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Héloïse Esquié (Traducteur)
EAN : 9782844851321
64 pages
Allia (30/09/2003)
4.04/5   50 notes
Résumé :
Il est bien dans l'ordre des choses que le démantèlement du système économique d'après-guerre s'accompagne d'une attaque importante contre la démocratie effective - liberté, souveraineté populaire et droits de l'homme - sous la bannière de TINA, There Is No Alternative (il n'y a pas d'alternative). Ce slogan, inutile de le dire, n'est qu'une supercherie. L'ordre socio-économique particulier qu'on impose est le résultat de décisions humaines prises à l'intérieur d'in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
C'est un essai concis et brillant mais très polémique.
Noam Chomsky s'affirme ici comme un des critiques les plus virulents du nouvel ordre mondial.
Il nous explique comment, selon lui, le capitalisme est en train d'imposer au monde sa domination.
A partir d'exemples concrets, il nous montre la nouvelle mécanique qui est en marche et qui risque de porter atteinte aux avancées sociales réalisées au cours du 20 ème siècle.
Par exemple le renforcement de la flexibilité du marché du travail.
Les réformes visent à lever les contraintes pesant sur la mobilité du travail et à obtenir la suppression de la référence aux services sociaux.
Les réformes essentielles, menées dans bien des pays à la demande de la Banque Mondiale ou du FMI aboutissent à l'insécurité des salariés.
Un constat plutôt accablant: la politique économique nationale d'à peu près la moitié de la population mondiale est, selon l'auteur, dirigée par les bureaucrates de Washington.
Un leitmotiv dans ce monde sans frontières: TINA - There is No Alternative-
pour reprendre la formule célèbre de Maggie Thatcher.
Chomsky nous montre comment l'"âge d'or du capitalisme" (en gros la période 1945- 1970), période de croissance économique très forte, a laissé la place à une nouvelle période qui est encore la nôtre: "l'âge de plomb" marquée par une importance accrue du capital spéculatif, un ralentissement de la croissance, une grande volatilité des marchés, une stagnation des salaires et une augmentation des heures de travail.
Un constat bien pessimiste mais une lueur d'espoir apparaît à la fin:
L'ordre socio-économique, comme le rappelle Chomsky, est le résultat de décisions humaines et les décisions peuvent être modifiées...et les institutions changées..
Un bel essai qui fait réfléchir..
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«On peut sans exagération affirmer que la tentative pour prendre le contrôle de nos propres vies est un trait essentiel de l'histoire du monde, qui a connu un crescendo au cours des derniers siècles, marqués par des changements spectaculaires tant dans les relations humaines que dans l'ordre mondial.»

Publié en France aux éditions Allia, ce court texte d'une cinquantaine de pages est une conférence donnée par Noam Chomsky en février 2000, sur la prise de contrôle de nos vies, c'est-à-dire comment, dans un monde dominé par des sociétés multinationales et des institutions internationales qui servent leurs intérêts, la souveraineté des états, la liberté et les droits de l'homme sont devenus subordonnés au droit des entreprises et des investisseurs.

Depuis les années 1970-1980, les mesures sociales démocratiques qui avaient considérablement amélioré le niveau de vie après-guerre ont été démantelées aux Etats-Unis, et les droits des gens sont devenus secondaires par rapport aux droits des entreprises et des investisseurs, organisations libres de se déplacer quand les individus ne le sont pas, et bénéficiant maintenant de droits spéciaux qui dépassent et prévalent sur ceux des personnes. Ce sujet reste d'une actualité brûlante, notamment avec les discussions actuelles sur le traité transatlantique.

On nous martèle chaque jour que le capitalisme mondialisé est sans alternative (There is no alternative, avait dit en son temps Margaret Thatcher), alors que les gens voient leurs espérances et leur sérénité souvent anéanties dans un ordre mondial où la politique est devenue «l'ombre jetée par les grandes entreprises sur la société», où les marchés financiers fluctuent de façon erratique avec les conséquences dévastatrices que nous connaissons, et où l'actualité nous fournit chaque jour des preuves que les effets négatifs sur autrui sont considérés comme secondaires par les puissants.

Un des moyens de convaincre et d'enrégimenter le peuple consiste à développer une envie insatiable de consommation et de divertissement, et en même temps à saper la sécurité des individus, une prise en tenailles qui génère une grande insécurité, parfaitement illustrée ici par les mots combinés d'Edward Bernays et d'Alan Greenspan.

«Au XXe siècle, l'industrie des relations publiques a produit une abondante littérature qui fournit une très riche et instructive réserve de recommandations sur la façon d'instiller le "nouvel esprit de l'époque", en créant des besoins artificiels ou en (je cite) "enrégimentant l'opinion publique comme une armée enrégimente ses soldats", en suscitant une "philosophie de la futilité" et de l'inanité de l'existence, ou encore en concentrant l'attention humaine sur « les choses les plus superficielles qui font l'essentiel de la consommation à la mode» (Edward Bernays). Si cela réussit, alors les gens accepteront les existences dépourvues de sens et asservies qui sont leur lot, et ils oublieront cette idée subversive : prendre le contrôle de sa propre vie.»

«Alan Greenspan a déclaré devant le Congrès qu'une «plus grande insécurité du travailleur» était un facteur important dans ce qu'on appelle «l'économie de conte de fées». Elle maintient l'inflation à un bas niveau, les travailleurs n'osant pas réclamer d'augmentations et d'avantages sociaux. Ils sont en situation d'insécurité.»

Noam Chomsky nous incite à penser qu'une alternative existe, notamment sur la façon de considérer la dette, et qu'on peut modifier les décisions et les institutions, même si un des obstacles qui apparaît clairement est le contrôle du pouvoir politique par le pouvoir financier, problème encore plus aigu aux Etats-Unis que de ce côté-ci de l'Atlantique.
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Cet essai parle de pouvoir et de domination, d'argent et d'échanges interhumains.
La part de contrôle que nous exerçons encore se limitant de plus en plus face aux multinationales et au poids de l'économie, écrasant les individualités.

Les décisions revenant à une « élite », déterminant ce qui est bon ou non pour la population.
Ce qui se vérifie également au niveau interétatique.
L'argent régit tout ?
Pour Chomsky en tout cas, et probablement en vrai aussi.

Le tableau que dresse cet essai d'une cinquantaine de pages est bien sombre…
Le TINA (« There is no alternative ») de Thatcher est finalement la réponse laconique à bien trop de problèmes contemporains.

Un texte court et virulent comme celui-ci est un vrai plaisir de lecture : si le point de vue exposé n'est pas révolutionnaire, le rappel est très intéressant, surtout avec la langue de Chomsky pour nous le dire.
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Dans l'Angleterre du XVIIe siècle puis dans les colonies nord-américaines au siècle suivant, une grande partie de la population ne voulait être gouvernée ni par un roi ni par un parlement. Pourtant, le système constitutionnel qui résulta de la révolte des fermiers des colonies fut conçu pour « protéger la minorité des nantis de la majorité » comme l'écrivaient James Madison, le principal rédacteur de la constitution et John Jay, premier magistrat de la Cour suprême.
Au XXe siècle, les peuples sont étrangers au système, cantonnés au rôle de spectateurs apathiques, passifs et obéissants, autorisés périodiquement à choisir parmi les représentants du pouvoir privé.
(...)
Loin d'être une simple dénonciation, la démonstration de Noam Chomsky est redoutable car elle s'appuie essentiellement sur les propos parfaitement lucides des instigateurs de ces politiques. Synthétique et instructif.

Article complet en suivant le lien.
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Ce tout petit livre est un extrait d'une conférence prononcée en 2 000 au Nouveau-Mexique à l'occasion du vingtième anniversaire du Centre de documentation intercontinental. Tout petit livre, car seulement 56 pages de textes. Mais un texte énoncé si clairement qu'il n'y a pas besoin d'en ajouter une seule ligne. Très clairement anti-capitaliste, cet ouvrage prend tout de même une drôle de résonance avec les évènements qui secouent le monde depuis la crise financière et est d'autant plus d'actualité aujourd'hui.

Car depuis que le mot de « rigueur » a plus ou moins été lâché par le gouvernement, on sait très clairement que nous allons subir les évènements à venir, sans presque aucun contrôle sur le cours des choses. Comme l'explique si bien Noam Chomsky, nous sommes dans un système qu'il nomme tina – There Is No Alternative – Il n'y a pas d'autres alternatives. Un système où on cherche à nous prouver régulièrement que les lois votées, les réformes à venir, les augmentations supplémentaires sont un mal nécessaire à la bonne marche du pays, du monde, du système. Un système qui a pourtant failli et qui a précipité le monde dans une crise économique dont on semble avoir du mal à se relever.

Quelle est l'alternative proposée par Chomsky ?
(lire la suite...)
Lien : http://www.tulisquoi.net/sur..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ces dernières années, on a accordé aux sociétés des droits qui dépassent largement ceux des personnes. D’après les règles de l’Organisation Mondiale du Commerce, les sociétés peuvent exiger ce qu’on appelle le droit au « traitement national ». Cela signifie que la General Motors, si elle opère au Mexique, peut demander à être traitée comme une firme mexicaine. [...] Un Mexicain ne peut pas débarquer à New York, demander un traitement national et s’en trouver fort bien ; les sociétés si.
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Un exemple frappant (il n’en manque pas) peut être trouvé dans l’ordre économique international – je veux parler de ce qu’on appelle les accords commerciaux. La population, comme le prouvent très clairement les scrutins, est fortement opposée, dans l’ensemble, au cours que prennent les choses, mais cette opposition ne parvient pas à se traduire dans les faits. Les élections n’offrent pas d’issue car les centres de décisions – la minorité des nantis – se rejoignent pour instituer une forme particulière d’ordre socio-économique. Ce qui empêche le problème de trouver son expression. Les choses dont on discute ne touchent les électeurs que de loin : questions de personnes ou de réformes dont ils savent qu’elles ne seront pas appliqués. Voilà ce dont on discute, non ce qui intéresse les gens.
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Le plus important, je crois, fut certainement le démantèlement du système Bretton Woods par les États-Unis, l'Angleterre, et d'autres au début des années 70. Ce système avait été conçu par les États-Unis et l'Angleterre dans les années 40. A cette époque les programmes d'aide sociale et les mesures démocratiques radicales bénéficiaient d'un soutien populaire écrasant. C'est en partie pour ces raisons que le système de Bretton Woods du milieu des années 40 réglementait les taux de change et permettait le contrôle des flux monétaires. L'idée était de mettre fin à la spéculation ruineuse et nocive et de restreindre la fuite des capitaux. Les raisons étaient bien comprises et clairement formulées - le libre flux des capitaux instaure ce qu'on appelle parfois un "parlement virtuel" du capital mondial, lequel a un pouvoir de veto sur les politiques gouvernementales qu'il juge irrationnelles. A savoir le droit du travail, les programmes d'éducation ou de santé, ou encore les efforts pour stimuler l'économie ; à vrai dire, tout ce qui est susceptible d'aider les gens, et non de favoriser les profits (et qui est donc irrationnel au sens technique).
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Au XXe siècle, l'industrie des relations publiques a produit une abondante littérature qui fournit une très riche et instructive réserve de recommandations sur la façon d'instiller le "nouvel esprit de l'époque", en créant des besoins artificiels ou en (je cite) "enrégimentant l'opinion publique comme une armée enrégimente ses soldats", en suscitant une "philosophie de la futilité" et de l'inanité de l'existence, ou encore en concentrant l'attention humaine sur "les choses plus superficielles qui font l'essentiel de la consommation à la mode" (Edward Bernays). Si cela réussit, alors les gens accepteront les existences dépourvues de sens et asservies qui sont leur lot, et ils oublieront cette idée subversive: prendre le contrôle de sa propre vie.
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Il existe un principe prépondérant. Ce principe est que les puissants et les privilégiés doivent pouvoir faire ce qu'ils veulent (au nom, bien sûr, de nobles buts).
Son corollaire est que la souveraineté et les droits démocratiques des gens doivent disparaître... (page 48)
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Vidéo de Noam Chomsky
Noam Chomsky, Fabian Scheidler : La fin de la mégamachine. Une civilisation en voie d’effondrement.
>Systèmes et théories>Systèmes économiques>Economie libérale, Capitalisme (42)
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