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Citations sur Cour Nord (7)

« Les deux fois où je l'ai vue, la mer, ici dans le Nord, fait Ahmed, elle était de la couleur de la boue. C'est pas la même que la nôtre de là-bas, que je me suis dit chaque fois que je l'ai vue. C'est pas possible, mon frère.
T'as raison, Ahmed, c'est pas la même mer que chez toi, au Sud. Mais quand même, elles sont reliées l'une à l'autre. Il y a forcément un endroit où elles mélangent leurs couleurs, et dans ta mer aussi on doit retrouver un peu de boue, à des endroits. »
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C’est juste que je voudrais savoir qui s’intéresse vraiment à tout ça, il dit […]. Et c’est pas de moi que je parle. Je veux parler de l’usine, de ce qui nous tombe sur le coin de la gueule, de tout ce merdier. Ça, pour demander des nouvelles de ma petite santé, évidemment. Tu parles, je les vois d’ici. Mais pour voir le vrai merdier dans lequel on patauge, alors là y en a pas un.
(p. 67)
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C'était il y a deux jours, il dit. On est sortis des ateliers et les autres types, ceux de la grève, ils nous ont attendus dehors,comme presque toutes les fois, avec le pied ferme. Toujours les mêmes types comme d'habitude. A nous insulter dessus, nous dire qu'on a pas de couilles. C'était comme tous les jours, sauf que je suis sorti des ateliers un peu après les autres et, comme j'étais pas dans le groupe, ils ont fait le cercle autour de moi, à sept ou huit, mon frère. Et là, ils m'ont insulté dessus, de plus en plus fort, sale boulougne, rentre chez toi, va profiter aileurs et autres trucs que je te dirai pas tellement ça fait honte. Y en avait qui me bousculaient avec les mains, même un aussi il me donnait des coups. Mais le plus dur, c'était les mots, mon frère. J'ai essayé de mettre les mains sur les oreilles pour ne plus les entendre, mais je les entendais quand même. Et alors, au bout d'un moment...
Il s'arrête, sa voix s'est mise à trembler. Il prend une bonne goulée d'air avant de poursuivre.
Tellement j'avais honte que j'ai pissé dans mon froc.
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Couché sur les rails. La musique de l'homme couché sur les rails.
C'est pas mal comme nom de thème. Faudrait voir comment ça se dit en anglais.
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De temps à autre, je jette un coup d'oeil vers lui. Dans le regard incessant qu'il porte au dehors, il y a cette curiosité discrète pour les choses que je lui connais, mais aussi cette sorte de rêverie, d'absence, teintée de lassitude.
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Après un temps, il dit encore :
Tout ça, c’est une question de plis.
Une question de quoi ?
De plis. Ça se joue dans les plis. Quand on y pense, on est fait avec ça, des plis, des centaines de plis.
Il marque une pause avant de reprendre.
Le reste, le tendu, le lisse, c’est moins fort, tu vois, ça manque de caractère, de signes distinctifs. Alors que les plis, ça, c’est une vraie signature du corps, les plis qu’on a, là où ils se trouvent, comment on consent à les ouvrir ou pas. Les odeurs que ça libère. On peut se raconter tout ce qu’on veut, c’est ça qui te fait bander, un pli bien placé là où il faut. Et pas seulement bander, mon vieux. Le pli, ça te rend aussi vachement amoureux.
Après un temps de silence, j’éclate de rire.
T’es complètement maboule, Gasp.
Mais il poursuit, sans se vexer.
Et le sexe des femmes, c’est juste une occurrence très réussie de cette idée de pli.
Et la raie des fesses, je dis.
Une autre réussite, c’est sûr.
On laisse s’écouler un temps en regardant vaguement vers l’aéroport.
Pour résumer, je dis, t’en pinces pour cette Italienne parce qu’elle est pliée comme il faut.
Putain, confirme Gasp.
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Ainsi, le lendemain, juste après l'oraison du pasteur, tournant le dos aux trois cyprès, faisant ainsi face aux quelques anciens collègues mineurs et à une douzaine d'hommes et de femmes venus au débotté en amis ou en voisins, sous le regard sévère et vaguement réprobateur de mon père, sous celui plein de bienveillance de la Mamé, j'exécutai tant bien que mal, pour mon grand-père mort, mon air de trompette.
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