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Critique de vincent34380


Les origines du mystère Reacher.
« En général, personne ne se souvient d'une histoire de cavalier solitaire. Mais personne n'oublie jamais le cavalier.»
Lee CHILD

Mon ressenti :

Depuis une quinzaine d'années et autant de romans, nous suivons Jack Reacher au long de son errance sans fin à travers les Etats-Unis. Ce que nous savons de lui, c'est que c'est un ancien major de la Police militaire, qu'il a quitté l'Armée avec de bons états de service. Sa principale caractéristique est de voyager léger : aucun bagage, si ce n'est une brosse à dents pliante. Il achète ses vêtements au fur à mesure de ses besoins, dans des friperies. Depuis, il a gagné sa place dans le panthéon des héros américains, sympa et audacieux.
Mais la série des Reacher, comme beaucoup d'autres séries, est arrivée à un point où il faut continuer d'aller de l'avant pour survivre. Et même si certains titres sont plus réussis que d'autres, ils obéissent aux mêmes règles, et les possibilités d'évolution sont limitées.

Il était donc temps pour Lee Child de nous réserver une surprise, et de taille !

Ce titre de Lee Child bouscule le statu quo en nous dévoilant le mystère de la création de Jack Reacher. Reacher est né dans une base militaire de Berlin-Ouest, fruit des amours d'un marine américain et d'une Française. Il passe trois ans à West Point, puis entre dans l'armée. Dans la police militaire plus exactement. En dépit de quelques flashbacks, et quelques aperçus de l'histoire familiale des Reacher, ses origines restent mystérieuses.Au début de la série, ce n'était qu'un ancien officier de la Police militaire, sans bagage. C'est sûr, c'est un vagabond, solitaire et homme d'habitudes, mais nous ne savions pas comment il en était arrivé là.

« Mission Confidentielle » commence, de façon fort habile, au moment le plus crucial dans la vie de Reacher : le moment où il a dû quitter l'Armée. Au moment d'entrer dans le Pentagone, il dit « Bien entendu, je me rappelle la date. C'était un mardi, le 11 mars 1997. C'est aussi le dernier jour où j'entrais dans cet édifice en tant qu'employé des personnes qui l'ont construit.
Ca remonte à loin. »
Le 11 mars 1997, c'était aussi, pur hasard, quatre ans et demi jour pour jour avant que le monde change en cet autre mardi à venir, et donc, comme beaucoup de choses au bon vieux temps, la surveillance à l'entrée du hall principal était scrupuleuse sans être frénétique. Non pas que mon apparence eût suscité l'hystérie. du moins de loin. Je portais mon uniforme de classe A, impeccable de haut en bas, bien repassé, ciré et astiqué, et j'arborais sur la poitrine treize années de rubans, de médailles, de décorations et de citations. J'avais trente-six ans,, j'étais grand et me tenait droit comme un I en avançant, major de la police militaire américaine en tenue parfaitement règlementaire, hormis mes cheveux trop longs et ma barbe de cinq jours. »

En quelques lignes voila tracé le portrait de Jack Reacher, tel que nous le retrouverons au cours de ses 15 prochaines aventures, à quelques détails près, et l'uniforme en moins, bien entendu.

Le colonel Leon Garber, son commandant, l' envoie à Carter Crossing, petite bourgade rurale du Mississipi, en tant qu'agent sous couverture, en civil, pour tirer au clair et désamorcer un possible scandale impliquant l'Armée. Une jeune femme a été égorgée à proximité d'une base militaire, cantonnement de deux compagnies impliquées dans une activité secrète au Kosovo (pas un gros problème, comme le pense le Reacher de 1997).
Et au fil de son enquête, nous assisterons à la « construction » du Reacher que nous connaissons : la rencontre avec la brosse à dents qui devient le symbole de son indépendance, son goût pour la nourriture simple des diners et ses critères de sélection « C'était pas cher, et ça ne m'a pas tué »

Reacher va être amené à rencontrer Elizabeth Deveraux, shériff du coin, ayant elle aussi un passé militaire, ce qui en fait une sorte d'alter ego féminin, avec qui il va avoir une relation amoureuse (d'où le titre original du livre : The Affair), laquelle donne lieu à quelques scènes de sexe, décrites avec beaucoup d'humour.

Mais la présence de Reacher dérange, apparemment. Il va donc se trouver contraint de rosser quelques gens du cru.. Ce n'est pas qu'il ait un goût particulier pour la bagarre, mais quand il n'y a pas moyen de l'éviter, il préfère frapper le premier, vite, et fort…
« Règle élémentaire face à six adversaires : être rapide. On doit passer le strict minimum de temps avec chacun. Ce qui implique de frapper chaque individu une seule fois. Parce que c'est le minimum. On ne peut pas frapper moins d'une fois… Alors j'étais prêt à louper le troisième. M'attaquer directement au quatrième ? le troisième partirait peut-être en courant. C'est sûr, l'un deux s'enfuirait. Je n'ai jamais vu une bande rester groupée une fois que les premiers crânes ont percuté le trottoir. »

« Jack Reacher est un héros américain, et quand je l'ai écrit, j'avais en tête les héros solitaires des westerns » déclarait Lee Child. Reacher est plus un justicier et un redresseur de torts qu'un policier traditionnel, et tuer de ses mains un être nuisible ne lui fait pas plus d'effet que ça. Malgré cela, ce personnage est attachant, et promène sur ses semblables un regard désabusé. C'est également un personnage plein d'humour.

Durant son séjour dans cette petite ville, les éléments qu'il découvre lui laissent penser qu'il est peut-être manipulé, et que ceux qui l'emploient, militaires ou politiques, ne sont peut-être pas à l'abri de tout soupçon. Alors va se poser à lui la question qui mettra en jeu son avenir. Obéir aux ordres, ou bien faire éclater la vérité, avec les risques que cela implique ?

« Mission confidentielle » est un roman fort bien ficelé, un page turner, avec une intrigue particulièrement tortueuse, mais qui tient très bien la route, et un vrai sens du rythme et de l'action. Nous avons droit à une revue complète du système politique américain, avec ses lobbys, sa corruption. Lee Child, pur British natif de Coventry, nous décrit de aussi très belle façon l'Amérique profonde, celle des campagnes déshéritées, des « rednecks » prompts à faire le coup de poing contre tous ceux qui ne sont pas de leur monde. La tension ne faiblit pas tout au long du roman, jusqu'à son final, impitoyable et spectaculaire pour ce qui est de l'enquête… Quant à Reacher lui-même, « Je choisis une rue au hasard, mis un pied sur le trottoir, l'autre sur la chaussée, et tendis le pouce. »

Et pour les fans inconditionnels de Reacher, dont je fais bien évidemment partie, c'est un roman clé, un roman refondateur, si j'ose dire. J'ai pris un pied terrible avec ce livre, tout bonnement irrésistible….
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
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