J'ai eu la chance de rencontrer le dessinateur de cette bd,
Lionel Chouin, il y a quelques semaines et je voulais donc commencer à découvrir son travail, très éclectique, tant par les sujets qu'il aborde (de l'Histoire avec un grand « H » aux Sex Pistols en passant par la fiction) que par son trait, qu'il renouvelle à chaque projet. Avec
Douce France, c'est la Seconde Guerre Mondiale et la Résistance qui sont évoquées, mais sous un prisme assez nouveau, celui de la construction, quelques décennies après les événements, d'un Mémorial de la Résistance dans un petit village breton qui a accueilli un maquis de réfractaires au STO.
Un p'tit gars du coin, qui a réussi socialement est responsable du projet. Il s'interroge sur la résistance dans la zone : le rôle Monsieur Raymond, figure locale et haut fonctionnaire, l'attitude de sa propre famille. Et tout cela est mélangé à des préoccupations plus récentes : le chômage et les plans sociaux, les compromissions pour faire avancer sa carrière. C'est une bd sur l'idée de faire des choix, de prendre position, dans les grands événements mais aussi dans les périodes qui peuvent paraître plus calmes.
Et le dessin est en accord avec ce fond. Deux couleurs : des bleus froids et des oranges chauds, qui s'affrontent et se complètent, en cases juxtaposées ou mélangées dans un même dessin. Une façon de montrer que les personnages ne sont jamais ni tout blancs ni tout noirs, faire des choix c'est une chose, faire les bons choix en est une autre…
La bd m'a parue un peu brouillonne, avec un peu trop d'idées, toutes trop peu esquissées pour être vraiment intéressantes ou faire véritablement réfléchir. J'ai mis beaucoup de temps à m'y retrouver et à comprendre où cette bd voulait en venir, et mon sentiment, pour le moins mitigé, est dommage parce qu'il y avait de bonnes choses au départ dans l'idée de cette histoire. Mais en définitive, tout est un peu mis sur le même plan, comme si toutes les compromissions se valaient. Une compromission n'est jamais belle, certes, mais il me semble qu'il y en a qui sont plus lourdes de sens et de conséquences que d'autres.