Lucie s'évade dans son monde pour se protéger des agressions du monde extérieur et en particulier de la violence des adultes. Elle se construit une enveloppe de rêverie à l'intérieur de laquelle elle s'épanouit comme la grande fleur du dessin qu'elle réalise, pendant que sa mère expose les difficultés de sa fille et étale les griefs qu'elle a envers elle. Elle semble ainsi dire à sa mère et au psychologue: "Causez toujours, moi je n'en ai rien à faire, je me développe toute seule dans ma bulle et je n'ai besoin de personne."
Manque de concentration, évasion dans l'imaginaire et instabilité, tout converge pour classer Lucie à l'intérieur de ce fameux désordre décrit par le DSM comme la conjonction entre le déficit d'attention et l'hyperactivité. Les troubles de Lucie ne relèvent absolument pas d'une telle typologie réductrice, mais ils sont la résultante d'un conflit entre les instances psychiques, en lien avec une réalité traumatique cumulative. Les deux malheurs qui ont frappé consécutivement Lucie l'ont contrainte à des aménagements défensifs et à une redistribution de ses investissements. La mort brutale du grand-père et, l'année suivante, la survenue effective du divorce parental, jusque-là seulement redouté. De tels événements ont des effets perturbateurs sur l'enfant, mais entraînent aussi chez lui une précocité maturative.
L'idéalisation extrême, on le constate va de pair avec la participation à des groupes extrémistes. Il est un fait que le besoin chez l'adolescent de refaire le monde est concomitant du besoin de se regrouper. Conscient de sa fragilité et des incertitudes qui pèsent sur son avenir, il est à la fois avide de certitude et de solidarité.
Transmis par la mémoire orale, les contes portent en eux la sagesse et le goût du merveilleux de ceux qui, au fil du temps, y ont déposé leurs plaisirs, leurs angoisses et leurs émotions.
À travers son histoire personnelle, l?auteur a cherché, dans ces pages, à transmettre la passion qui est la sienne pour ces histoires qui enchantent le quotidien et ouvrent au voyage à travers les diverses cultures du monde.
Par sa chaleureuse présence, le conte se découvre dans le partage, au sein de la vie familiale. Il donne à voir et surtout à entendre les conflits et les peurs qui agitent le psychisme de l?enfant. Mais en même temps il a un pouvoir réparateur, il est capable d?offrir un dépassement aux situations difficiles.
Les figures traditionnelles des contes, de Cendrillon à Vassilissa, de l?ogre à la Baba-Yaga sont évoquées tout au long de ce parcours. Grâce au recours à la magie, aux métamorphoses et aux sortilèges, l?imaginaire se déploie et fait oeuvre d?apaisement.
Bernard Chouvier est psychologue clinicien, psychanalyste, professeur émérite de psychopathologie clinique à l?Université de Lyon.
--- Fiche du livre : https://www.dunod.com/pouvoir-contes
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