" Au milieu du parc la piscine attendait .
Sa surface vernissée s'étalait, si lisse qu'elle semblait une laque nacrée appliquée par de silencieux Chinois sur les dalles d'un palais.
Tou ce qu'il y avait autour , tout ce qui se dressait à la ronde se réfléchissait dans son miroir de sorcière .
Les grands pins parasols s'y miraient tête en bas, devant les répliques diaphanes et inversées des maisons de la résidence ....
Le ciel s'y reflétait aussi , aplati , dénué de nuances , appauvri de sa profondeur, un écran d'azur pris en capture par les pierres de la margelle ...."
L'enfant ne fit pas de bruit en tombant dans l'eau. Ni "plouf". Ni "splash". Ni "floc". A peine un petit "gloup" qui se confondit avec la chute d'un glaçon dans un verre. un simple clapotis. Une onde parcourut la surface, désignant l'épicentre fugace de ce qui deviendrait l'irréparable.
Elle le regarda dans la pénombre. Il dormait à plat ventre, le visage tourné de l'autre côté, le drap descendu au creux de son dos comme une mer à marée basse.
La surface de la piscine retrouva peu à peu son apparence de laque liquide et le ciel revint y poser son reflet trompeur de rêve devenu réalité.
Il n'y a pas de cheveu caché sous le papier pour qui ne le cherche pas.
Les jours suivants plongèrent Mélissa dans une confusion sourde, comme si, à la façon d’un voyage mal préparé dans une île tropicale, son emménagement au Clos des Collines l’exposait à une lèpre rampante.
Les feux du couchant brasillaient sur les vagues et jetaient des éclats cuivrés sur toutes les surfaces polies, métallisées, ou réfléchissantes de la ville qui scintillait comme un diamant.
D’après la tradition recueillie dans les textes les plus anciens de l’Inde, Vishnou revenait dans le monde chaque fois que celui-ci était menacé par le chaos et la destruction. Au cours de sa longue geste, il avait adopté de nombreux avatars, mais c’était bien la première fois qu’il se manifestait sous les traits d’une adolescente de quinze ans, en vacances su la Côte-d’Azur.
À l'exception des touristes qui s'obstinaient à s'agglutiner sur une bande de sable aussi fine que la ficelle d'un string, les gens se claquemuraient chez eux, fenêtres fermées, volets clos, devant le ronronnement torpide d'un ventilateur et les images hypnotiques d'un écran de télévision, à regarder les coureurs du Tour de France suer à grosses gouttes sur des routes ardentes.
La taille de ses pieds et de ses mains ainsi que les poils sous ses bras et sur son sexe lui donnaient la vague conscience de n'être plus un enfant, sans lui expliquer toutefois comment devenir un homme.