Peu avant minuit, sur une route de campagne du Pays de Galles, un automobiliste aveuglé par un épais brouillard s'égare dans un fossé. Au loin, lugubre, la corne de brume mugit.
Une belle demeure, une porte non verrouillée, notre inconnu pénètre dans un vaste bureau plongé dans l'obscurité. Un fauteuil roulant, un homme endormi. Ah non, un homme mort !
Et dans un recoin, une femme statufiée, revolver à la main. D'une voix sans timbre, elle révèle avoir tué son mari. le parfait inconnu, curieux, demande des explications avant d'appeler la police. Ce serait tellement dommage que cette femme si séduisante soit arrêtée pour crime !
Transposée en roman par
Charles Osborne, cette pièce de théâtre nous offre un bon suspens classique de la Reine du crime où les apparences sont immanquablement trompeuses. Chaque personnage de cette demeure, qui rentre en scène successivement, fait finalement l'objet d'une suspicion.
On y découvrira, entre autres, une gouvernante toute dévouée à la famille, un infirmier profiteur de la situation, un demi-frère légèrement dérangé et fasciné par le sang, une victime cruelle, passionnée d'armes à feu et qui tirait tous les soirs sur les animaux de passage.
Puis, pour mener l'enquête et ajouter un petit trait d'humour, un sergent poète qui exaspère son supérieur.
Ce huis-clos théâtral, aux dialogues rythmés, n'offre cependant pas l'ambiance so british que je recherche dans l'oeuvre d'
Agatha Christie. Hormis le brouillard, le costume de tweed de l'inconnu et l'évocation du sherry, l'atmosphère anglaise manque cruellement. Je pense que sur scène, la puissance donnée par le talent des acteurs doit contribuer fortement à l'attrait de cette énigme.
Reste que cette tragédie policière se lit rapidement, est représentative des imbroglios christiniens et, au-delà du crime, renferme toujours la petite touche sentimentale dont l'auteure ne se départait jamais.
« Et la corne de brume continua de mugir… »