Le Zeppelin, comme un ovni que l'on scrute dans le ciel de cette rentrée littéraire 2016, bouleverse toutes nos croyances en matière de roman, nous ébranle, nous secoue, et nous fait douter de ce que nous avons lu.
Ce livre est simplement prodigieux, phénoménal, exceptionnel, donc forcément indispensable, et occupera résolument une place à part dans la littérature et une bibliothèque.
Coté histoire,
Fanny Chiarello nous embarque dans une ville qui n'existe pas, à la rencontre de douze habitants qui vont nous faire vivre leur journée, ce long 26 juillet, ou tout bascule, ou un Zeppelin vient projeter son ombre sur le centre historique de la ville. Conçu comme un « livre chorale », ou à tour de rôle chacun prend la parole, et au détour du récit, vient compléter le tout que forme le roman. Chaque chapitre se présente comme une pièce d'un puzzle que le lecteur doit assembler s'il veut comprendre l'avancée de l'histoire (hé oui, lecteur, il faut un peu bosser, un peu se creuser la tête, et faire marcher ses neurones, c'est pas du populo-demago, c'est pas du produit formaté pour une morale de bas étage).
Ce zeppelin est vécu, comme un film catastrophe (l'auteur cite le film Tremblement de terre de 1975) tant dans le récit que dans la forme, avec ses entrées multiples qui toutes convergent vers le point culminant du roman. La construction par chapitre est exploitée avec une maitrise parfaite, transforme la lecture en jeu de piste, en ricochet, et chausse trappe, jusque dans le formalise des lignes coupées, des paragraphes tronqués.
Et là, le talent de
Fanny Chiarello vient s'en mêler et transforme une «simple» histoire en cyclone. C'est drôle, c'est féroce, c'est cruel, c'est de l'humour noir au compte goute et bien plus encore, porté par une écriture exquise, juste, précise et forcement redoutable. L'auteur est là où on ne l'attend pas et nous surprend pages après pages. On est très loin de ces précédents romans ce qui prouve toute l'étendue de son art.
On louche vers le non-sens le plus absolu, vers ce que
Woody Allen a pu écrire de plus percutant dans les dialogues, vers ce que les Monthy Python peuvent mettre en scène ou même
Lewis Carroll. C'est
Alice de l'autre côté du miroir pour adulte. On se met même à penser quel film cela ferait si ce roman tombait entre les mains d'un
François Ozon !!!
Alors si vous aimez la devinette du Chapelier Fou « Pourquoi un corbeau ressemble à un bureau ? », si vous aimez les années qui se comptent en frigidaire, si vous mangez des millefeuilles alors que vous préférez les croissants, si vous pensez être victime du syndrome canard-bouée, ou que le prénom Valérie ne commence décidément pas par un S, que vous vous inquiétez du sort d'un poulet plumé, que vous n'avez pas peur de vous embarquez dans un zeppelin ou dans une histoire folle racontée avec un talent fou, ce livre est fait pour vous ! ! !
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