Dernier volume en date traduit en français mettant en scène l'indestructible Jack Reacher,
61 heures voit son héros échouer par hasard en pleine tempête de neige dans une bourgade perdue du Dakota du Sud. Bolton, ville qui s'est considérablement développée grâce à l'installation d'un complexe pénitentiaire, vit des moments difficiles. En effet, alors que la tempête fait rage, les services de police ont bien du mal à assurer la sécurité d'un témoin qui doit prochainement déposer devant un tribunal pour expédier en prison les dirigeants d'une bande de bikers spécialisée dans la fabrication de drogue de synthèse. Or, il semblerait qu'un narcotrafiquant mexicain ayant des intérêts dans l'affaire veuille se débarrasser de ce frein à son expansion.
Il y avait longtemps que le hasard, qui fait bien les choses, n'avait pas comploté pour coller Jack Reacher dans le pétrin. Ou plutôt pour coller ceux que croise Jack Reacher dans le pétrin… parce que bon, rappelons ici à ceux qui ne le connaîtraient pas encore, que Jack Reacher est un peu la version intelligente de
Chuck Norris et qu'on ne la lui fait pas. On le verra donc ici porter secours à un groupe de retraités coincés dans un bus, envoyer en quelques secondes deux bikers à l'hôpital, faire baisser les yeux à cinquante autres, retrouver un fugitif par téléphone grâce à ses exceptionnelles capacités de déduction et, à l'occasion, expédier quelques méchant ad patres.
Et pourtant, une fois de plus, cela fonctionne plutôt bien. D'abord parce que
Lee Child – même si on se serait passé du compte à rebours censé créer une tension mais qui ne sert à rien – réussit à l'aide de la tempête, du froid, et de l'espace limité dans lequel doit évoluer son héros, à mettre en place un suspense efficace sans abuser des scènes d'action pure. Ensuite parce que, une fois n'est pas coutume, il réussit à mettre Reacher en position de faiblesse ; toujours un peu en retard, gêné par le froid qui devient une véritable obsession, se liant à une inconnue par téléphone et à la vieille dame qu'il est censé protéger et qui va jusqu'à faire naître un embryon de doute sur sa manière de vivre. Par ailleurs, si les codes du thriller alliant suspense et action sont respectés,
Lee Child insère en filigrane une petite, certes, mais néanmoins intéressante réflexion sur la privatisation du système pénitentiaire américain et les failles d'une administration qui se laisse dévorer par les entreprises privées.
Cela débouche au final sur un honnête roman d'action sans doute moins manichéen qu'à l'accoutumé avec son lot de suspense, d'explosions de violence et de répliques bien senties à prendre au deuxième degré. Un bon volume de cette série.
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