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EAN : 9782020973960
256 pages
Seuil (22/01/2009)
4.07/5   15 notes
Résumé :
Une vie géniale à nulle autre pareille - celle d'une femme partie en quête de vérité jusqu'à en mourir ; mais plus encore celle d'une femme en amour avec l'esprit, malgré la violence extraordinaire de son temps.

Philosophe, écrivain, poète, mystique, partisane de toutes les luttes politiques des années 1930, jusqu'à se faire ouvrière chez Renault. à la fois engagée dans la guerre d'Espagne et la France libre, Simone Weil n'a jamais dissocié son actio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Christiane Rancé a écrit une biographie éclairée de Simone Weil, intitulée "Simone Weil. le courage de l'impossible" qui révèle à son égard une grande admiration et des affinités intellectuelles et spirituelles.
Lire plusieurs biographies de Weil n'est pas inutile : outre que cela permet de mémoriser les étapes courtes, mais torrentielles de sa vie, incroyablement riche en réflexions, rencontres et expériences, on aborde les écrits et la personnalité de la philosophe par des biais différents, certains points obscurs d'un récit étant éclairés par d'autres.
Lorsque j'ai débuté dans son oeuvre (immense, colossale, intimidante, faite d'articles de journaux, de revues militantes, de lettres, de considérations consignées dans des cahiers), j'avoue que je n'étais pas enchantée par ses expériences en usine que je tenais pour sacrificielles à l'excès : l'usine, dans les années 30, avant le Front Populaire et les lois améliorant le sort des ouvriers, c'était cruel, arbitraire, dégradant pour la dignité humaine, les années y comptaient triple. C'était une affaire entendue. Pourquoi risquer d'y engager sa santé lorsqu'on pouvait l'éviter ?
C'est sans doute le raisonnement logique, mais peu généreux, que se tinrent les intellectuels marxistes de l'époque, car elle fut en la matière une pionnière.
Simone Weil voulait la vivre, cette terrible expérience, dans sa chair et dans son esprit ; sinon, comment comprendre, comment avoir une parole légitime ? "Quand je pense, écrit-elle, que les bolcheviks prétendaient créer une classe ouvrière libre, et qu'aucun d'entre eux - Trotsky sûrement pas, Lénine, je ne crois pas non plus - n'avaient sans doute jamais mis le pied dans une usine (...), la politique m'apparaît comme une sinistre rigolade."
A partir de cette expérience (et d'autres tout aussi cruelles, comme sa brève participation à la guerre d'Espagne sur le front Républicain) qui la rendirent pessimiste, mais ne lui ôtèrent ni la curiosité, ni la Joie, Simone élabora une spiritualité chrétienne (sans appartenance à l'Eglise officielle, elle ne se serait pas ainsi défaussée durant la montée de l'antisémitisme et à l'aube de la guerre ; et pour d'autres raisons aussi... ) que présente ici merveilleusement Christiane Rancé.
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Alors voilà. Je viens de finir de lire la biographie de Simone Weil, pas la femme politique, l'autre : la philosophe inclassable née en 1909, et morte à 34 ans. Je vous recommande ce livre absolument. Christiane Rancé, sa biographe, écrit de façon magnifique, concise. Et on pleure à la fin parce que c'est juste beau et triste, et qu'on aurait envie que cela finisse autrement. Mais cela ne pouvait pas finir autrement car Simone Weil meurt fidèle à elle-même : d'une exigence absolue envers elle-même, d'une cohérence absolue avec ses principes.

Très tôt, dès l'âge de 14 ans, elle renonce à toute vie sentimentale, et ne se donne qu'un seul but : la quête de la Vérité, de l'Amour du prochain.

Prof de philo, normalienne, élève d'Alain qui se rend compte de son potentiel exceptionnel, alors qu'on l'envoie enseigner dans le Massif Central pour l'éloigner car elle dérange par ses invectives communistes (sans jamais adhérer au Parti), elle se met à donner des cours aux travailleurs,et fait scandale en allant avec eux dans les cafés.

Comment soulager la détresse humaine ? Pour la faire sienne, elle va jusqu'à travailler un an et demi en usine, pour comprendre dans son être le sort des ouvriers. Elle se sent de son propre aveu marquée à jamais comme une esclave, connaît l'épuisement et l'absurdité des taches répétitives, vit les rapports déshumanisés, le chacun pour soi, se surprend à obéir "comme une bête de somme". Elle fera aussi les vendanges, les pieds en sang et le dos meurtri, s'obligeant à la même cadence que les autres. Toute sa vie, elle pratiquera l'ascèse comme mode de partage, refusant les tickets de rationnement, les offrant à d'autres, dormant par terre pour partager le sort des prisonniers pendant la guerre; c'est ce qui la tuera d'ailleurs.

Toute sa vie, elle allie la pensée et l'action avec une soif et une énergie incroyables, paraissant presque enragée à ceux qui croisent son chemin, d'autant plus qu'elle se souciait comme d'une guigne de son physique, ce qui choquait, mais tous demeurent impressionnés.
Pacifiste, elle va quand même sur le front pendant la guerre d'Espagne pour soutenir les camarades; puis pendant l'Occupation, elle n'a de cesse de demander un visa pour l'Angleterre,car son souhait est d'être parachutée sur le front, allant à une mort certaine. Elle voulait constituer un groupe d'infirmières de choc, dont elle aurait fait partie. Trop faible, personne ne consentira à sa demande. De Gaulle la croit folle.
Parallèlement à la Résistance,la fin de sa vie est marquée par le mysticisme, une foi toute personnelle, sans baptême ni lien avec l'Église, magnifiquement décrite.

Je ressors estomaquée de cette lecture, galvanisée par son courage, sa générosité, son abnégation et sa droiture, et j'ai hâte de me procurer ses écrits (dont La Pesanteur et la Grâce, L'Enracinement), tous posthumes.

Je vous livre quelques passages dans la rubrique "Citations", que je trouve beaux.


Lien : http://tous-les-mots-sont-pe..
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Un bel essai d'approche de la personnalité et de l'oeuvre riche et complexe de Simone Weil. Il n'est pas inutile de lire un tel ouvrage avant de se lancer dans la lecture proprement dite de la femme-philosophe. On mesure combien Simone Weil offre une pensée d'une richesse inouïe, mais cette figure de la pensée n'était pas en reste dans l'engagement physique de sa personne auprès des plus "écrasés" par L Histoire. Après être agrégée et sortie d'une grande école, Simone Weil a traversé différentes strates de la société, comme celle des ouvriers quand elle a décidé de travailler dans une usine, elle s'est engagée dans le syndicalisme, elle a rejoint les Républicains en Espagne pour combattre le fascisme de Franco, puis elle a gagné les USA avant de demander à rejoindre De Gaulle pour se battre en France avant la Résistance contre les Allemands. Tout le parcours de Simone Weil est exemplaire de loyauté.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Simone Weil explique pourquoi elle refuse de se nourrir :
" Étant donné la situation générale et permanente de l'humanité dans ce monde, peut-être bien que manger à sa faim est une escroquerie".

À ses parents,avant son départ pour New-York où elle doit s'exiler un temps :
" Si j'avais plusieurs vies, je vous en consacrerais une, mais je n'en ai qu'une et je dois la vivre."

"La foi ne doit être défendue que par l'innocence et l'amour."

"Il est bon d'aimer au point de paraître fou."

"La violence du temps déchire l'âme. Par la déchirure entre l'éternité."

En adieu à un ami, avant sa mort :
"Je charge les étoiles, la lune, le soleil et le bleu du ciel, le vent, les oiseaux, la lumière, l'immensité de l'espace, je charge tout cela, qui reste toujours avec toi, je charge tout cela de mes pensées pour toi et de te donner chaque jour la joie que je désire et tu mérites tellement."
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Lorsque Simone Weil ira voir ses amis de l'Ecole Normale, Jacques Roubaud et sa femme, lors de son voyage à Carcassonne, ils la reconnaîtront à peine : "Elle était vêtue de bure ; les pieds nus dans des sandales, dépouillée de toute préoccupation charnelle, elle leur apparut comme une sainte du Moyen Âge." Jean Paulhan assiste au dîner, il est abasourdi et ne risque pas un mot. Tous l'écoutent dans un étrange silence. Elle est très vieillie. Elle semble flotter. "Quand elle fut partie, ceux qui étaient là éprouvèrent une impression de malaise. Ce manque d'intérêt pour le temporel, pour le siècle ; ce jour nouveau sous lequel elle s'est présentée, tout cela provoqua une étrange émotion."
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Avec une fidélité radicale à l'attention qu'elle s'est imposée depuis ses quatorze ans, Simone Weil tend vers ce point où " le génie créateur de beauté, le génie créateur de vérité, l'héroïsme et la sainteté sont indiscernables". En prologue de ce grand oeuvre ("L'enracinement"), avec l'audace qu'elle a déjà révélé dans sa critique du marxisme, elle rompt avec le Préambule de la Constitution de 1789. Il ne s'agit plus des "droits de l'homme", mais des "devoirs de l'homme envers l'être humain".
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La vérité, c'est que l'esclavage avilit l'homme jusqu'à s'en faire aimer, que la liberté n'est précieuse qu'aux yeux de ceux qui la possèdent effectivement; et qu'un régime entièrement inhumain comme est le nôtre, loin de forger des êtres capables d'édifier une société humaine, modèle à son image tous ceux qui lui sont soumis, aussi bien opprimés qu'oppresseurs.
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"Prendre puissance sur, c 'est souiller. Posséder, c'est souiller. Aimer purement, c 'est consentir à la distance, c'est adorer la distance entre soi et ce qu'on aime."
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Vidéo de Christiane Rancé
https://www.laprocure.com/product/1220790/rance-christiane-bella-italia-un-itineraire-amoureux
Bella Italia : un itinéraire amoureux Christiane Rancé Éditions Tallandier
« J'ai eu la chance d'avoir des parents voyageurs qui m'ont fait connaître ce pays. J'ai eu la chance ensuite d'avoir un métier — puisque j'étais journaliste — où je suis beaucoup partie, j'ai passé à peu près deux mois en Italie par an pendant vingt ans, dans toutes les villes, un petit peu sur tous les sujets. Eh puis, il y a eu la pandémie, il y a eu deux ans de confinement, de fermetures. À la sortie du confinement, j'ai été prise de l'irrépressible besoin de partir pour l'Italie. Mais ça a été un désir absolument incroyable... » Christiane Rancé, pour la librairie La Procure Lectures, par Marguerite Rancé
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