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EAN : 9782213677217
288 pages
Fayard (20/11/2013)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Sous l'Occupation, Paris ne reste pas silencieux. Peu après l'installation des Allemands, les musiciens reprennent leurs activités comme l'ensemble des artistes. Les salles de concerts et les studios radiophoniques et d'enregistrement se remettent à fonctionner. Dans ce contexte, nombre d'interprètes et de compositeurs français bénéficient de conditions de travail inédites, profitant de l'absence de concurrence étrangère conjuguée à la mise à l'écart des œuvres de s... >Voir plus
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Cet ouvrage rassemble un ensemble d'études sur la vie culturelle pendant l'occupation. On y aborde la récupération dont certains compositeurs ont fait l'objet. On observe en détail la place que des musiciens et des interprètes ont choisi d'avoir pendant l'Occupation et les conséquences que ces choix ont eu sur leur carrière en s'appuyant sur des documents historiques. On y parle des moyens de diffuser la musique au temps de l'Occupation et de l'importance que la musique revêtait au regard de l'occupant qui la concevait comme un moyen d'imposer une domination psychologique sur les Français. Ces études sont très enrichissantes et montrent comment le monde de la musique a traversé la guerre.
Dans le domaine du spectacle, à Paris, l'occupant contrôlait les salles de théâtre. Il pouvait se rendre dans les loges gratuitement. Il mettait à disposition de ses soldats des théâtres, des cabarets, des cinémas. Il pouvait même faire fermer des salles en faisant pression sur certaines matières premières comme le charbon ou le papier.

Dans le domaine de la radio, les Allemands avaient mis en place une radio au « visage français », Radio-Paris, et rémunéraient copieusement les artistes qui venaient y travailler. Cette radio ressemblait à une radio française avec des émissions de cuisine, des programmes consacrés aux réfugiés et la musique y était prépondérante.

De son côté, la radio du gouvernement de Vichy s'était établie à Marseille en 1940.

Ces deux radios se menèrent une véritable guerre à laquelle vint bientôt s'ajouter la BBC.

En 1941 fut fondé le Grand Orchestre de Radio-Paris avec la complicité du secrétaire du Syndicat français des musiciens, Robert Beck qui recruta 90 musiciens de haut niveau. Ils étaient rémunérés avec des salaires deux fois plus importants que ceux proposés par les théâtres nationaux et la radio française. le Grand Orchestre de Radio-Paris en vint à donner des concerts publics le dimanche matin, très prisés par les mélomanes parisiens.

De son côté, Radio-Vichy se sentait isolée. Ses émetteurs ne lui permettaient pas d'atteindre tout le territoire. Ses émissions étaient contrôlées par l'occupant. La radio offrait des emplois aux artistes réfugiés en zone libre. Mais alors que la répression se renforçait en zone occupée à l'été 41, Radio-Vichy devint de plus en plus antisémite. Les programmes racistes étaient entourés de variétés ou de musique classique pour leur pouvoir « digestif ».

Avec le temps, la pression de l'Allemagne se resserra. le répertoire du Grand Orchestre de Radio-Paris laissa de moins en moins de place aux compositeurs français. Quant aux personnes qui continuèrent à travailler pour la radio malgré les rafles et les exécutions d'otages de 1944, la question de leur « responsabilité » se posa lors des procès.

De leur côté, les éditions Gallimard en vinrent à financer les Concerts de la Pléiade consacrés à la musique française. Ils servaient à mettre en valeur les compositeurs contemporains, car les Allemands avaient interdit de « jouer des oeuvres inédites de compositeurs français dans les salles de concert. » Ils avaient lieu au sein des expositions de tableaux de la Galerie Charpentier et les invités étaient sélectionnés avec soin.

Plusieurs compositeurs avaient été récupérés par les Nazis :
- Wagner fut interdit quelques mois au début de l'Occupation, puis il revint à l'affiche. Mais les représentations étaient très contrôlées par la Propagandastaffel qui exigeait qu'il soit joué par des troupes allemandes.
- Berlioz fut boudé par les Français alors que les Allemands l'admiraient. Dès leur arrivée à Paris, les Allemands se présentèrent comme les sauveurs du compositeur français et furent approuvés par les Français favorables à la Collaboration. Ce n'est pas un hasard si le début de la Grande Vadrouille se déroule à l'Opéra, le lieu le plus emblématique de la vie musicale sous l'Occupation. L'oeuvre choisie, La Damnation, avait été jouée à l'occasion de la réouverture de l'Opéra Garnier le 24 août 1940.
- En 1941 eut lieu le 150ème anniversaire de la mort de Mozart. Les Nazis organisèrent diverses célébrations et présentaient Mozart comme le plus grand « musicien allemand ». Ils revisitèrent la vie de Mozart et cachèrent que le compositeur avait côtoyé des juifs à Vienne, notamment Lorenzo Da Ponte qui avait écrit les livrets des Noces de Figaro, Don Juan, Cosi fan tutte. On se débrouilla pour faire disparaître le nom de Lorenzo Da Ponte et le remplacer par celui de Schikaneder, l'auteur allemand du livret de la Flûte enchantée dont on cacha aussi les références à la franc-maçonnerie. On feignit aussi d'oublier qu'à l'époque de Mozart l'Allemagne n'existait pas.

En ce qui concerne les musiciens contemporains de l'Occupation :
- le Suisse Honegger fut le plus joué et le plus fêté sous l'Occupation. Il ne fut pas traduit devant un comité d'épuration, mais il fut suspecté et son oeuvre boycottée, car ses contacts avec les officiers allemands étaient connus. Il n'aura pas le droit de jouer et de publier de musique pendant six mois.
- le pianiste Wilhelm Kempff était très présent sur les scènes françaises. Pour les nazis, il fut l'un des meilleurs représentants de la culture allemande dont il incarnait parfaitement l'idéal.
- Partisan enthousiaste de Pétain, Alfred Cortot voulait participer au redressement intellectuel et moral. Il fut un relais privilégié de la propagande musicale allemande en France. En tant que pianiste, il excellait dans Beethoven et Chopin. Il fut un chef qui avait à sa disposition les meilleurs formations du pays. Chargé par l'état d'organiser la vie musicale du pays, il fut un grand promoteur de la musique de son temps. Il devint président-directeur général de la plus importante école de musique privée du pays. Il connut son apogée pendant l'Occupation. En 1945, il s'attira la clémence des comités d'épuration en affirmant qu'il était « au service de la France, de la musique et des musiciens français ».

Dans le domaine de l'opéra, la cantatrice française Germaine Lubin n'eut de cesse d'affirmer son soutien à Pétain si bien qu'elle fut sanctionnée par une peine de cinq années de dégradation nationale au titre de l'indignité nationale. Elle fut une des rares artistes à faire l'objet d'une peine sévère.
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