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EAN : 9782491221027
112 pages
Kontr éditions (20/10/2020)
5/5   2 notes
Résumé :
Née en 1974 au Kurdistan irakien, la poétesse Choman Hardi est aussi une enseignante-chercheuse travaillant sur la question des inégalités du point de vue de l'intersectionnalité. Elle a trouvé refuge au Royaume-Uni en 1993 où elle a étudié dans les universités d'Oxford, de Londres et du Kent. Sort ouvrage post-doctoral, Gendered Experiences of Genocide : Anfal Survivors in Kurdistan-Iraq (Routledge, 2011), a été nommé "UK Core Title" par le Yankee Book Peddler.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je ne suis pas très sensible à la poésie. J'y suis même très insensible. Je n'ai jamais su l'apprécier. Et pourtant, coup de maître de Choman Hardi, j'ai adoré son recueil de poèmes.

Quelle génie, quelle intelligence et quelle plume.

On est loin de la mièvrerie que j'exècre, ici. On est loin de l'exagération, de la fausseté, de la futilité. On est loin du sentimentalisme niais. On est dans la pudeur, le chuchotement de la douleur. On est dans la douceur, le respect de la parole donnée. On est dans l'intimité dévoilée. C'est sensible. Touchant. Émouvant. C'est fort et puissant.

Choman Hardi a tout compris, tout saisi. Elle écrit sans fioriture, sans débordement. Elle écrit dans la justesse; celle qui fait la vérité. C'est beau. Merveilleusement beau. le coeur en est saisi et le mien palpite encore.

J'espère que le recueil trouvera son public, qu'il touchera les coeurs par milliers car il est d'une réelle beauté.
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Née en 1974 au Kurdistan irakien, la poétesse Choman Hardi est aussi une enseignante-chercheuse travaillant sur la question des inégalités du point de vue de l'intersectionnalité. Elle a trouvé refuge au Royaume-Uni en 1993 où elle a étudié dans les universités d'Oxford, de Londres et du Kent. Sort ouvrage post-doctoral, Gendered Experiences of Genocide : Anfal Survivors in Kurdistan-Iraq (Routledge, 2011), a été nommé "UK Core Title" par le Yankee Book Peddler.
Depuis 2010, des poèmes de son premier recueil en anglais, Life for us (Bloodaxe, 2004) sont étudiés dans l'enseignement secondaire. Son second recueil, Considering the women (Bloodaxe, 2015), a été nominé par la Poetry Book Society et sélectionné pour le Forward Prize for Best Collection. Sa traduction de Butterfly Valley de Sherko Beka a reçu le prix PEN translation. Après 26 ans d'exil, Choman Hardi est retournée dans sa ville natale de Souleimaniye en 2014 pour enseigner l'anglais et intégrer l'Université américaine de Souleimaniye-Irak où elle a fondé en 2015 le Centre d'études sur le genre et le développement.
Sous sa direction, ce centre a lancé les premières études interdisciplinaires de genre pour mineurs en Irak et est en train de développer des ressources pour les études de genre en kurde et en arabe en direction des universités du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord avec un financement de l'Union européenne. En 2019, elle a reçu le soutien du Global Challenges Research Fund au Royaume-Uni pour un projet quinquennal sur "masculinité et violence" en partenariat avec la London School of Economics.
Lien : https://www.decitre.fr/livre..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L’enfant dans les fosses

Voici comment cela s’est passé : à Topzawa ils ont dépouillé
les femmes de leurs boucles d’oreilles, de leurs anneaux, pris les bouteilles de
lait des bébés, nous ont dit que nous n’avions besoin de rien là où
nous allions, nous ont entassés dans des camions transformés en
ambulances, avec de petites fenêtres à l’arrière – les femmes et
les enfants, pas les hommes, pas les vieux. Alors a commencé le voyage
dans la longue route déserte, à travers les villages arabes.
Les gens sont venus sur le bord de route, en poussant des cris
de joie. J’ai vu un garçon, probablement de mon âge, qui passait sur
sa gorge le bout de ses doigts. Une femme enceinte
s’est évanouie dans le camion à cause de la chaleur, de la soif, du manque d’oxygène.
La plupart du temps nous étions sur une route principale puis nous avons
roulé à l’écart. Cela a dû prendre douze heures ou plus.
Alors les camions se sont arrêtés, les portes se sont grand ouvertes, ils
nous ont attrapés par les bras et nous ont jetés dehors. J’ai vu les fosses,
il y en avait beaucoup, elles sentaient le frais. Les bulldozers
étaient prêts. Ils nous ont alignés, les fosses derrière nous
et les soldats en face. Je ne peux pas me rappeler ce que chacun
a dit, il y avait des murmures, certains étaient hébétés, certains trop
fatigués pour protester. J’étais avec ma mère et trois
sœurs, ma tante et mes cousins, quelques centaines de villageois.
L’officier a ordonné : Feu ! Et les soldats ont tiré.
J’étais blessé mais pas gravement. Je me suis levé de nouveau, j’ai saisi
l’arme du soldat, je l’ai supplié de ne pas me tuer. Alors j’ai vu
qu’il pleurait. L’officier a de nouveau donné l’ordre de tirer,
et alors il l’a fait. A ce moment je me suis recroquevillé. Les soldats sont
partis et j’ai vu que ma mère et mes sœurs étaient mortes,
le sang jaillissait des poignets de ma tante. Une jeune fille était encore
vivante, pas blessée. Je lui ai dit de s’enfuir avec moi
mais elle n’a pas osé. J’ai rampé hors de la fosse, je me suis caché derrière
le monticule de terre et j’ai continué à ramper jusqu’à atteindre la dernière fosse
qui était encore vide. J’ai dû m’évanouir. Quand je
me suis réveillé tout était calme. Les soldats étaient partis, les fosses
étaient recouvertes de terre. Alors j’ai couru aussi vite que j’ai pu,
promettant à Dieu que si je survivais, je donnerais
cinq dinars aux pauvres. A l’aube j’ai rejoint le village
des Bédouins, où les chiens m’ont encerclé avec leurs aboiements.
Jusqu’à ce que quelqu’un vienne avec une torche, me protège, me parle en
arabe, m’accepte comme un des siens, mais c’est une
autre histoire, je te la raconterai une autre fois.

Choman Hardi, "L'enfant dans les fosses", dans Considérer les femmes, éditions Kontr, 2020.
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Dispute au-dessus d’une fosse

Celui que vous avez fini d’examiner
est mon fils. C’est le costume kurde à la couleur de lait
que son père avait fait pour lui, la chemise bleue
que son oncle lui avait donnée. Vos conclusions prouvent
que c’est lui – c’était un grand garçon de quinze ans,
était gaucher, avait eu une côté cassée.

Je sais qu’elle était aussi à la recherche de son fils
mais vous devez lui dire que ce n’est pas le sien.
Oui tous les deux ont été camarades et ont combattu
l’année dernière. Mais c’est mon fils qui avait une côte
cassée, le sien a seulement simulé pour fuir les ennuis.

C’est le mien ! S’il vous plaît rendez-le moi.
Je l’enterrerai dans un coin du jardin –
Le mûrier lui offrira son ombre,
Les fleurs garderont sa tombe avec gravité,
Les poules picoreront sur sa pierre tombale,
La ruche grondera au-dessus de sa tête.

Choman Hardi, "Dispute au-dessus d'une fosse", dans Considérer les femmes, éditions Kontr, 2020.
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