Je connaissais la militante, sans vraiment connaitre son histoire. C'est chose faite avec la retranscription du cahier qu'elle a rédigé dès son retour des camps.
J'avoue avoir eu un choc à cette lecture, tant je l'ai trouvé belle et éclairé d'un halo de lumière et d'espérance que ne justifie pourtant pas cette situation extrême. Ce qui en ressort : du courage, une volonté de fer et l'énergie pour toujours favoriser la dignité et la solidarité.
Chapeau Marie-Jo ! Vraiment une belle âme, forgée dans l'épreuve et qui à 90 ans (elle les a fêté lors du congrès de l'AFMD) se bat toujours contre l'arbitraire et les dérives.
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J'ai lu ce livre car il s'agit d'une résistante déportée de notre région en 1942. Son témoignage est utile et poignant. Ses mois d'emprisonnement à Rennes puis Angers sont cruels, pour elle qui est si jeune et promise à un avenir prometteur. A 22 ans, elle étudiait en fac de médecine, à Rennes. Il est intéressant de découvrir que certaines villes de nos régions proches avaient des prisons bien spécifiques à l'époque. le récit de la déportation de cette jeune femme à Ravensbruck et Mauthausen est poignant. Son journal revient sur toutes les horreurs qu'elle a vu et vécu, sur l'amour qu'elle témoignait à ses proches et à sa région, sur sa vie d'étudiante et future médecin mis entre parenthèses. Ses angoisses et son parcours est prenant.
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Les jours tombent sur les jours, toujours semblables, comme le bruit des pas qui descendent un escalier souterrain, interminable. Jour après jour, on s'enfonce sans but, sans raison, espérant follement arriver à la lumière libre, mais rien, fatalement rien, que la lente descente dans l'humidité, le froid.
On réalise tout d’un coup combien les préjugés, les petits soucis d’amour-propre nous encombrent, comme cela étouffe souvent de belles natures. Il faut se dégager de tout cela. Être libre, être soi-même, avoir ses idées propres, être vrai, pur, un. Ici, il y a la mort devant nous, l’esclavage, mais nous nous libérerons par l’intérieur de nous-mêmes, dans une montée vers la source. Abandonne tout, abandonne-toi, tu trouveras tout.
La seule lutte consiste dans des petites insoumissions à la discipline, par dignité de prisonnier, pour montrer que, décidément, on n’accepte pas « leur » autorité. Il n’y a pas ici paradoxe ; on ne doit se soumettre qu’à une autorité représentante d’un ordre juste. La soumission serait signe d’une incompréhension de ce qui est l’obéissance et l’autorité.
Je me révolte quand on me parle de la culpabilité des survivants. L’honneur des déportés aura consisté à rester des êtres humains aussi dignes que possible et à aider ses camarades à le demeurer, à organiser une forme de résistance à la volonté des nazis de destruction de la vie et de l’esprit.
A quoi serviraient les commémorations contre les crimes nazis si leurs victimes fermaient les yeux sur les atrocités barbares qui se répètent dans le monde contemporain : ethnocides, génocides, refus de connaître les droits de l’homme dans l’autre jugé différent ? L’Histoire ne doit pas faire d’amalgame entre différents régimes oppressifs, engendrant la création de nouveaux camps de concentration, ou des conflits interethniques, sources de massacres. La seule dimension commune des drames qui se répètent est le non-respect de la vie et de la dignité de la personne humaine, mais juger qu’au fond, tous ces nouveaux crimes sont identiques à ceux perpétrer par le nazisme contribuerait à banaliser le régime de Hitler.
https://www.librairiedialogues.fr/livre/7884390-resister-toujours-memoires-chombart-de-lauwe-marie-jose-flammarion
5 questions posées à Marie-José Chombart de Lauwe qui nous parle de son livre "Résister toujours" paru aux éditions Flammarion.
Questions posées par Laurence Bellon.
Réalisation : Ronan Loup.