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EAN : 9782080285065
192 pages
Flammarion (19/10/2022)
4/5   84 notes
Résumé :
Jusqu'ici, j'ai toujours écrit pour tenter de débrouiller un ou plusieurs problèmes auxquels je me heurtais dans ma vie, en espérant que ce travail serve aussi à d'autres. Il est un peu déconcertant de le faire simplement, cette fois, pour partager l'un des stratagèmes par lesquels je maintiens allumée la flamme de ma vitalité - pour parler de plaisir.Parmi tous les ouvrages qui paraissent sur la culture numérique, je n'ai encore jamais rien lu au sujet de cette com... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Faisant une pause dans son travail d'essayiste féministe décortiquant les clichés et préoccupations sur ce thème, Mona Chollet propose une balade picturale et intellectuelle avec cet ouvrage, mi-essai, mi-collection d'art.

En effet, Mona Chollet partage sa passion, ou plutôt son obsession pour la collection d'images numériques, qu'elle classe dans des tableaux thématiques sur Pinterest, à la recherche de l'image singulière qui provoquera en elle un effet « Wahou ». Dit comme cela, c'est un peu plat et banal, mais l'intelligence aigue de l'autrice dépasse cette surface pour expliquer en quoi une image, que ce soit une peinture, un dessin ou une photographie, n'est jamais réellement inconnue à partir du moment où elle provoque des réminiscences du passé, et pose donc des questions judicieuses sur ce qu'est le beau, le pertinent, l'art, et comment appréhender celui-ci. Sur les biais aussi qu'on peut avoir, notamment sur la manière dont les Occidentaux ont photographié l'étranger, et la dose de condescendance qui allait avec. C'est bête à écrire, parce que j'en ai parcouru un paquet, d'expositions, mais c'est en lisant cet ouvrage que j'ai enfin compris ce que signifie être un collectionneur d'art : sélectionner avec passion (et souvent frénésie) des oeuvres selon un principe personnel, afin que chacune constitue un tout cohérent.

Cette occupation, qui lui permet également de s'évader des réseaux sociaux, pour se vider la tête et « se laver » les yeux, n'est pas qu'esthétique, puisque cette vision du monde, ou plutôt d'un monde sélectionné, est aussi à la base de son travail d'essayiste : les photos d'escaliers et d'intérieurs ont été une source pour « Chez soi, une odyssée de l'espace domestique », et a participé également a deux autres de ses essais, « Beauté fatale » et « Réinventer l'amour ».

Je ne suis pas férue d'ouvrages photographiques ni d'essais théoriques, et c'est grâce au nom de Mona Chollet que je suis venue à celui-ci. J'ai néanmoins beaucoup apprécié cet ouvrage, qui part de la description d'une occupation anodine et d'un ressenti personnel pour aboutir rapidement à un texte très intellectuel et sourcé, posant des questions vraiment judicieuses sur ce qui fait la valeur d'une image et le regard qu'on pose dessus. C‘est bien écrit, très intelligent tout en restant assez accessible. L'objet-livre est également réussi, avec ses couleurs bleutées, ses reproductions d'oeuvres d'art, et son beau papier épais et doux. C'est juste dommage qu'il ne soit pas satiné, parce que j'ai eu l'impression qu'il buvait les couleurs qui n'étaient pas assez éclatantes pour certaines oeuvres. J'ai regretté aussi que Mona Chollet ne mette ses images qu'en illustration de son propos, et qu'elle n'ait pas donné plus d'explications sur pourquoi une oeuvre ou un thème en particulier, bien que je suppose que cela aurait été aller trop dans le personnel.

En conclusion, un ouvrage « mini-musée » qui procure un beau voyage intellectuel, ce qui est déjà beaucoup.
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J'avais entendu parler de Mona Chollet par l'intermédiaire de quelques féministes patentées de mon entourage ;-). Et l'autre jour je tombe sur ce bouquin à la médiathèque de mon patelin. La 4ème de couverture m'intrigue un peu ... Allez, hop dans ma besace !
L'auteure (ou l'autrice si vous préférez), nous raconte ici sa passion pour les images et son appartenance à la communauté des collectionneur.se.s d'images numériques, sur Instagram, Flickr ou Pinterest.
Ce thème peut sembler assez restrictif et comme une niche, mais Mona Chollet en fait un sujet beaucoup plus universel. Car nous sommes tous touchés, troublés, attendris par des images, photos, peintures ou dessins ... Qu'elles soient personnelles, ou qu'elles viennent d'autres cultures que la notre, pour leur aspect symbolique ou simplement pour leur esthétique, leur beauté. Mona Chollet développe son propos autour du plaisir et de l'échange. Elle aborde ensuite le thème sous l'angle de la sociologie. Elle s'aventure vers l'autobiographie en nous contant quelques anecdotes de sa vie. Elle fait de l'introspection en nous expliquant l'étrangeté du projet qu'est ce livre. Bref, elle digresse. Mais elle n'oublie pas son thème de prédilection : le féminisme, un féminisme « qui relève plus du Judo que du karaté » (p.111) ; Ouf !
Ce livre est également un album d'images, dont certaines me touchent aussi. Mais décrire une image est un exercice particulier et complexe (plus facile pourtant que de décrire une musique). L'écriture étant formée de mots constitués de lettres qui sont elles-mêmes des images, voyez les lettrines et enluminures de livres anciens, comme elles sont aussi de belles images ...
Ce bouquin m'a enchanté, j'irai sans doute, un de ces quatre, voir du côté des « Sorcières » pour mieux connaître Mona Chollet ... Allez, salut.
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Lire le dernier essai de Mona Chollet, c'est plus que jamais retrouver une copine dont on se sent proche, une fille qui nous ressemble, nous comprend et nous éclaire sur ce que l'on est, ce que l'on cherche et ce que l'on cache... Bref, elle nous révèle à nous-même ! Vaste programme, me direz-vous, mais c'est vraiment ça !
Dans « D'images et d'eau fraîche », Mona Chollet avoue sa passion obsessionnelle pour les images de tous ordres (tableaux, photos, dessins) qu'elle va littéralement piquer un peu partout sur Internet pour nourrir sa collection personnelle stockée entre autres sur Pinterest. Pourquoi un tel désir de rassembler des images ? Eh bien simplement pour le plaisir de les contempler, de s'émerveiller, d'en admirer la beauté, source d'un bonheur sûr et toujours renouvelé qui lui fait « battre le coeur » à la façon des « Notes de chevet » de Sei Shônagon (textes incroyables d'une dame de compagnie de l'Impératrice dans le Japon du XIe siècle que je vous recommande chaudement!) D'où cette nécessité quasi vitale de « posséder » l'oeuvre d'une manière ou d'une autre, de l'avoir à soi, pour soi, sous le coude à tout moment. de la faire sienne parce qu'elle est « nous ». Dans ces moments de contemplation, l'essayiste dit ne plus chercher à s'instruire, à réfléchir en tant que sociologue. Elle s'adonne corps et âme à l'émotion, déserte le quotidien trop lugubre, fait un pas de côté, oublie momentanément l'actualité, souffle, s'aère, respire et jouit. La collection d'images est comme un abri, un refuge, un lieu douillet que l'on aimerait habiter, d'où notre intérêt (le mien en tout cas) pour les photos d'intérieur. Comme Barthes, devant certaines images, elle se sent (avec un peu de culpabilité) « sauvage, sans culture » : elle s'adonne au Beau et oublie momentanément son esprit critique, son regard de sociologue. S'opère comme une fusion entre l'image et elle qui annule donc toute distance critique.
Collectionner des images, c'est aussi une façon de dire qui l'on est à travers ce que l'on aime. Une collection d'images qui révèlent l'être intérieur : regardez et vous verrez qui je suis. Point n'est besoin de mots. Je suis l'« Ange oublieux » de Paul Klee, une enluminure germanique du XIXe siècle représentant l'Arche de Noé, une photo de Susan Sontag dans son bureau en 1968. Je suis Mona Chollet. Et vous qui êtes-vous ?
Un essai sensible, intelligent et très facile à lire. En plus, c'est aussi un livre d'art car l'autrice nous donne à voir une partie de sa précieuse collection à travers de magnifiques reproductions. J'ai vraiment adoré !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Mona Chollet sort de son terrain habituel d'étude pour offrir une réflexion sur un comportement, sorte de doudou qui lui procure joie et sérénité, sa collection d'images d'art dans la mémoire de son téléphone.

Les collections d'objets sont habituelles. Elles nous révèlent même s'ils sont cachés aux yeux des autres ou qu'ils sont exposés en vitrine ou même en vrac. Chaque objet raconte une histoire en rapport avec un passé. Avec notre téléphone, devenu une mémoire transportable, la galerie de photos s'affiche comme une réserve à souvenirs.

Pourtant, Mona Chollet choisi de nous parler des photos prises au cours d'une exposition, d'une visite, d'une rencontre avec une oeuvre ou lors une lecture, une photographie qui émeut, etc. Ces reproductions privées agissent pour tempérer une inquiétude, une désespérance, un énervement ou même un vide, en un mot pour donner du plaisir.

Ainsi Mona Chollet présente ses antidotes à la déprime accompagnée de citations de différents philosophes et penseurs qui ont cherché à comprendre notre rapport à ce type images.

À partir d'un beau papier cartonné, les oeuvres sont présentées. Beaucoup en relation de près ou plus lointaine avec l'enfance, mais aussi par rapport à ses préoccupations féministes ou d'autres plus politiques encore.

De cet inventaire, la personnalité de Mona Chollet se dégage, beaucoup plus que dans ses précédents essais. Alors son compte Pinterest, ou les autres, devient un journal sans mot, une biographie sans photo de famille et une confidence sans chuchotement.

Comme elle le souligne, les images de son téléphone sont autant d'images Panini lui rappelant son enfance. Les liens, même cachés, attachent au passé. Mona Chollet n'est pas collectionneuse d'art. Qu'importent les formats ! Qu'importe l'artiste ! Aucun intérêt de savoir sa côte, sa valeur. Ici, la possession n'est pas de cet ordre. Car, ici tout est image !

D'images et d'eau fraîche est un album pour adulte ! La qualité des reproductions y est aussi pour beaucoup. L'hétéroclite des oeuvres transmet du ressenti et de l'émotion qui apaise, conforte, adoucie et vivifie. Un beau livre, accessible, qui transforme son lecteur en humain émerveillé !
Lien : https://vagabondageautourdes..
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D'une passion coupable, si ce n'est secrète, de collections d'images numériques partagées sur des réseaux en ligne, Mona Chollet publie un essai jubilatoire. A l'instar de Sei Shônagon, Chollet se perd dans la contemplation d'images à la recherche de la beauté et la joie qu'elles procurent.
Dans ce très joli livre, elle partage avec son lecteur ses coups de coeur éclectiques, des tarots italiens du XVème siècle aux photographies de maisons-abris, en passant par les tableaux de William Blake ou encore de miniatures indiennes, tout est prétexte à émotions et à rebonds d'un siècle à l'autre, d'une technique à une autre. Entre érudition et simplicité, ce recueil nous invite aussi à voir un peu plus profond que la surface et à nous interroger sur les figures qui nous touchent.
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critiques presse (2)
LesInrocks
10 novembre 2022
Son nouveau livre, D’images et d’eau fraîche, propose un léger pas de côté. Ici, Mona Chollet ouvre son livre d’images, comme si elle substituait à ses analyses politiques ses simples effusions sentimentales, à la manière d’un adolescent fier de son album Panini ou de ses affiches épinglées
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Elle
20 octobre 2022
Avec cet autoportrait en collectionneuse, Mona Chollet nous offre un visage plus doux et la beauté en partage.
Lire la critique sur le site : Elle
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Je suis bien consciente, d’ailleurs, du paradoxe et du défi, du pari
forcément perdu d’avance qui sont au cœur de ce livre : j’essaie de mettre
des mots sur une expérience qui consiste précisément à quitter le rivage des
mots pour se livrer au pouvoir des images, aux sortilèges qu’elles seules
peuvent exercer, à la jouissance qu’elles seules peuvent procurer. Je rêve,
sans trop y croire, d’une écriture qui serait suffisamment aérienne, intense
et virtuose pour se hisser à la hauteur de ce pouvoir, pour rivaliser avec lui ;
je ressens, moi aussi, « la pression de l’indicible qui veut se dire34 », pour
reprendre la formule de Roland Barthes.
La philosophe et historienne de l’art Jacqueline Lichtenstein a consacré
un livre érudit, ardu mais génial, à ce désarroi qu’ont toujours éprouvé les
penseurs face à ce qu’elle nomme « la tache éblouissante du visible35 », et
d’abord face à la peinture. Elle y montre – à l’instar de nombreux autres
théoriciens – que nous restons tributaires des conceptions imposées par
Platon. Non seulement le philosophe antique, avec son mythe de la caverne,
a décrit la réalité perceptible par les sens comme une illusion, mais il a aussi
disqualifié la peinture, devenue dès lors le simulacre d’un simulacre. Il l’a
abordée uniquement en fonction de sa conformité au réel, comme si c’était
là le seul but auquel elle prétendait. Il a interdit explicitement de l’envisager
sous l’angle du plaisir qu’elle procurait : « Le jugement concernant toute
imitation n’est pas, le moins du monde, ni du ressort du plaisir ni d’une
opinion sans vérité », écrit-il dans Les Lois36.
Pour Jacqueline Lichtenstein, cet anathème trahit « l’impuissance de
l’analyse philosophique devant un objet dont elle sait qu’il échappe à ses
prises ». Au fil du temps, ce « puritanisme moral et esthétique » a suscité
deux insurrections intimement liées, quoique survenues à des époques très
éloignées, et que l’autrice retrace : d’une part, le modèle d’éloquence établi
par Cicéron (Ier siècle av. J.-C.) et, d’autre part, la révolte des peintres
coloristes, en Italie dès la fin du XVe siècle, puis au cours des siècles
suivants en France et ailleurs en Europe.
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Être la personne qui regarde, qui photographie, c’est imposer sa subjectivité, son point de vue, ses goûts, son jugement, ses fantasmes. Capturer et consommer la beauté d’autres pays et de leurs habitants est un apanage d’Occidentaux, lié à une habitude de domination machinale, même quand elle est bienveillante (...).

Si je prête attention à ces mécaniques, ce n’est pas par goût de l’autoflagellation - que, d’ailleurs, je ne pratique pas -, mais parce que je veux au moins souligner les limites d’un plaisir qui repose sur une inégalité.
Ce serait si follement enrichissant, un monde où chaque peuple pourrait apprécier le spectacle offert par les autres, en donner sa vision, le peindre, le photographier, diffuser ces œuvres, dans une parfaite réciprocité, sans que s’y mêle jamais aucun déséquilibre de pouvoir.
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Cette sensation d’être infiniment abritée, accueillie, explique largement mon plaisir de collectionneuse. Le geste artistique lui-même peut être vu comme une manière d’accorder l’hospitalité au spectateur. L’œuvre représente le point où le monde intérieur du peintre, du dessinateur ou du photographe rencontre le monde commun, où tous deux s’enlacent et esquissent un pas de danse ; elle matérialise l’étincelle qui jaillit de cette rencontre. La vie serait intolérable, trop blessante, ses arêtes trop coupantes, si elle ne passait pas régulièrement par ce filtre, si les artistes – vivants ou morts, professionnels ou amateurs, méconnus ou célèbres – ne pouvaient pas parfois nous envelopper dans le manteau ample et chatoyant de leur regard.
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Le rapport à soi le plus torturé peut très bien ne pas se voir. Beaucoup en font l’expérience quand, confrontées à une photo d’elles-mêmes dix, quinze ou vingt ans après, elles sont stupéfaites de se trouver si belles, d’apparaître rétrospectivement à leurs propres yeux comme des femmes sans problème, alors qu’elles se souviennent de leur perception négative d’elles-mêmes, des empêchements intérieurs qui les paralysaient à l’époque. Le massacre de leur estime de soi était un crime parfait, qui envahissait leur esprit sans laisser de traces extérieures visibles.
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Ce sont les écrits [d'Edward Saïd] qui m'ont fait réfléchir pour la première fois au rapport que j'entretenais avec l'Egypte – ainsi qu'à tant d'autres choses. Dans l'impulsion qui m'amène à épingler une photo, comment démêler ce qui relève de la fidélité familiale, de la quête de ma propre histoire (même si je n'ai pas de racines très profondes dans ce pays, ma grand-mère étant d'origine syrienne et mon grand-père palestinien), et ce qui relève du "western gaze", ce regard occidental dont je suis imprégnée ?
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Vidéo de Mona Chollet
Nous nous souvenons tous du succès des précédents ouvrages de Mona Chollet comme "Sorcières", "Réinventer l'amour" ou "Beauté fatale". La journaliste franco-suisse propose aujourd'hui un drôle de livre. "D'images et d'eau fraîche", chez Flammarion, est une collection d'images, sa collection d'images. Ces photos, dessins ou encore tableaux qui nous définissent sont aussi une porte ouverte à la réflexion sur la beauté. 
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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