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EAN : 9782757836972
140 pages
Points (17/10/2013)
3.96/5   25 notes
Résumé :
"Grimoire : Un joli mot à deux entrées, moitié gribouillis, moitié mémoire, qui coule dans la bouche avant de fuir en entonnoir". Piquants comme grésil ou guêpière, comiques comme topinambour ou potée, solennels et mystérieux comme crépuscule ou sibyllin, les mots séduisent Philippe Delerm. Il caresse leur étoffe, s’enchante de leur musique et célèbre leur puissance évocatrice.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Découvert lors de la Nuit des bibliothèques, j'ai trouvé l'idée intéressante de mettre en avant les mots que nous côtoyons tous les jours...
Moi qui suis devenue une amoureuse des mots au fil des années, je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas eu l'idée avant, de créer une collection de mots que j'aime et de dire pourquoi certains m'attirent plus que d'autres. Je vais donc partir à la chasse aux mots qui me marquent, qui me plaisent.
Un petit livre que je vous laisse découvrir, à consommer sans modération si comme moi vous aimez les mots et que vous souhaitez passer un instant de poésie au milieu des mots de langue française. Car les mots vivent à travers nous.
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Un de mes préférés : Allégresse
« Ça ne jaillit pas vers les hauteurs oxygénées, comme la joie. Ça n'interroge pas le cours de la vie, comme le bonheur. Mais c'est un joli mot, qui déploie le corps et l'esprit dans un assentiment au monde. On n'attend rien de plus, simplement de goûter comme jamais la fraîcheur du petit matin. À bicyclette, c'est bien pour ça, quand la ville dort encore, le pédalage peut traduire cette rondeur inattendue, parfaite. Des pas de danse dans la tête, on n'a aucune raison de faire la fête, et c'est ça, l'allégresse. S'étonner d'être bien, et puis s'abandonner. On a des ailes, et quand même ça dure un peu dans le presque grave, avant de se dissoudre sans regret. Ça vous tombe dessus puis ça s'en va, ça reviendra par hasard sans qu'on sache pourquoi.
C'est un des rares sentiments qui ne génère aucune angoisse, aucun désir de possession, aucun regret. Ça vous pénètre et ça ne vous appartient pas. Un mélange de sensations ? Mais non, c'est beaucoup plus profond que ça, et plus insaisissable. On n'aura pas la clé. Il faut se laisser faire. »

Alors laissez-vous faire et plongez dans ce délicieux petit livre de Philippe Delerm qui décidément excelle dans le registre des mots. Pas tout à fait aussi facétieux que « Ma grand-mère avait les mêmes » ou encore « Je vais passer pour un vieux con », mais justement et au contraire avec beaucoup de charme, il nous conte les mots de notre vie ou de nos instants vécus avec une telle justesse et poésie qu'on se surprend, pour certains, à les garder en bouche pour le plaisir.

Une lecture reposante et bienfaisante …au besoin, et non dénuée de surprenantes songeries parfois.
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Un tout petit livre...
Rapidement lu, un livre très agréable consacré à quelques dizaines de mots appréciés par le père du meilleur chanteur français. C'est souvent poétique, toujours subtil et parfois très drôle ainsi lorsque découvrant le topinambour il s'aperçoit que nos anciens nous ont enfumé en nous faisant croire que cela avait été un véritable enfer d'en manger durant la Seconde guerre mondiale...
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Philippe Delerm dresse la liste des mots de la langue française qu'il aime le mieux, et, dans de petits textes pleins de verve, d'humour, de poésie ou de nostalgie, il explique ce qu'ils représentent pour lui ou ce qu'ils lui évoquent. Cela va des plus simples, banals, communs, tels « vin », « bleu », « neige » ou « café » aux plus raffinés « contentieux », , « camerlingue » ou « gourgandine ».
Le plus mystérieux, sans conteste, c'est « crépusculoroyos » qui l'a fait rêver longtemps quand il était enfant. Jusqu'au jour où il a découvert que ce poème qu'il roulait sur la langue avec délice, n'abritait, en fait, que des « crépuscules royaux » bien moins surprenants!
« La saudade n'est pas confite dans sa déréliction. Née de l'idée de solitude, elle en exprime à la fois la tristesse et la satisfaction, le sentiment de vivre un peu plus fort en approchant la nostalgie, dans un velours de brume. » Et la javanaise nous emporte sur les paroles de Gainsbourg: « j'avoue j'en ai bavé pas vous » vers la loge d'une « Kiki de Montparnasse inaccessible, évanouie par avance dans les volutes de fumée. »
Quant à moi, je me laisse griser par la musique des mots qui m'élèvent vers des nuages éthérés bien loin des miasmes de notre triste quotidien.
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10 écrivains et artistes choisissent leurs 10 mots préférés de la langue française et écrivent pourquoi... On ne s'étonnera pas que ce soit une collection dirigée par Philippe Delerm. Sympa, parfois étonnant, mots simples ou compliqués.... A picorer.
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critiques presse (1)
Telerama
10 octobre 2013
En s'offrant une incursion, comme auteur, dans la collection Le goût des mots, qu'il dirige chez Points, l'apologiste de La Première Gorgée de bière dresse la liste de ses préférés. Un ouvrage inédit et savoureux.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Dans le petit monde de la littérature, l’adjectif et plus encore l’adverbe ont mauvaise presse. Les éradiquer le plus possible est considéré comme un politiquement correct du style. Ils sont ressentis au mieux comme des producteurs de clichés, au pire comme des matériaux de stuc et de toc, voués à un laborieux remplissage. Parmi les écrivains que j’aime, deux sont des contempteurs farouches de l’adjectif et de l’adverbe : Paul Léautaud et Jules Renard. À les fréquenter, à les aimer, je sais que je prends auprès d’eux des leçons de sveltesse et d’économie. Mais les hommes sont toujours un tissu de contradictions. Bien au dessus de Renard et de Léautaud, je place Marcel Proust, qui a bien rarement boudé l’adjectif. Mais quoi ? Qui me dira qu’il ne fallait pas écrire que l’odeur du couvre-lit de la tante Léonie était « poisseuse » et « fruitée » ? Poisseuse et fruitée. Au-delà de l’odeur, on sent même la texture agaçante et douceâtre du couvre-lit, et comme une volupté vénéneuse du retirement et de la mélancolie.

Proust, qui pensait essentiellement par paradoxe, en réalise un quant au style : c’est précisément parce qu’il a d’ordinaire vocation au stéréotype que l’adjectif peut devenir génial et singulier chez le grand écrivain.

J’ai repensé à cela en réalisant récemment la formidable biographie que Pierre Assouline a consacrée à Georges Simenon. Bien qu’adoubé avec une belle constance par André Gide, ce dernier est souvent jugé avec un peu de mépris comme un écrivain populaire. mais ce n’est vraiment pas si simple dans son cas. Assouline évoque le roman « Le Testament Donadieu », dans lequel le père de Maigret raconte la déchéance sociale d’un banquier ruiné, contraint d’acheter des billets de troisième classe pour voyager. Il pénètre dans un compartiment rempli de soldats. le train démarre. Et Pierre Assouline cite cette phrase incroyable qui clôt à la fois un chapitre et une partie du livre : « Quelqu’un, près de lui, épluchait déjà une orange. »

Epluchait « déjà » une orange. il y a tout dans cet adverbe. La vacuité d’un morne trajet, et d’avantage encore la vacuité mentale des occupants désoeuvrés du compartiment, l’horripilation de l’ancien banquier, condamné à partager les miasmes d’une humanité qu’il méprise. Dans ce « déjà », on éprouve physiquement l’épaisseur de l’ennui, l’écoeurement de l’atmosphère, et aussi la médiocrité du « héros », incapable de vivre cela autrement. C’est aussi magique que les premières phrases des Maigret qui, mises bout à bout, constitueraient une anthologie délicieuse du plaisir d’être dans Paris.

Juste un adverbe. Juste un grand écrivain. Déjà.
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Carambar. Une barre de caramel dur, dont la minceur ne doit pas faire illusion. Dès l'attaque de l'incisive, le carambar se révèle étonnamment rebelle. A défaut de pouvoir le couper en deux, on l'engloutit en le pliant, sans rapprocher vraiment les parties opposées. Dès lors, il tient beaucoup de place et répand dans le palais une saveur des plus désirables, mais trop.
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Les mots nous intimident. Ils sont là, mais semblent dépasser nos pensées, nos émotions, nos sensations. Souvent, nous disons : « Je ne trouve pas les mots. » Pourtant, les mots ne seraient rien sans nous. Ils sont déçus de rencontrer notre respect, quand ils voudraient notre amitié. Pour les apprivoiser, il faut les soupeser, les regarder, apprendre leurs histoires, et puis jouer avec eux, sourire avec eux. Les approcher pour mieux les savourer, les saluer, et toujours un peu en retrait se dire je l'ai sur le bout de la langue - le goût du mot qui ne me manque déjà plus.
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Bonheur,
S'il n'y avait qu'un mot, ce serait celui-ci. Bonheur ce luxe douloureux, ce beau souci. Pendant de siècles et des siècles les hommes en ont fait l'économie. Il chassaient seulement la joie ou le plaisir, résignés à n’espérer une satisfaction durable qu'au delà de cette vallée de larmes appelée la vie. Et puis ils ont commencer à vouloir s'accomplir sur la terre. Alors est née l'idée, alors est née le mot bonheur.Un mot très sourd. Le b comme un début de bulle, comme un désir d'envol. Mais la seconde syllabe dure dans le feutré profond, semble épouser l'horizontalité à peine courbe de la planète. Bonheur. Beaucoup prétendent n'y pas croire, et le conjuguent seulement au passé inconscient, au futur impossible. Le mondes nous envoie sans cesse les pires nouvelles du monde, mais nous ne sommes pas dupe: tout ce pessimismes n'aurait pas de sens s'il n'y avait la certitude qu'autre chose nous mène, qui dépasse de beaucoup le zénitude, la paix, l'équilibre ou l'harmonie.Un quelque chose si discret, presque impossible à dire et qui trouve pour ce nommer un mot si retenu, dont l'écho grave se prolonge à tout jamais. Bonheur
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On peut quitter le jour, abandonner la vie tristement, discrètement, sans tambours ni trompettes. Mais être à son crépuscule implique un face-à-face hiératique dans l’emphase. Un grand barbu hollywoodien regarde son destin. Ou un Victor Hugo. Un dieu toise l’idée de Dieu. Oui oui, le crépuscule est un peu ridicule.
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Vidéo de Philippe Delerm
Rentrée littéraire 2023 - "Les Instants suspendus" de Philippe Delerm
« Ce n'est pas un éblouissement, pas une surprise. On est tout à coup dans cette lumière-là, comme si on l'avait toujours habitée. On vient de sortir du tunnel. le train n'a pas changé de cadence, il y a juste eu un petit crescendo dans la musique, moins un bruit de moteur qu'une tonalité nouvelle, offerte au vent. Une infime parenthèse entre deux talus, et d'un seul coup : le paysage. Montagne, lac ou forêt, château en ruine ou autoroute, on sait tout absorber, tout devenir. »
Comme on les chérit, ces instants suspendus dans nos vies. Passer le doigt sur une vitre embuée. La mouche de l'été dans la chaleur de la chambre. le jaillissement du paysage à la sortie du tunnel ferroviaire…
Philippe Delerm n'invente pas ces moments, il les réveille en nous. Il leur donne une dimension d'horizon infini. On ne savait pas qu'on abritait tous ces trésors, Delerm les met en écrin. Entre humour subtil et nostalgie, un recueil dans la droite ligne de ses grands succès, La Première Gorgée de bière, La Sieste assassinée ou Les Eaux troubles du mojito.
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