Evidemment, sur une lecture aussi savoureuse, il est plus que tentant de filer la métaphore gastronomique...
Parce que ce livre raconte le plaisir premier, celui de la bouche, les mets et les mots, étranges, différents, d'autant plus porteurs de sens et de sensations.
Nous suivons le parcours de Klara, de l'enfance à l'âge adulte, dans sa quête, sa reconquête d'une langue, d'une culture, d'une identité reniées, à travers l'association de consommes aux sonorités mystérieuses et le goût du paprika. Je me suis prise d'affection pour ce personnage, son obsession, ses bravades.
Ce roman est un véritable plaisir de lecture, offrant un double contexte historique très intéressant, le premier personnel et familial, le second marqué par les événements politiques, ceux qui firent construire un mur coupant Berlin. le récit alterne pertinemment ses deux histoires intimement liées, ces deux regards que porte Klara - qui la portent -, l'un tourné vers l'extérieur à la recherche de l'âme hongroise qu'elle tente de se réapproprier, l'autre tourné vers l'intérieur à l'affût des résonances.
La plume est fine, le ton parfois léger, pratiquant en douceur l'autodérision et la répartie ironique, puis s'attarde un moment plus en profondeur sur l'exil, ces conséquences sur la deuxième génération, sur le périple de la première. Ce roman se lit le sourire aux lèvres. La part de réflexion m'a paru d'une justesse qui m'a impressionnée, d'une humanité qui m'a touchée.
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