Citations sur La Mort dans les nuages (52)
— Vous avez dit qu’on a retrouvé le chalumeau derrière un des sièges de l’avion ? Qui occupait ce siège ?
Le magistrat consulta ses notes. Le sergent Wilson s’avança et lui glissa tout bas :
— Il s’agit du fauteuil numéro 9, où avait pris place M. Hercule Poirot. Ce M. Poirot est un détective privé, très connu et très estimé, qui a… euh… qui a collaboré plusieurs fois avec Scotland Yard.
L’homme à la face carrée se tourna vers M. Hercule Poirot, et il considéra d’un air bourru le petit Belge aux longues moustaches.
« Les étrangers, disaient les yeux de l’homme à la face carrée, ne m’inspirent aucune confiance, même quand ils travaillent étroitement avec la police. »
A voix haute, l’homme prononça :
— N’est-ce point ce « Porrott » qui a ramassé l’épine empoisonnée ?
— Lui-même.
Le jury se retira. Après cinq minutes, les jurés revinrent dans la salle du tribunal, et leur chef tendit au coroner une feuille de papier.
— Ah ! non ! s’écria le coroner furieux. Je ne puis accepter un verdict aussi stupide !
Vous ne voudriez tout de même pas qu'un roman policier ressemblât à la vie réelle. Consultez un peu les journaux, les crimes y sont d'une monotonie désespérante.
- [...] Quelle est la préoccupation qui s'impose à notre esprit à l'annonce d'un meurtre?
- Trouver le coupable, fit Jane.
- L'idée de justice, dit Norman Gaile.
Poirot secoua la tête.
- Il est une chose plus importante que de découvrir l'assassin. La justice, mot superbe, mais dont le sens exact demeure parfois difficile à définir suivant le cas. Selon moi, le point capital consiste à disculper les innocents.
- Cela va sans dire, si quelqu'un est accusé à tort...
- Point n'est besoin d'être accusé. Tant que le coupable n'est pas reconnu, sans aucun doute possible, tous ceux qui, de près ou de loin, touchent au crime, en souffrent à des degrés différents.
« - La vie est vraiment terrible parfois, répéta-t-il. Il faut beaucoup de courage.
- Pour se tuer ? Oui, j’imagine qu’il en faut.
- Et pour vivre aussi, il faut beaucoup de courage. »
(p.207)
- Voulez-vous apprendre quelque chose, mademoiselle ? Ma profession m'oblige à ne point croire tout ce qu'on me dit... du moins ce qui n'est point étayé de solides témoignages. Mes soupçons ne se portent pas sur une personne, puis sur une autre. Je suspecte d'abord tout le monde. Celui qui, de près ou de loin, touche à la victime est considéré par moi comme coupable jusqu'à preuve du contraire.
- [...] Oh ! ces auteurs de romans détectives... où toujours les policiers jouent un rôle ridicule ! Si je m'avisais de parler à mes chefs sur le ton employé par les inspecteurs dans leurs fichus bouquins, ma parole ! on me ficherait à la porte illico. Ce meurtre ressemble comme un frère à ceux qu'un écrivassier de cet acabit croit pouvoir commettre impunément.
- Lorsqu'on étudie un problème avec ordre et méthode, on parvient presque toujours à en trouver la solution, répondit-il.
- On voit bien que vous n'avez pas fréquenté beaucoup d'archéologues. Si MM. Dupont étaient en plein discussion, soyez certain, cher ami, qu'ils demeuraient aveugles et sourds à tout ce qui se passait autour d'eux. Ils se trouvaient sans doute transportés en l'an cinq mille avant Jésus-Christ et, pour eux, l'an mille neuf cent trente-six n'existait plus.
- Vous pensez que c'était un moyen dément de commettre un crime n'est-ce pas?
- Bien sur. De la pure folie.
- Et pourtant... Il a réussi. Nous sommes là, tous les trois, assis à en parler et nous n'avons pas la moindre idée de qui l'a commis. C'est ce que j'appelle une réussite !
- Vous avez raison Monsieur Poirot. Avouez tout de même qu'ils ne paient pas de mine.
- Comme presque tous les grands hommes ! Tenez, moi qui vous parle, On m'a pris un jour pour un coiffeur !