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Critique de Syl


Dans le compartiment du train qui l'emmène à Calais, le capitaine Hastings fait la connaissance d'une jeune pécore peu distinguée, qui jure et parle avec exubérance… « Nom de Dieu ! »… Cette jeune fille se présente ; elle a dix-sept ans, est acrobate et s'appelle Cendrillon. Hastings, après un froncement de sourcils, est vite charmé par la fraîcheur juvénile et la modernité de ses expressions. Il en gardera un souvenir souriant et déjà nostalgique, bien après leur séparation sur le quai.

Démobilisé de l'armée depuis ses blessures, il occupe la fonction de secrétaire pour un député et cohabite avec le détective Hercule Poirot, un inspecteur Belge retraité, dans un appartement londonien.
De retour de ce voyage, il retrouve un Poirot à la table du petit déjeuner, atteint de morosité, désespéré de ne plus avoir à élucider de bonnes affaires criminelles. Alors, en regardant le petit homme décacheter son courrier du jour, n'est-il pas ravi de le voir les moustaches frémissantes, un sourire satisfait, lire une lettre intéressante.
Un homme du nom de Renauld réclame les services du détective. Les termes sont pressants et augures d'un danger imminent. Résidant en France, l'homme d'affaires demande à ce que Poirot vienne le voir dans sa maison à Merlinville le plus rapidement possible et se tient prêt à le réceptionner à Calais.
Serait-il ce millionnaire Sud-Américain originaire du Canada ?
Voilà enfin une enquête qui pourrait être digne des petites cellules grises d'Hercule Poirot !
Ne reste plus qu'à Hastings de ne pas déballer ses valises et de reprendre avec son ami, le chemin de la veille en sens inverse…

A Calais, la déception est grande, voire même étrange, car personne n'est là pour les recevoir. Cela sera à la villa de la famille Renauld que l'explication se fera…
Des gendarmes cernent l'entrée de la demeure et Poirot est accueilli par l'inspecteur Bex, une ancienne connaissance.
On a découvert le cadavre poignardé de Monsieur Renauld sur le terrain de golf mitoyen à leur propriété, dans une fosse, kidnappé après que sa femme ait été sortie de son lit, attachée et bâillonnée par deux hommes masqués et perruqués.
Dès les premières questions auprès des domestiques, il en ressort que le défunt avait de fréquents rendez-vous avec des femmes différentes, chez lui, dont Madame Dubreuil, la voisine. de plus, son travail avait des filières à Santiago et on pourrait imaginer que des malfaiteurs Chiliens soient venus pour régler un différent…

Dès son arrivée, décidé à rester sur les lieux du crime, Hercule Poirot, sous le regard admiratif de Hastings, commence à collecter les indices et collabore avec la police française.
De supputations en flair de fin limier, l'histoire remonte à une affaire sordide, vieille d'une vingtaine d'années.
Qui est l'auteur de cet assassinat ? La femme, le fils, la voisine, le secrétaire, la petite-amie du fils, la deuxième petite-amie du fils ? ou le vagabond mort que l'on découvre plus tard dans l'abri jardin ? Mais alors… qui a tué cet inconnu ?
Quels sont les motifs ? Passion, vengeance, héritage, chantage, l'Amour ? le tout ?
Hercule Poirot n'est pas le seul à enquêter. L'inspecteur Giraud de Paris mène une investigation en parallèle de celle de notre détective. Autre intelligence, autres méthodes, autres visions des choses… Sur le terrain de la compétition, Giraud prend plaisir à devancer Poirot et à le ridiculiser avec sa science. Peut-on lancer les paris sur la conclusion de l'enquête ? Certainement ! Moi, je mise sur Poirot.

Deuxième enquête du détective Hercule Poirot, assisté de son ami le capitaine Hastings, nous retrouvons avec beaucoup de plaisir ces deux personnages attachants.
Hastings prend la plume pour nous chroniquer cette enquête, en ne cachant aucunement son comportement… ses faiblesses, sa naïveté, son coeur d'artichaut et sa vénération pour Poirot. Il décrit le détective comme un « étonnant individu »…
« Un mètre soixante, une tête en forme d'oeuf légèrement penchée de côté, des yeux brillant d'un éclat vert quand il est en proie à l'émotion, une moustache de style militaire et un air de parfaite dignité. D'apparence soignée, recherchée même, il éprouve pour l'ordre sous toutes ses formes une passion exclusive. Un bibelot posé de travers, le moindre grain de poussière, le plus léger désordre dans vos vêtements sont pour le cher homme une véritable torture. L' »Ordre » et la « Méthode » sont ses dieux… »
Dans ses mots, Hastings (ou Agatha) nous retrace les moindres réflexions de Poirot et il le fait avec justesse et fidélité. En le lisant, j'entends la voix élégante et légèrement précieuse du détective qui nous sussure tout doucement les évidences de l'histoire, une histoire qui se décompose entre présent et passé, faite de semblants, d'illusions, de faux sentiments et de beaucoup d'amour.
Raillé par un inspecteur de Paris, Poirot reste impassible. Il n'en est qu'au début de sa carrière de détective et sa réputation n'est due qu'à ses exploits antérieurs au sein de la police Belge. Sa silhouette et son air de dandy faussent le premier jugement et seuls ses interlocuteurs les moins obtus reconnaissent en l'homme toute son intelligence et sa finesse. Pour ma part, j'ai toujours envie de l'applaudir !
J'avais déjà lu ce livre, il y a fort longtemps, et j'avais oublié son dénouement. C'est donc avec surprise que j'ai lu la conclusion et sa morale…
« Certains des plus grands criminels que j'ai rencontrés avaient des visages d'ange, répondit Poirot avec sérénité. Une malformation des cellules grises n'est pas compatible avec des traits de madone. »

Je vous souhaite une bonne lecture et vous conseille de lire la série de façon chronologique. Les personnages principaux que nous retrouveront dans d'autres enquêtes, évoluent.
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