AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de val-m-les-livres


* coup de coeur*
Je crois que je l'écris à chaque fois que je chronique un livre d'Antoine Choplin et c'est de plus en en plus vrai, avoir entre les mains ses nouvelles parutions a quelque chose du cérémonial. Je regarde, je touche, j'ouvre et puis, je le pose sur mon rebord de fenêtre, en sachant qu'il est là. Je laisse passer quelques livres et puis, voilà, c'est le moment, le début de vacances par exemple, en tout cas, le moment où je suis pleinement disponible pour cette lecture. Et là, c'est comme retrouver un ami qu'on ne voit pas souvent, on sait que ça ne va pas durer bien longtemps, qu'après, il faudra attendre un, voire deux ans, alors on avance sans vouloir aller trop vite, mais ça défile trop vite et trop tôt, c'est déjà fini.

C'est la première fois que je lis un livre d'Antoine Choplin qui n'est pas un roman. Il a décidé de marcher le long de l'Isère, à quatre moments de l'année pour profiter des saisons. Aux réflexions sur le paysage se mêlent quelques souvenirs personnels, des phrases sur la marche mais aussi sur l'écriture. C'est sans aucun doute le livre le plus intime de l'auteur, ou disons celui dans lequel on perçoit le plus d'intime, chez cet auteur qui ne semble jamais se livrer dans ses fictions. Et je l'ai savouré comme il le mérite. Comme avec ses romans, je ne sais pas clairement expliquer ce qui me réjouit, une délicatesse certaine mais aussi une profondeur qui n'a pas besoin d'étalage, un cheminement commun. Antoine Choplin fait partie de ces auteurs qui ne sont pas entrés dans ma vie en faisant grand bruit, pas un coup de foudre mais l'apprentissage, de livre en livre (c'est le sixième que je déguste) d'une plume. Ça rend le lien plus fort d'avoir été tissé avec le temps et surtout, c'est le seul auteur dont je sais à chaque fois que je le lirai. Je mets au défi les marcheurs de ne pas avoir envie de chausser les baskets ou les chaussures de marche à la lecture de ce livre. le parcours emprunté est très intéressant car l'auteur a parfois traversé des lieux qui ne sont pas ceux empruntés par les marcheurs, des banlieues, des villes.

Mais éprouver sa propre étrangeté dans l'oeil des autres est aussi un agrément. Il éveille le sentiment d'une singularité naissante et qui appelle parfois avec facilité la parole et l'échange.

Comme dans la vie, comme dans l'écriture, il a parfois dû rebrousser chemin et emprunter un autre sentier. Et moi qui invente toujours des vies aux inconnus que je croise (dans les files d'attente par exemple, quand je saisis des bribes de conversation), j'ai aimé les interrogations autour des personnes rencontrées, comme celle qui consiste à se demander pourquoi cet homme qui n'a absolument aucune envie d'écrire, pense qu'il devrait écrire après être sorti d'un coma. Il y aussi ces moments touchants, la manière dont il parle de la collaboration avec les prisonniers sur son festival de l'Arpenteur. Il suffit de passer quelques heures en compagnie de l'auteur pour parfaitement visualiser ce que peuvent être toutes ces rencontres avec les autres, un mélange de chaleur, de délicatesse (oui, c'est un mot qui revient quand je pense à l'auteur et à ses romans) et d'écoute des autres.

Je ne sais pas s'il vaut mieux commencer par ce livre et enchaîner sur un roman ou l'inverse mais j'ai aimé apprendre que l'auteur ne décrit jamais de visages dans ses romans, j'avoue que cela ne m'avait pas frappée.

Sauf exception, j'aime la parole du marcheur. La façon dont elle s'arrange de sa profondeur et de sa superficialité. La place qu'elle autorise au silence. Pour ces motifs, entre autres, je garde en moi le souvenir précis d'instants de marche partagés.

Il y a dans ce livre un passage très particulier sur lequel j'ai eu envie de poser des questions à l'auteur et j'aurais pu le faire. Mais non, je veux rester avec cette part de mystère, inventer le pourquoi, le mien, celui du lecteur.

C'est un peu long, il faudra m'en excuser mais le temps partagé avec ce livre m'a paru bien trop court et pourtant, je le sais, il était de la durée idéale pour partager quelques pas, sans se lasser, avec l'envie de remettre bientôt, mes pas dans ceux de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}