[...] Les assassins ressemblent fort aux honnêtes gens et rien ne les en distingue dans la vie courante. Ce sont très souvent des gens charmants, polis et raisonnables.
- La vie réelle diffère un peu des romans, madame Olivier, répliqua Battle.
- Je le sais. C'est mal construit.
-Je ne crois pas qu'il brillait par la bonté, observa Mrs Oliver,
-Non, dit Poirot, mais il était vivant et le voilà mort. Comme je lui en faisais la remarque, j'adopte envers le meurtre une attitude bourgeoise. Je ne puis donc que le désapprouver.
-L'homme est une créature dénuée d'originalité, remarqua Poirot.
-Les femmes sont capables de variations infinies, affirma Mme Oliver.
Les lecteurs adorent les poisons indécelables, les inspecteurs de police stupides, les filles attachées dans des caves pleines de gaz méphitique, ou se remplissant d’eau – manière bien mal commode de tuer quelqu’un en réalité – et le héros qui vient tout seul à bout de trois à sept méchants. J’ai écrit jusqu’à présent trente-deux romans tous identiques en réalité, comme M. Poirot paraît être le seul à l’avoir remarqué, mais mon unique regret, c’est d’avoir fait de mon détective un Finlandais.
La mémoire est un don précieux. Quand on le possède, le passé n'existe pas.
-Il jouait fort bien le rôle de Satan; au fond, ce n'était pas un démon...mais un sot. Il en est mort.
-De sa sottise?
-Oui, un péché qui ne se pardonne pas, madame.
"Vous éveillez en moi un souvenir, monsieur Poirot.
- Vous pensez à Sherlock Holmes, n'est-ce pas ? Le curieux incident du chien dans la nuit. Le chien n'avait pas aboyé. C'est le curieux de l'histoire. Hum...que voulez-vous, je n'hésite pas à emprunter parfois les petits trucs des autres.
- Laissez-moi vous dire , monsieur Poirot, que je ne sais où vous voulez en venir.
- Je m'en félicite. Entre nous, voilà comment je m'y prends pour produire mes petits effets."
Mes paroles ne contenaient qu'un avertissement. Vous voulez absolument qu je trouve amusante votre idée de réunir une collection d'assassins. Eh bien, moi je vous réponds qu'"amusant" n'est pas le mot juste: "dangereux" conviendrait davantage. Selon moi, monsieur Shaitana, votre douce marotte est bien périlleuse.
Comme je ne veux pas que mes fidèles lecteurs rejettent ce livre d'un air dégoûté, je préfère les prévenir que ce n'est pas le genre de celui-ci. Il n'y a que quatre partants et chacun d'eux, dans certaines conditions, pourrait avoir commis le crime. Ce qui met l'élément de surprise forcément hors jeu.