— Belle soirée pour un meurtre, fit remarquer Japp en professionnel avisé. Personne n’entendrait un coup de feu par une nuit pareille.
— Cela m’a toujours paru bizarre qu’il n’y ait pas plus de criminels pour en profiter, renchérit Poirot.
— Je vous dois un aveu, Poirot. J’en arrive parfois à souhaiter que ce soit vous, un jour, qui commettiez un meurtre.
— Cher ami !
— Si, si, je vous assure ! Ne serait-ce que pour voir après coup comment vous vous y étiez pris.
— Japp, mon tout bon, si d’aventure je commettais un meurtre, vous n’auriez pas la moindre chance de voir jamais comment je « m’y suis pris », comme vous dites. Vous ne vous apercevriez même pas qu’un meurtre a été commis.
Japp se mit à rire, d’un rire affectueux et bon enfant.
— Quel monstre de suffisance vous faites ! s’attendrit-il, indulgent.
Extrait de Feux d'Artifices.
Lord Mayfield eut un brusque éclat de rire.
- Pardieu, George, je vous croyais bien trop « vieux John Bull » pour faire confiance à un Français, fût-il très intelligent.
- Il n’est même pas français, il est belge, dit sir George d’un air penaud.
Mr Forbes sourit avec indulgence.
- On doit permettre aux femmes d’avoir leurs chimères.
L'appartement était moderne. L'ameublement aussi. Les fauteuils étaient carrés, les chaises anguleuses. Un bureau moderne était installé juste en face de la fenêtre, et un petit homme d'un certain âge y trônait. Son crâne était sans doute la seule chose, dans cette pièce, qui ne fût pas carrée. Il était ovoïde.
M. Hercule Poirot lisait une lettre.
Puis, de l’air de quelqu’un accomplissant un devoir trop longtemps négligé, elle jeta un vague coup d’œil circulaire, et ajouta :
- J’espère que vous connaissez tout le monde.
Ceci n’étant manifestement pas le cas, la phrase n’était qu’une formule dont se servait habituellement lady Chevenix-Gore pour s’épargner l’ennui des présentations et la fatigue de se souvenir des véritables noms.
Japp regarda longuement son ami sans mot dire, puis il se leva brusquement, lui tapota l’épaule et éclata de rire.
- Ce n’est pas si mal pour un vieux renard ! Ma parole, à vous le pompon ! Venez, allons manger un morceau.
- Avec plaisir, mon ami, mais, en fait de morceau, il nous faut une omelette aux champignons, une blanquette de veau, des petits pois à la française et, pour finir, un baba au rhum.
Parce qu'un crime est un crime, dit Poirot d'un ton sévère. Le crime peut sembler des fois justifié, mais c'est tout de même un crime.
- Ouf ! fit-il. Cette femme se parfume exagérément.
Lord Mayfield éclata de rire.
- En tout cas, pas avec un parfum bon marché. Celui qu’elle utilise est l’un des plus coûteux.
Sir George fit la grimace.
- Je suppose que l’on devrait s’en féliciter.
- Certainement. Je trouve qu’une femme inondée de parfum bon marché est l’une des plus grandes abominations connues de l’espèce humaine.
Les militaires à la retraite sont les victimes rêvées quand ils se lancent dans des opérations financières. Leur crédulité excède de beaucoup celle des veuves - ce qui n'est pas peu dire.
- En toute éventualité, examinons la situation au point de vue crime en laissant de côté le suicide.
- D’accord. Comme vous êtes dans les parages, c’est sans doute un crime.
Poirot sourit.
- Je n’aime guère cette remarque, dit-il.