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Critique de vincent34380


Jack Reacher, héros récurrent de Lee Child, est un ex-officier de la police militaire dont le quotidien consiste en une suite quasiment ininterrompue d'affrontements physiques avec des malfaisants de tout acabit. Il n'a pas d'adresse fixe, ni de bagages, sauf sa brosse à dents pliante. Il parcourt le pays en auto-stop (à l'occasion en bus Greyhound) et mange dans des « diners » bon marché. « C'était pas cher, et ça ne m'a pas tué ».
Il a un don certain pour se mettre dans les ennuis, et s'en sortir à son avantage, moyennant la distribution gracieuse de quelques horions.

Reacher est en Virginie du Nord pour enfin rencontrer le Major Susan Turner, maintenant commandant de son ancienne unité. Il ne connaît que sa voix, n'ayant eu avec elle que des échanges téléphoniques, une sorte de flirt à distance, lors d'aventures précédentes.
Au motel où il réside, deux types se présentent à sa porte et lui enjoignent de quitter la ville, à moins qu'il ne veuille être traduit en cour martiale sous le motif qu'il aurait discrédité son unité ! Mais Reacher n'est pas homme à se laisser intimider. Au terme d'une séance de baston dont il a le secret, rapide et efficace, il se débarrasse des deux fâcheux.

« le type sur la gauche tanguait comme sur un bateau. Celui sur la droite chancelait en arrière. Tout déséquilibré, le type de gauche se tenait sur les talons, le torse exposé. Reacher lui décocha une droite genre coup de gourdin au plexus solaire, assez forte pour lui couper le souffle, assez douce pour ne pas causer de lésions neurologiques durables. le type se replia sur lui-même, s'accroupit, et agrippa ses genoux. Reacher passa à côté de lui et s'attaqua au type de droite, qui le voyait venir et lui décocha une faible droite de son cru. Reacher la contra avec l'avant-bras gauche et en remit une couche dans le matraquage en plein plexus.
Le type se plia en deux, tout pareil.
Ensuite, il fut assez facile de les faire pivoter pour qu'ils regardent dans la bonne direction puis, d'un coup de semelle de grosse chaussure, de les pousser vers leur voiture, d'abord l'un, puis l'autre. Ils la heurtèrent tête la première, plutôt violemment, jusqu'à cabosser les portières, s'étalèrent et restèrent allongés par terre, haletants mais encore conscients.
Une voiture cabossée à justifier et des maux de tête le matin. Rien de plus. Plutôt clément vu les circonstances. Charitable. Attentionné. Délicat, presque. »

Au Q.G de son unité, les ennuis commencent : Susan Turner n'est pas à son bureau. A sa place, le colonel Morgan, qui explique à Reacher qu'elle est suspectée de fraude, possédant un compte aux Iles Caïman crédité de 100.000 dollars. Elle est emprisonnée et mise au secret. Pour Jack, cette explication est insuffisante. Il insiste pour la voir, ce qu'on lui refuse.
Comme par hasard, il se trouve bientôt accusé d'un homicide qu'il aurait commis 16 ans auparavant, et d'une recherche en paternité pour une jeune fille de 14 ans, née d'une femme qu'il ne se rappelle même pas avoir connue.
De plus, à cause de renvois en tout petit caractères, au bas d'un formulaire qu'il avait signé lors de son engagement, et qui stipulent qu'il peut être rappelé dans un certain délai, Reacher se retrouve réintégré dans l'Armée, et donc contraint d'obéir aux ordres.

Ça commence à faire beaucoup pour Jack qui y voit là une volonté délibérée de le mettre à l'écart. Pour libérer Susan Turner, il va lui-même se laisser incarcérer et manoeuvrer pour être placé dans une cellule contiguë. Au moyen de quelques ruses et subterfuges, agrémentés de plusieurs plaies et bosses, les « enfermants » se retrouvent enfermés, et les ex-enfermés prennent la clef des champs.

Les deux majors de la police militaire, l'ancien et la nouvelle, vont se retrouver embarqués dans un sacré imbroglio, sur fond de trafic d'armes et de drogue dans lequel sont impliqués la D.E.A (Agence Anti-Drogues), et des militaires de très haut rang. Une fois leurs forces mises en commun, Turner et Reacher font faire la preuve de leur efficacité.
Tout au long de leur périple à travers les Etats Unis, leurs déplacements font l'objet de plusieurs échanges téléphoniques entre deux mystérieux individus. Juliette et Roméo, probablement des noms de code, ont l'air particulièrement bien renseignés sur le parcours des fugitifs, ce qui laisse supposer des fuites dans la chaîne de commandement.

Au contact de Turner, Reacher va s'ouvrir un peu et dévoiler au lecteur un peu de son passé, des choses qui font de lui l'homme qu'il est devenu. On le découvre dans ce roman sous un jour un peu différent, mais toujours aussi déterminé et ne reculant pas devant la violence gratuite en plusieurs occasions.

En revanche, il se trouve curieusement attendri devant Samantha, cette jeune adolescente qui pourrait être sa fille et en qui il veut se reconnaitre un peu. Leur rencontre, complètement inattendue est l'occasion de belles pages, qui nous font voir un Reacher un peu moins monolithique et enfin plus humain.

L'auteur nous capte dans les filets de son histoire, entre Virginie et Californie, avec moult rebondissements et retournements de situation. Et dans ce panier de crabes militaro-politique, Reacher et Turner naviguent avec une aisance confondante, l'intuition de l'une s'ajoutant à la force de l'autre.

Lee Child est un véritable « storyteller », qui pimente son récit de pas mal de touches d'humour. A ce propos, la description physique de Reacher vaut son pesant de cacahuètes.
« La puberté lui avait apporté des améliorations sans qu'il ait rien demandé, dont sa stature, son poids et un corps extrêmement mésomorphe, avec des abdos découpés comme une rue pavée, des pectoraux dignes d'épaulières de football américain, des biceps comme des ballons de basket et de la graisse sous-cutanée de l'épaisseur d'un Kleenex. Il n'avait jamais rien trafiqué. Ni régimes. Ni haltères. Ni club de gym. « Si ce n'est pas abîmé, on ne répare pas », tel était son point de vue. »

Reacher prend parfois quelques libertés avec la légalité, comme le montre l'emprunt d'un cabriolet Chevrolet Corvette, et de la modique somme de 80.000 $ à un dealer de drogue. Il n'en avait plus l'utilité, vu qu'il était mort dans l'incendie de son labo.
« – Il n'en a plus besoin. Et nous n'avons plus que quatre-vingt-huit cents. »
A noter le petit clin d'oeil à destination d'un confrère : l'usurpation d'identité et l'utilisation frauduleuse d'une carte de crédit au nom de David Baldacci, auteur de thrillers bien connu, qui serviront à couvrir et financer la fuite de Reacher et de sa compagne.

Aux grincheux qui me diront « Oui, on a lu cent fois cette histoire », je répondrai : c'est vrai, mais que voulez-vous, j'aime Jack Reacher! Comme j'aime Dave Robicheaux, Walt Longmire, Harry Bosch ou Jack Taylor. Je suis attaché à ces personnages, et qu'importe si la qualité des romans est inégale, c'est un vrai plaisir, chaque fois renouvelé, de les retrouver, comme on retrouve de vieux amis.

Ce roman, 18ème de la série, n'a pas dérogé à la règle. Je ne vais pas crier « Géniaaaal!!! », ni au coup de coeur, mais il m'a permis de passer un très bon moment d'évasion et de détente sans prise de tête, en compagnie de Jack.
Et c'est bien là le principal!



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