[...] fantaisies sémantico-géographiques concoctées par Patrice Delbourg :
L'erreur est du Maine.
On n'est pas de Blois.
Passe Quimper et gagne.
Jura mais un peu tard.
Faire à Mende honorable.
Etablir une bonne Mayenne.
Attention Lisieux.
Si toi aussi tu m'as Bandol.
De l'eau Dax, toujours de l'eau Dax.
Fécondation in Vitrolles.
O Niçois qui mal y pense !
Super-fête à Thouars.
Le dernier Chalon où l'on cause.
Bon pied Bonneuil.
Ce Tage est sans pitié.
Alençon fan de la patrie.
Elle ne dort que d'Hanoi.
(p. 168)
Vous pleurez quand vous 'épluchez' des oignons ? Non, parce que vous les 'pelez'.
'Peler' et 'éplucher' sont certes synonymes mais avec une légère nuance : quand on épluche, on nettoie en enlevant les parties mauvaises, quand on pèle on enlève les parties inutiles. On 'pèle' une banane, mais on 'épluche' une pomme de terre. Alors ? Pèlerait-on les fruits et éplucherait-on les légumes ? Ce n'est pas si simple. Je pèle les pommes, les poires [...] mais j'épluche les marrons qui sont des fruits. J'épluche la salade, mais si !
(p. 85)
Recette de la dinde au whisky
Barder la dinde de lard. Préchauffer le four thermostat 7.
Se verser un verre de whisky, le boire. Mettre la dinde au four.
Se verser 2 verres de whisky, les boire.
Après une demi-heure, fourrer l'ouvrir et surbeiller la buisson de la dinde. Brendre la vouteille et s'enfiler une bonne rasade et dituber jusqu'au four.
Oubrir la porte, reburner, revourner, enfin bref,... mettre la guinde dans l'autre sens et reverdir 5 ou 6 verres de whisky. Buire, non, lui, non, cuire, j'sais pus, la bringue bandant quatre heures. Retirer le four de la dinde et hop! cinq verres de plus.
Rabasser la dinde (l'est tombée bar terre) et la voutre sur un plat. Verser chaud, euh, non, servez chaud.
Je crois savoir que 'cuissardes' et 'représailles', entre autres, n'existent qu'au pluriel. Soit. Mais il faudrait peut-être les mettre au goût du jour. Chacun sait que les églises se vident, et qu'il n'y aura peut-être, hélas, bientôt plus qu'une 'ouaille'. Et, pour peu qu'il s'agisse d'une sans domicile fixe on peut se demander si elle ne serait pas contente au cours de sa pauvre vie de se délecter d'une 'victuaille', d'habiter une 'pénate' et de bénéficier d'une 'obsèque'.
(p. 31)
Il nous arrive constamment d'entendre dans les conversations des liaisons mal venues, surtout à la suite de nombres, par exemple 'cent zeuros'*. Petite histoire à propos de ces liaisons... mal-t-à-propos :
"- Madame, cet éventail est-il à vous ?
- Il n'est point-t-à-moi.
- Et vous madame ? Il ne serait pas à vous ?
- Il n'est point-z-à-moi.
- Alors s'il n'est point-t-à-vous, s'il n'est point-z-à-vous, je ne sais pas-t-à qui est-ce !"
Pas-t-à qui est-ce ? Cela vous rappelle quelque chose ? Le mot 'pataquès' bien sûr qui vit le jour au XVIIIe siècle à la suite de cette jolie formule.
(p. 71)
[* ou des z'harnais]
On ne cesse de nous rabâcher que seuls les Verts pourront sauver la planète.:Oui, mais quel vert ? Le vert de gris,le vert absinthe,amande,anglais,bouteille,chartreuse,chrome,eau,émeraude,empire,gazon,glauque,impérial,jade,kaki,malachite,menthe,menthe à l'eau,mousse,militaire,olivacé,olivâtre,olive,opaline,pistache,poirau, pomme,porracé,prairie,prasé, pré, printemps,tilleul,sapin,sauge,sinople,smaragdin,véronèse,vessie,viride ??
Les mots en drôles de couples
Le jour où le carabin épousera sa carabine, le mandarin sa mandarine, le capucin sa capucine, le pèlerin sa pèlerine et le camelot sa camelote, on sera sérieusement en droit de se poser des questions sur l'évolution des moeurs dans notre pauvre pays.