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Christiane Chaulet-Achour (Auteur de la postface, du colophon, etc.)Benjamin Stora (Auteur de la postface, du colophon, etc.)Serge Kantorowicz (Illustrateur)
EAN : 9782842051884
95 pages
1001 Nuits (31/07/1999)
3.46/5   14 notes
Résumé :
Alger. Un homme est à son balcon. Il regarde vivre son quartier et parle de son pays : la colonistaion, Isabelle Eberhardt, Albert Camus, l'Indépendance, le FLN, le chaos et la mort.
Dans un pays où le sang a une fâcheuse tendance à remplacer le verbe, où sourire devient un acte de courage, la parole d'Aziz Chouaki, entre ironie mordante et désespoir, restitue la mémoire d'un peuple, ses errements, ses espoirs et ses peines.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Alors que les éditions des mille et une nuits lançaient tout juste leur collection de livres à 10 francs (un truc révolutionnaire à l'époque, du moins c'est comme ça que je m'en souviens !), j'avais acheté pleins de titres sans vraiment savoir de quoi il retournait, peut-être avec l'idée de tous les avoir (mais la collection a vite pris une telle ampleur que c'est devenu irréaliste, et celui-là porte quand même déjà le numéro 184 !). Résultat, j'ai un petit nombre de ces petits bouquins qui dorment sur mes étagères sans avoir jamais été lus. Voilà que je sors celui-ci de l'oubli où je l'avais laissé tomber, à la faveur de mon mois (qui devient deux) de lecture Nord-Africain.

Autant le dire tout de suite, Aziz Chouaki joue avec la langue, il aime déconstruire les phrases pour les reconstruire selon ses propres règles, jouer avec la grammaire, et en général je n'aime pas trop cela. Cet aspect du livre ne m'a donc pas tellement plu, mais je n'en suis pas bonne juge. Par contre, j'ai aimé l'idée de ce livre. Sous ce titre très banal, se cache en fait une évocation de l'histoire récente de l'Algérie, des débuts de la colonisation en 1830 jusqu'à la fin du XXème siècle à l'heure de l'écriture de ce récit (et de l'exil de l'auteur, chassé de son pays par la montrée de l'intégrisme). En trois actes, ce sont trois chapitres clefs de l'histoire du pays qui sont évoqués : la colonisation, l'accession à l'indépendance, et enfin la montée du FIS. Tout cela est vu à travers les yeux d'un unique personnage qui traverse le temps, car il est le gardien de la première balle tirée par un français en 1830 (et qui a fini sa course dans une orange), et il a pour mission d'enterrer cette balle lorsque les hommes s'aimeront autant que les oranges (d'où le titre du livre bien sûr)... Autant dire que ce personnage narrateur n'est pas éternel, mais qu'il n'en est pas loin.

Cette façon de raconter l'histoire à travers un seul personnage qui n'est jamais nommé mais qui est devenu pour moi la personnification du peuple algérien, ou de l'âme algérienne, (quoi que cette réalité recouvre exactement, ce n'est pas vraiment le propos du livre, mais cette façon d'en faire un personnage est intéressante et a quelque chose d'assez touchant me semble-t-il) donne une belle unité et une belle force à ce récit qui est tout en allégories et en symboles. le livre ne propose pas de solution, il ne fait que décrire, que constater. Mais il dit tout de même beaucoup, en mélangeant habilement l'histoire factuelle (à travers des moments ou des noms célèbres, sans jamais dire véritablement les choses), les gens ordinaires et divers qui font l'Algérie (comme Rosina par exemple, la lavandière italienne d'Alger), et la beauté des paysages, de la lumière, de la langue (des langues)... On sent toute l'ambivalence des sentiments de l'auteur pour ce pays qui est le sien, dont l'évolution lui fait horreur, mais qu'il continue à aimer envers et contre tout. Un pays dont il aime le mélange subtil entre unité et diversité, embrassant l'un sans renier l'autre, ou inversement.

A noter, ce livre a fait l'objet d'une mise en scène théâtrale (c'est pourquoi j'ai parlé de trois actes un peu plus tôt, alors qu'Aziz Chouaki les a nommées parties, entrecoupées d'intermèdes tous appelés "Le Balcon"). Je n'ai pas réussi à savoir si ce texte, pourtant absolument pas écrit comme une pièce de théâtre puisque c'est un long texte, un long monologue tissé d'idées et de descriptions, a été écrit et pensé pour la scène ou s'il a été adapté pour le théâtre. Dans tous les cas, cela a dû être quelque chose à voir et à entendre. le texte a en effet un souffle certain, et il brasse l'histoire avec un petit et un grand « h », il part dans tous les sens sans jamais perdre le lecteur (qui doit tout de même s'accrocher un peu, surtout si comme moi il connaît finalement assez mal l'histoire de l'Algérie), il dit les contradictions, les peurs, les échecs, et la beauté aussi. En un mot, Les Oranges, c'est finalement le cri d'un amour qui fait mal mais qu'on ne peut s'extirper de la poitrine.
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On se croirait dans Noces de Camus mais la violence en plus, on pourrait croire qu'il s'agit de poésie mais le sang et les larmes en plus. C'est dans une des mythiques oranges d'Algérie que le narrateur recueille la première balle tiré par un colon. L'orange lui demande d'enterrer la balle quand les hommes s'aimeront comme les oranges. Les années passent, l'auteur endosse plusieurs costumes pour nous raconter comment le peuple algérien traverse la guerre d'Algérie, il devient le révolutionnaire se battant pour la liberté et la dignité et puis il y'a l'arrivée de Boumédiène et là c'est le UN, tout ce qui est diffférent est taxé de contre révolutionnaire, face à cette rigidité politique, l'auteur se tranforme en membre du FIS (Front Islamique du Salut) là encore l'espoir de retrouver des racines et une liberté mais c'est la guerre civile qui guette, les viols, les tortures, les décapitations, les années passent et l'auteur du balcon de sa maison ne voit pas ni quand, ni où cette première balle pourrait être enterrée. La paix des oranges n'est pas encore venue
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"Impitoyable essai qui balaie plus de cent cinquante ans de l'histoire algérienne. Depuis je jour où la première balle française alla se nicher dans une orange..
L'histoire s'y mêle au récit de la vie quotidienne".
(Dans Télérama)

"L'écriture est nouvelle, déconcertante : elle privilégie les phrases nominales, les jeux de mots, les ruptures et les coqs-à l'âne un peu à l'image cahotante d'un pays qui cherche ses marques ".
Christiane Achour et Benjamin Stora.
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Un beau souffle s'empare du lecteur qui curieux, poursuit cette lecture où les mots traduisent un accent, un rythme, une lumière et un peuple. Se laisser porter ainsi est bien agréable malgré la noirceur de la réalité qui oblige le peuple à faire du sur place ou à retourner en arrière. La voix d'un peuple qui lutte avec ses moyens bien rudimentaires et pour qui les mots sont des armes autant que le silence. Une belle écriture chantante et parfumée, lumineuse et clairvoyante.
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Lorsque la première balle française a atteint le sol algérien, elle s'est figée dans une orange. Un petit garçon a alors promis à l'orange d'enterrer la balle quand tous les hommes du pays s'entendront comme les oranges.
Depuis sa fenêtre, un vieil homme se souvient. La conquête française, le FIS, les intégristes islamistes. Bref, son pays.
Entrecoupant les souvenirs, des scène du présent vues depuis son balcon rythment le récit. Elle est belle son Algérie.

Une petite nouvelle bien sympa de moins de 100 pages. Même si on se dit bien qu'un seul homme ne peut pas avoir tous ses souvenirs, son histoire est attachante.
Lien : https://sites.google.com/sit..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ca a commencé par comment on écrit : hippopotame ? avec deux p après le i ? Ou après le o ? A cause de ça, se sont viandés, déballé les vieux sacs, ta soeur c'est une pute je l'ai baisée, salaud je vais te niquer ta mère tu vas voir. Le rouge, le soleil, le coup de poing, le sang. Les hommes.
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Au café du Chihab, Mouloud :
- Tu sais pourquoi nous les musulmans on n'a jamais évolué dans l'industrie ?
- Ehh, non ?!
- Parce que les chrétiens ils nous ont volé les pages techniques du Coran.
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Un jour, j’ai pris un mètre cube de terre d’Algérie, et je l’ai analysée avec Djaffar, un copain chimiste, qui a un ordinateur. On a déduit que dans un mètre cube de terre d’Algérie il y a du sang phénicien, berbère, carthaginois, romain, vandale, arabe, turc, français, maltais, espagnol, juif, italien, yougoslave, cubain, corse, vietnamien, angolais, russe, pied-noir, harki, beur. Voilà, c’est ça, la grande famille des oranges.
(p. 48, Partie 2).
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Des nuits et des nuits j'ai rêvé d'un pays d'oranges, où langue, religion, couleurs, goûts, feraient tous le même bouquet. Celui des vraies oranges, celles d'avant. Tout le monde s'en souvient.
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J'ai compris une chose, la civilisation musulmane est morte depuis Cordoue, Séville, Grenade. Après, ce n'est que suite de poignards derrière des tentures de velours, vizirs aux sourcils carquois, manigançant les coulisses du palais. Arabiades de tapis volants, oh, il a glissé tout seul, s'est fendu le crâne, le pauvre...
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Videos de Aziz Chouaki (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Aziz Chouaki
Marocains, Algériens, Sénégalais, Annamites, les soldats coloniaux furent nombreux à tomber pour résister à l'offensive allemande, défendre Verdun et reprendre Douaumont durant la Première Guerre mondiale. Aziz Chouaki redonne vie à ces combattants des colonies par un va-et-vient incessant entre douceur du Maghreb et abomination des tranchées. Par le biais du conte, l'écriture déconstruit bien des certitudes sur la guerre, l'héroïsme, la dignité, la liberté. Il y est question d'un figuier magique et érudit, d'un narrateur anonyme qui vole dans les airs, des Pieds Nickelés, de bidasses en goguette, d'amour, de guerre... Mise en scène : Jean-Louis Martinelli Auteur : Aziz Chouaki Réalisation : Hélène Ricome, 2009. Interprètes : Hammou Graïa (le narrateur), Aziz Chouaki (le figuier) Enregistrement au théâtre Nanterre-Amandiers.
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