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Ce dragon avait tout pour me plaire : coloré, asiatique, fascinant, astrologique, puissant, dévorant, mythique, mystique, mystérieux, sauvage... Sa rue ne pouvait être qu'intrigante et se balader dans les quartiers de Taïpei ne pouvait être que dépaysant et addictif. C'est avec ces sentiments d'urgence, de force, de liberté et de dévotion que je me suis plongée dans les lignes de ce roman, comme les dragons de Danaerys plongent sur les ennemis de leur Reine, les babines déjà salivantes de la saveur de leur prochain festin. Et pourtant... Dès les premières pages, une espèce de langueur brumeuse s'est installée, me coupant ferme dans mon élan enthousiaste. Wei-Jan Chi plante son décor et la psychologie de ses personnages de manière lente, patiente, contemplative. Trop... Quel contraste déstabilisant avec mon énergie en vol. Le dragon de lectrice en moi s'est retrouvé à chuter lourdement, perdant au passage quelques écailles et sa fougue légendaire. J'ai failli abandonner le combat. Mais je suis de celles qui vont au bout de l'aventure. J'ai repris du poil de la bête. Je me suis relevée, debout comme un seul homme, comme une seule femme ou comme Falkor-Fuchur pour une Histoire sans fin.... ou pour la fin de l'aventure de la Rue du dragon couché. Et au final j'ai bien fait. La deuxième partie du roman est plus dynamique. L'enquête pour trouver le serial killer du quartier se fait quête d'identité, de croyances et d'intériorité. La dragonne en moi plane et survole le quartier des Pompes funèbres. L'histoire s'en va vers son dénouement. J'atterris, avec maîtrise, sans grande surprise. le danger s'écarte et je peux rentrer dans ma grotte, le sentiment du devoir accompli. J'aurais espéré une fin surprenante. Je reste sur ma faim. C'est pas grave. C'est l'heure d'hiberner. Le voyage fut intéressant, sans plus. Je dois être une dragonne un peu trop occidentale pour comprendre la profondeur et la richesse de ce texte. Je retournerai à Taïpei un jour, lorsque sera venue la prochaine année du Dragon. En attendant, je garde mon feu sacré en moi pour le laisser jaillir lors d'une prochaine lecture coup de coeur. + Lire la suite |