontée. Elle se prénomme Nuluo et ce n'est pas la danseuse de Yangge comme le titre l'indique. La danseuse s'appelle Petite parure et fait rêver la population par sa grande beauté. Elle représente peut-être le rêve et la liberté car les femmes de la ville sont totalement soumises.
Nuluo se fait violer et va avoir un enfant; elle va vouloir épouser son violeur pour ne pas rester sans mari. On ne sait pas de qu'elle époque il s'agit mais les femmes ne sont pas du tout émancipées.
Il y a beaucoup de morts dont au moins 3 suicides dans cette histoire ou tout est prévisible et qui est assez confuse en raison des ruptures de narration qui ne rendent pas la lecture agréable.

Deux nouvelles d'une autrice chinoise contemporaine, avec une présentation par l'éditeur et par elle-même bien menée qui permet de partir sur de bonnes bases pour apprécier cette littérature dont on n'a pas toujours les codes. J'ai aimé voyager en Chine du Nord, avec une belle écriture du quotidien et des petites choses.
La danseuse de Yangge est un peu en spirale, on découvre par touches les personnages gravitant autour de quelques ruelles et une fête annuelle jusqu'à nouer une histoire.
Voyage au pays des nuits blanches est plus directe, bien que mystérieuse, et je l'ai trouvée plus touchante parce que plus sentimentale et peut-être aussi plus porteuse d'imaginaire avec le fleuve Amour et les nuits particulières du solstice d'été.