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EAN : 9782809709810
336 pages
Editions Philippe Picquier (07/02/2014)
3.52/5   42 notes
Résumé :
Au commencement étaient six invités qui ne se connaissaient pas, dans un chalet isolé par la tempête de neige. Leur hôte est invisible, le blizzard se déchaîne, l'angoisse monte inexorablement. Tel est le point de départ de ce roman vertigineux qui se construit et se déconstruit comme un labyrinthe sans issue. Comme si la réalité était un puzzle à réagencer sans cesse, l'histoire se réinvente perpétuellement à la façon des variations d'une fugue. Ce récit au suspens... >Voir plus
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« En ouvrant la porte de chez moi,
J'ai vu sept yeux de chats briller dans le noir.
Je n'ai que trois chats,
Un blanc, un noir et un tacheté.
Je n'ai pas osé allumer la lumière. »

Comment ne pas avoir envie de connaître la suite de cette histoire ?
Allez lire la critique particulièrement incitative de le_Bison, c'est elle qui m'a donné envie de découvrir cette lecture originale du sud-coréen Jae-hoon Choi, roman qui a reçu le prix littéraire décerné par le quotidien Hanguk Ilbo en 2012.

*
Tout commence lorsque six membres d'un blog consacré aux tueurs en série du monde entier, se réunissent dans un chalet isolé dans la montagne. Ils ne se connaissent pas, mais ont tous accepté une invitation de l'administrateur du blog.

« Quelques membres parmi les plus actifs de mon blog sont invités ce week-end à faire connaissance dans mon chalet de montagne. Ce sera l'occasion d'échanger les curiosités que nous n'avons jamais osé poster sur Internet. J'ai également prévu quelques jeux divertissants. Je compte sur votre présence. N'apportez rien, il y aura à boire et à manger pour tout le monde. Je vous joins un plan pour trouver facilement la maison.
Le Diable »

L'atmosphère se tend inexorablement lorsque le blizzard se lève sans voir venir leur hôte. Et puis le roman bascule dans la violence et la mort, la tempête faisant rage autant à l'extérieur que dans la petite maison.

Ainsi commence « Sept yeux de chat », une histoire assez classique en apparence qui pourrait rappeler les dix petits nègres d'Agatha Christie.
Et puis l'auteur nous étonne avec une suite vraiment très différente, du fait du changement d'atmosphère et de style, entremêlant épouvante, thriller, suspense, policier, romance, dans un huis-clos intrigant et efficace.
Cette suite est assez déconcertante car elle prend la forme d'une série de courtes nouvelles sans lien vraiment apparent avec ce que l'on a vécu dans ce chalet. Mais cette impression ne dure pas : très rapidement, on comprend que ces histoires sont toutes reliées entre elles par leurs personnages et par le premier récit.
On comprend que dans l'ombre, un individu, un « magicien » tire les ficelles et entretient l'illusion.

« … la vérité n'était qu'une imitation et le mensonge une création. »

*
L'écriture de l'auteur oscille également. Elle est belle, fluide, poétique mais évolue pour devenir sombre, angoissante, violente. Elle est prenante par le climat mystérieux et étrange qu'elle dégage.

C'est aussi un récit traversé par de multiples références artistiques et littéraires qui sont autant de clés pour comprendre en partie l'intrigue : « La jeune fille et la Mort » de Schubert, la salomé d'Oscar Wilde, le Baiser de Klimt, Munch, « Madame Bovary », « Les fleurs du mal » …

*
C'est une lecture qui doit être prise comme un jeu d'enquête. L'auteur se joue du lecteur, l'amenant dans une direction puis dans une autre.
Le lecteur doit se prendre au jeu, être sur le qui-vive, voire prendre des notes pour réagir promptement aux indices parsemés (c'est ce que j'ai fait). La trame du récit peut donner l'apparence de partir dans tous les sens, mais l'auteur maîtrise parfaitement le canevas de l'histoire, jouant avec nous comme un chat avec une souris.

« Car il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert, ne rien de secret qui ne doive être connu. »

L'intrigue n'est pas linéaire, elle prend l'allure d'énigmes à tiroirs : chaque nouvelle est comme un tiroir qui contient des détails, des indices, des révélations servant à faire le lien avec ce qui a été lu précédemment.
Le récit se répète, parfois avec de légères différences. Il se réinvente continuellement, se transforme sans cesse, se dédouble, se métamorphose, surprenant complètement le lecteur.
Autant dire que l'on s'égare très vite dans ce labyrinthe narratif qui se construit et se déconstruit dans une alternance temporelle.

« Que nous veulent les lois du juste et de l'injuste ? Et l'amour se rira de l'Enfer et du Ciel ! »

*
Malgré cette réserve quant à la trame narrative que le lecteur ne peut anticiper et nous laisse dans la confusion, le talent de Jae-hoon Choi est indéniable : il a construit un roman aussi complexe que cohérent.
Le récit est ambitieux et je ne m'attendais pas à ce qu'il se réinvente sans cesse sous mes yeux avec toutes ces pièces de puzzle qui s'agencent et se réagencent au fil du récit.

Vous aurez compris, c'est une lecture exigeante : je m'y suis parfois perdue, j'ai retrouvé avec soulagement mon chemin pour à nouveau me perdre dans cet entrelacement de fils narratifs.
Parfois, les plus belles lectures sont celles qui nous ont demandé le plus d'effort. Si vous souhaitez sortir de votre zone de confort, vivre une expérience littéraire insolite et déroutante, je vous invite à lire « Sept yeux de chats ».
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En ouvrant la porte de chez moi,
J'ai vu sept yeux de chats briller dans le noir.
Je n'ai que trois chats,
Un blanc, un noir et un tacheté.
Je n'ai pas osé allumer la lumière.

Voilà pour l'ambiance, première page addictive. Je ferme les volets, laisse le feu de cheminée s'enflammer. Dehors, des vents violents, une neige lourde et mouillée tombe presque à l'horizontale. le blizzard coréen se déchaîne. En plus pas de réseau, le genre de zone blanche perdue au milieu de la forêt et où les fantômes peuvent surgir de chaque ombre pour vous entailler la jugulaire. Six personnes sont enfermées dans un chalet, le sang dégouline en silence, les victimes s'enchaînent au rythme des bourrasques du blizzard... Je me réveille en sursaut, le corps en sueur, avec ce sentiment de puer la peur - ou la mort. Tiens ? ça goûte quel parfum, la mort ? La fer sanguin, la chair en putréfaction... Je m'asperge le visage d'eau glacée, je dois reprendre mes esprits. Une musique. Je l'entends au fond d'une cave ou au tréfonds de moi-même, cet air lancinant qui me chatouille l'esprit, la Jeune Fille et la Mort, de Schubert ou de Munch. Tu as vu le film de Polanski ? Une histoire de vengeance. Sombre et entêtant, je m'emporte dans l'obscurité de mes pensées. Il y fait noir, comme plongé dans un puits sans fond. J'y erre, dans ces obscures pensées, un coup à gauche, un coup à droite, guidé tantôt par le violoncelle, tantôt par le violon, un labyrinthe dans lequel je ne trouverais ni sortie ni rédemption.

Je sors dans le froid, dans la nuit, dans cette brume qui m'entoure comme si j'avais vidé une bouteille de vodka en attendant la fin du blizzard. Je regarde la lune, enfin... sa moitié brillante, comme si l'autre demi-entité avait fuit mon regard. Dans ce ciel nocturne, la lumière reste étonnante, presque vaporeuse, je n'arrive plus à savoir où je suis, ni même qui je suis. Je sais que je suis sorti du chalet, mais maintenant... Perdu, je suis. Dans une nuit, dans ma vie. Je me retrouve peut-être au coeur d'un bouquin où un tueur en série tourne les pages. Étranges sensations, celle de n'avoir pas tout compris, mais celle de m'être laissé emporté par le blizzard, putain de blizzard qui frappe par surprise comme la mort, comme l'amour. J'ai envie de voir les tableaux de Munch, j'ai envie d'écouter la musique de Schubert, j'ai envie de revoir le film de Polanski, la Jeune Fille et la Mort, j'ai envie de te regarder dans les yeux, caressant le poil de ta chatte, j'ai envie de boire une bière et surtout de ne plus sortir de ce labyrinthe. Putain de bouquin, je n'avais jamais lu un truc comme ça, une expérience inoubliable et terrifiante.
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Un thriller Coréen déroutant, une simple histoire de meurtre qui prend des airs de dessin d'Escher.

Le récit commence par un huis clos mortel dans un chalet au coeur d'une tempête, une série de meurtres angoissants.

Puis les chapitres s'enchaînent comme une série de nouvelles dans lesquelles on découvre peu à peu des similitudes de personnages et de situations avec les premières victimes. Méchants hasards ou sombres histoires de vengeance?

Et puis, ça se complique, le narrateur devient l'écrivain de l'histoire, qui lit une histoire, qui raconte l'histoire d'un écrivain… Mais qu'est-ce qui est vrai, où est le fil d'Ariane pour sortir de ce labyrinthe? À moins de prendre son envol comme un joli papillon?

Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire? « J'ai l'impression qu'on me chatouille le cortex avec une plume. » (Et j'aime ça…)
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Petit quiz de départ : aimez-vous les faits établis, tangibles? Les histoires qui ont un début et une fin? Les énigmes résolues? Oui? Alors, ce livre n'est pas pour vous!

Par contre, si, comme moi, vous ne détestez pas sortir de votre zone de confort, si vous appréciez d'être happé dans l'insolite, l'étrange, d'aborder une narration surprenante et déstabilisante, alors plongez avec délice et angoisse dans cette oeuvre...

" Le récit se transforme un peu chaque fois, à mesure qu'il se démultiplie. " C'est un peu le principe de ce livre... Au départ, un narrateur, qui s'adresse par ailleurs à un autre personnage -témoin, raconte ce qu'il s'est passé dans cette maison, où trois hommes et trois femmes, passionnés de crimes et de tueurs en série , réunis par un mystérieux Diable, se retrouvent en huis-clos, alors que dehors, le blizzard fait rage. Et les meurtres débutent...

J'ai pensé à plusieurs livres" Les dix petits nègres" bien sûr, avec cet hôte qui n'apparaît jamais, mais aussi à " La délégation norvegienne" d'Hugo Boris, dont le contexte est le même.

Et puis, outre des références à des tableaux comme " La jeune fille et la mort" ou des compositeurs comme Schubert, il y a plein de clins d'oeil cinématographiques ou littéraires.

Mais me direz-vous, et l'histoire?? Impossible de vous la raconter, comme dans la bouche de Shéhérazade ( dans le livre, elle a nom Artémis), elle s'étale à l'infini, se transforme, les personnages passent d'un récit à l'autre, disparaissent, réapparaissent. Ça pourrait sembler répétitif, mais non c'est passionnant! On explore les rapports frère-soeur, les hypothèses de vie, les rêves, on côtoie des papillons, un magicien, des jumeaux, des illusions, des rôles de théâtre... et on tourbillonne, on a le vertige!

Bref, un roman atypique, éblouissant: décidément, les quelques livres coréens que j'ai lus se sont tous révélés fascinants! Au suivant!
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La neige tombe dru, au dehors. Et six membres d'un forum consacré aux tueurs en série ont rendez-vous avec le "Diable", le webmaster dudit forum. Ainsi commence Sept yeux de chat, un roman qui rappelle Dix petits nègres, avant de s'en éloigner tout à fait. C'est que Choi Jae-hoon est un petit malin qui va faire se succéder les chapitres en intégrant à chaque fois un élément d'une ou de plusieurs histoires contées auparavant. Autant dire que l'on s'égare dans ce labyrinthe narratif et c'est bien le but du jeu. Les récits se répondent et vont dans une direction inattendue comme autant de nouvelles qui auraient quelque chose en commun, quoi que ce ne soit pas toujours très clair. le romancier coréen s'amuse et ma foi, il nous divertit aussi, dans cet exercice de style qui mêle épouvante, suspense, romance, comme autant de parfums mêlés. Il y a de quoi y perdre son coréen mais le caractère ludique du livre et sa maîtrise font oublier au lecteur son esprit cartésien. Entre références multiples à Munch, Klimt, Schubert ou Wilde, Choi nous prend dans une immense toile inextricable. Un plaisir arachnéen pour ceux qui apprécient les dédales sans issue.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Le mariage comporte un avantage, qui est en même temps un inconvénient : on n'a plus besoin de réfléchir au sens de la vie... nous n'avions qu'à suivre les étapes obligatoires programmées : gestion financière du patrimoine, achat de la maison, naissance et éducation des enfants, sans oublier, bien sûr en option, les loisirs partagés de l'après-retraite, la vie sexuelle et l'épanouissement personnel.

Serait-il trop cynique de ma part de définir le bonheur comme un état où l'on n'a plus le temps de réfléchir aux raisons de son malheur ?
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La pluie semblait ne jamais vouloir cesser. Des gros nuages noirs, si bas qu'il aurait suffi de tendre le bras pour les toucher, tombaient des trombes d'eau que les essuie-glaces s'escrimaient à chasser du pare-brise, ne laissant apercevoir que par intermittence la route sinueuse à deux voies. Les arbres à moité noyés dans le brouillard flottaient dans le vide. La lumière des phares ne réussissaient pas à percer la brume épaisse. On aurait dit que la Nationale 49, tel un serpent brillant, sortait de sa tanière en déroulant un à un ses anneaux.
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Combien de temps doit-on errer dans un labyrinthe avant de découvrir qu'il est sans issue ? se demanda M, juste avant que le ciel s'ouvre et déverse sa lumière sur lui. Il ne s'attarda pas longtemps sur la question. La clarté aveuglante effaça toute pensée de son cerveau, comme une pellicule exposée au jour. Etait-ce la lumière de la naissance du monde ou le feu de l'apocalypse ?
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Encore aujourd’hui, on parle de Jack l’Éventreur […] Les tabloïds de l’époque ont fait de lui une véritable star. C’est d’ailleurs en partie pour cela que beaucoup de gens le considèrent comme le premier tueur en série de l’histoire. Mais il y en a eu bien d’autres avant lui, sinon, où des contes comme « Barbe Bleue » ou « Le Petit Poucet » auraient-ils pris leur source?

(Picquier poche, p.10)
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- Prends garde à toi. Cette femme va te dévorer de l'intérieur, elle ne te laissera que la peau
- Pourquoi elle me ferait ça?
- Elle a besoin d'un hôte pour nourrir son histoire, peu importe lequel.
- Un hôte?
- Elle ne veut qu'une chose: une histoire capable de se renouveler sans fin.
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