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4,28

sur 1073 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rentrée littéraire 2021 #9

Sans doute le roman le plus éblouissant lu depuis très longtemps !

Lorsque le dernier arbre s'ouvre comme un roman dystopique. 2038, le monde est presque entièrement dépourvu d'arbres après un Armageddon écologique surnommé le « Grand Dépérissement ». L'absence de couverture forestière a engendré des nuages de poussières déplaçant des réfugiés climatiques souffrant de « la craqueuse », un maladie mortelle. le Canada apparait comme un Eldorado, encore riche en forêts primaires et en eau, avec un complexe exclusif sur une île la Cathédrale, où des pèlerins ultra riches viennent se ressourcer au contact des derniers séquoias. C'est là que travaille comme guide la dendrologue Jacinda Greenwood. Et voilà qu'un ex-petit ami avocat vient lui révéler que cette île lui appartiendrait.

Ces seuls premiers chapitres suffiraient à embarquer la plupart des lecteurs. Mais Michael Christie surprend par une maestria narrative qui passe du futur au passé pour raconter la saga des Greenwood et le lien durable qu'ils ont avec l'île. le récit se fait dendrologique, réinventant la notion d'arbre généalogique en propulsant les membres de cette famille dans une construction propulsive brillante. La structure du récit adopte celle des cernes de croissance d'un arbre, les cernes les plus récents étant à l'extérieur. Ainsi le roman remonte le temps ( 2038 – 2008 – 1974 – 1934 ) jusqu'au coeur du noyau familial des Greenwood, sa germination ( 1908 ) puis repart chronologiquement jusqu'en 2038. Jusqu'au vertige tant les rebondissements, surprises et épiphanies s'enchaînent tout le long. Amour, trahison, sacrifice, vengeance, transmission, chaque période confronte ses personnages à des choix moraux qui auront des conséquences, tant personnelles qu'environnementales.

La section la plus exaltante est sans doute celle de 1934. Avec ses accents steinbeckiens, on suit le grand-oncle de Jacinda avec un bébé qui ne lui appartient pas et un cahier révélant les secrets de ses origines. L'énergique course-poursuite en pleine Grande dépression parmi les vagabonds fuyant la misère est inoubliable, sentiment renforcé par l'opposition biblique entre les deux frères ( le grand-oncle de Jacinda et son grand-père ).

Le roman est sombre, avec son analogie famille / arbre qui décrit une humanité avide pillant et détruisant la planète, vouée à la disparition, face à une lignée en voie de décomposition. Jacinda s'était habituée à vivre sans famille, sans histoire à raconter, sans souvenir ni héritage à transmettre, sans ancrage, juste «  une graine entraînée par le courant ». A la fin du récit, elle commence à comprendre combien il peut être bon « de se sentir des racines ». Une recomposition semble possible.

Ce ( premier !!!!! ) roman symphonique est d'une richesse exceptionnelle, rassemblant l'intime et le vaste, le monde humain et le naturel, le passé et le futur, tout en suggérant que de telles distinctions n'existent pas vraiment. La trouble symbiose de l'être humain avec la nature touche au sublime. du souffle, du coeur, du fond, le plaisir de lecture est total.

Exceptionnel !
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Pour son premier roman, le jeune auteur canadien Michael Christie livre une saga familiale qui s'étend sur quatre générations.

Tout débute en 2038, en compagnie de Jacinda Greenwood, étudiante surendettée devenue guide forestière en Colombie-Britannique, l'une des dernières oasis vertes de la planète. le monde étant recouvert de poussière et dépourvu d'arbres depuis le "Grand Dépérissement", seul les plus fortunés ont encore les moyens de s'offrir des visites guidées sur l'île. Au coeur de ce monde où les réfugiés climatiques sont légion, Jacinda ne se doute pas que les racines de ces derniers arbres centenaires sont également les siennes…     

Si le roman s'ouvre comme une dystopie sur l'an 2038, sa construction s'apparente à celle d'un tronc d'arbre, dont l'auteur remonte graduellement les anneaux concentriques, remontant ainsi progressivement dans le temps (2038 – 2008 – 1974 – 1934). le centre du récit se déroule en effet en 1908, là où cette saga familiale prend naissance en compagnie des frères Greenwood, Harris et Everett. Une fois arrivé au centre de l'arbre généalogique des Greenwood et du roman, le lecteur repart en sens inverse pour terminer le roman en 2038, à l'autre extrémité du tronc, en possession de tous les éléments qui ont construit et détruit la famille Greenwood.

Outre la construction assez magistrale de ce roman, il faut également applaudir les personnages qui le peuplent. Des deux garçons recueillis et baptisés "Greenwood" par des villageois en 1908 à Jacinda qui ignore encore tout de ses racines en 2038, en passant par les histoires de son père Liam (2008) et de sa grand-mère Willow (2038), Michael Christie livre des personnages qui ont non seulement des liens de sang, mais qui sont également intimement liés aux arbres, allant du bûcheron à l'activiste écologique, en passant par le charpentier, le producteur de sirop d'érable ou la guide forestière.

Si le lecteur refermera ce roman en connaissant toutes les racines et les branches des Greenwood, il ne sera pas prêt d'oublier les personnages secondaires qui font bien plus que compléter cette saga familiale. de la persévérance de Lomax à la générosité de Temple, en passant par l'érudition de Knut, certains personnages sont particulièrement difficiles à quitter, surtout l'adorable Feeney et sa superbe prose…  

Bref, pour son premier roman, Michael Christie réussit l'exploit de nous tenir en haleine sur près d'un siècle et plus de 600 pages, baladant le lecteur au milieu d'arbres et de personnages intimement liés, proposant ainsi une saga familiale passionnante, tout en rendant un très bel hommage à la nature.
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« Lorsque le dernier arbre », titre surprenant du canadien Michael Christie, titre tronqué dont on devine immédiatement la suite, les mots pour finir la phrase ne sont pas nécessaires pour dire la lourde menace qui plane.

« Lorsque le dernier arbre » est bien une dystopie écologique de prime abord. C'est avant tout en réalité une belle histoire de famille canadienne sur quatre générations, une histoire narrée de façon originale car fondée sur une construction dendrologique, c'est-à-dire sur une construction arborescente, plus exactement en anneaux concentriques à l'image des anneaux que nous trouvons dans les troncs d'arbres permettant de déterminer leur âge (nombre d'anneaux) et les périodes de sécheresse ou de grande humidité (anneaux plus ou moins fins et resserrés), les cernes de croissance. le terme d'anticipation, anticipation légère même, serait plus approprié que celui de dystopie, pour qualifier ce livre.

« Chaque année de sa vie, cet arbre a augmenté son diamètre, élaborant un nouvel anneau de cambium pour enserrer l'anneau de croissance de l'année précédente. Ce qui fait mille deux cents couches de duramen, mille deux cents couches de « bois de coeur », lesquelles suffisent à propulser sa cime hérissée jusque dans les nuages ».

L'anneau le plus proche de l'écorce est l'année 2038, l'année sur laquelle débute le livre, période future post-apocalyptique dans laquelle nous faisons connaissance avec Jake, une jeune femme, dendrologue de profession (botaniste spécialiste des arbres), travaillant à Greenwood Island comme simple guide. le monde est presque entièrement dépourvu d'arbres et de forêts après le « Grand dépérissement », dérèglement climatique trop rapide pour que les arbres aient pu s'adapter, absence de vert, absence de couche protectrice sylvestre engendrant des orages de poussières, un monde quasi inhabitable. Les réfugiés climatiques sont nombreux, souffrant d'une maladie mortelle « la craqueuse » transformant la poussière dans les poumons en boue. « Seul ce qui est vert empêche à la terre et au ciel de s'intervertir ». Les personnes les plus riches, qui vivent désormais dans de luxueuses tours climatisées pour se protéger des nouvelles formes de tuberculose, peuvent venir en pèlerinage se ressourcer sur Greenwood Island au contact de la dernière forêt primaire du monde faire de pins d'Oregon et de séquoias géants. C'est une île cathédrale arboricole, préservée, où certains arbres ont près de mille deux cent ans.

« Il sont plus vieux que nos familles et que la plupart de nos noms. Plus vieux que nos formes actuelles de gouvernement, plus vieux même que certains de nos mythes et courants d'idées ».

Un des pèlerins s'avère être son ancien petit ami Selias. Devenu avocat il va lui révéler que cette ile boisée, « on ne peut plus verte et luxuriante. Où des pins d'Oregon chatouillent les nuages de leurs doigts gantés d'aiguille », est à elle, lui appartient.
Voilà comment démarre ce livre, puis, au fur et à mesure des chapitres, nous remontons le temps, comme si nous coupions l'arbre, abordant peu à peu les couches profondes, 2008, 1974, 1934 et 1908, coeur de cette famille, origine de l'histoire de Jake, là où tout a commencé pour enfin, au milieux du livre, repartir dans le sens du temps, 1934, 1974, 2004 et 2038. Les couches constitutives de l'arbre représentent les différentes générations de l'histoire familiale de Jake, son arbre généalogique. Les différents Greenwood qui se sont succédé avant elle. de façon parfois si improbable, anneaux de croissance successifs fragiles mais qui se maintiennent et s'imbriquent au point de former une famille. de manière inconsciente, chaque ancêtre a laissé son empreinte en Jake, dernière maillon de la chaine, comme les stries que nous voyons et sentons sur un morceau de bois, matériau vivant palpitant de sève qui lie les membres de la famille Greenwood davantage que le sang.
Le procédé narratif est donc une coupe longitudinale dans cet arbre familial afin d'en explorer les cernes et le coeur. Afin d'en saisir tous les mystères et les aspérités.

« Comme toutes les histoires, les familles ne naissent pas, elles sont inventées, bricolées avec de l'amour et des mensonges et rien d'autre ».

A noter que le rythme, l'écriture même je trouve, dans chacune des couches, est différent, bien distinct. Chaque cerne a en effet son rythme propre, son épaisseur, son style. Cette construction narrative est bien vu d'autant plus que les arbres sont bel et bien les éléments centraux du livre, les arbres dans lesquels on grandit, on se réfugie, on s'aime, on travaille, on s'enrichit, on meurt, grâce auxquels on vit tout simplement. Source de richesse lorsqu'ils abondent ou planche de salut lorsqu'ils se font rares, tous les protagonistes ont un lien profond avec les arbres.

Ce livre explique comment cette famille a marqué de son empreinte l'histoire, celle avec un grand H. La petite histoire dans la grande. La façon dont l'exploitation des arbres de certains membres a contribué, à leur échelle, à la déforestation et au drame à venir.

« le Canada est né d'une indifférence cruelle, vorace, envers la nature et les peuples autochtones. Nous sommes ceux qui arrachent à la Terre ses ressources les plus irremplaçables et les vendent pour pas cher à quiconque a trois sous en poche, et nous sommes prêts à recommencer le lendemain – telle pourrait être la devise des Greenwood et peut-être même du pays tout entier ».

Rôle de la transmission, vies en réfutation de celles qui les ont précédés, importance de l'acquis et de l'inné, protection du patrimoine naturel, respect ou destruction de la nature, les thèmes abordés sont vastes et subtiles. Michael Christie surprend par son brio narratif. Nous avons là une épopée sur près de 130 ans qui nous tient en haleine. Une belle histoire flirtant avec le roman d'aventures, j'en veux pour preuve la cavale d'un vagabond avec un nourrisson à travers le pays qui n'est pas à piquer des hannetons. Une parabole écologique et avant toute chose humaniste.

« Qui est vraiment son fils, sinon un petit paquet de chair, de cellules et de tissus animés par la même énergie sacrée qui pousse un arbre à se dresser vers le soleil ? Non, son fils n'est pas qu'à elle. Il descend de bien des lignées. Ou, plus exactement, il descend de la grande lignée, l'unique lignée : il est né de la Terre et du cosmos et de toutes les merveilles vertes à qui nous devons la vie ».

Pourtant, ces nombreuses qualités n'ont pas suffi à me séduire totalement au point de mettre 5 étoiles : il se passe certes factuellement énormément de choses dans ce récit, une multitudes de rebondissements savamment articulés selon l'image d'un tronc d'arbre comme expliqué précédemment, oui l'art romanesque de Michael Christie est brillant et l'ennui ne pointe jamais le bout de son nez, et cela est d'autant plus remarquable lorsqu'on pense qu'il s'agit de son premier roman ( !). Mais il manque, à mes yeux, le sublime poétique, ce petit quelque chose qui parfois arrête la lecture tant ce que nous lisons est beau au point de lever les yeux, de les fermer, dépassés que nous sommes par tant de beauté, il manque la pâte bien personnelle de l'auteur qui permet de voir à travers son âme. Cette histoire à la construction brillante est lisse, parfaite, mais pas assez de hauteur poétique a fini chez moi par nuire à la puissance incroyable de l'histoire. Pourtant l'auteur lui-même le dit dans son livre : « Si Harris aime tant la poésie, c'est pour cette façon qu'elle a de "prendre" dans sa tête comme du ciment, contrairement aux éphémères feux d'artifice des romans qui tissent d'interminables histoires sur des familles et des gens qu'il ne connaitra jamais ». Il manque cette petite touche poétique personnelle qui serait venue dépasser la succession d'événements, qui serait venue nourrir l'âme et embraser ce récit épique.

Un livre qui est néanmoins un rare et formidable moment de lecture, un roman phare en cette rentrée 2021, basé sur une construction brillante et originale ! Ce livre, je le vois en film, je ne serais pas étonnée de le voir adapter au cinéma dans quelques temps. Je lance le pari !

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Vertigineux. Pour un premier roman c'est un coup de génie ! Un « accrolivre » qui m'a tenue en haleine de bout en bout. A la fois fresque familiale et fable écologique aux allures de thriller, tension sourde, mystères et rebondissements y sont savamment distillés. Construit ingénieusement sur le modèle de la souche d'un arbre avec ses cernes annuels, le récit part d'un futur proche, 2038, et remonte le temps jusqu'en 1908 avant d'effectuer le mouvement inverse et revenir en 2038. Cette « Carte narrative » permet de suivre en 5 dates clés 4 générations de la famille Greenwood. En filigrane est évoqué le destin de l'humanité en lien avec la déforestation et la connexion intime et vitale entre l'Homme et les arbres. le récit débute comme une dystopie dans un futur gangrené par le « Grand Dépérissement ». Les arbres meurent, le monde asphyxie conséquence des changements climatiques, des tempêtes de poussières étouffantes ensevelissent tout. Jacinda (Jake) est dendrologue et guide dans une île boisée au large du canada « Greenwood Island » dernier bastion de forêt primaire. Humanisant les arbres Jake trouve dans l'étude de leurs comportements des réponses à ses questions existentielle. Elle apprend fortuitement qu'elle serait la descendante d'un riche industriel ancien propriétaire de l'île. Un énigmatique journal intime parvient jusqu'à elle, on découvre qu'il a été longtemps objet de convoitise comme le nourrisson dans les linges duquel le vieux document était emmailloté…Tous les Greenwood ont un destin lié à la filière du bois et vouent un intérêt particulier aux forêts pourtant certains les détruisent par profit quand d'autres militent pour les préserver. Il y a un clivage générationnel entre Idéologie écologiste et intérêt économique. C'est un livre sur la transmission et les origines. Deux frères en sont la clé de voûte : un magnat des affaires redoutable malgré sa cécité, l'autre en errance et miséreux. La ligne de chemin de fer aux traverses en bois est une des voies conductrices du livre qui unira les frères avant de les séparer. Symbole de fuite pour l'un, d'ancrage et de réussite pour l'autre. Quelles destinées!..quel souffle romanesque! Un grand roman.
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Nous sommes en 2038. La planète étouffe sous la poussière depuis que les arbres ont quasiment tous disparu, décimés par des épidémies fongiques. Restent encore quelques rares zones épargnées, comme l'île de Greenwood, au large de Vancouver. Jacinda y gagne modestement sa vie en tant que guide touristique. Mais voilà qu'elle apprend qu'elle serait l'ultime descendante de Harris Greenwood, un homme qui, au prix d'une déforestation radicale, fit fortune dans l'industrie du bois. C'est un siècle d'une histoire familiale chaotique qui se dévoile peu à peu…


Inquiétante vision que celle d'un monde sans arbres ! le cauchemar envisagé dans ce livre ne paraît pourtant pas complètement fantaisiste et c'est avec un certain trouble qu'on y assiste à l'agonie de géants millénaires, non pas des célèbres séquoias de Californie que tout le monde sait menacés de disparition par les incendies, mais des tout aussi impressionnants pins d'Oregon, dont les plus vieux et les plus volumineux poussent pour de bon sur l'île de Vancouver, et sur l'avenir desquels une invasion d'insectes parasites laisse en effet planer quelques incertitudes. Comment en est-on arrivé à une telle situation ? Là encore, rien d'invraisemblable dans ce roman, mais une histoire passionnante, courant sur quatre générations que, par bonds dans le temps – 2008, 1974, 1934, 1908 –, l'on va découvrir comme les cernes de croissance d'un arbre généalogique.


Commencée au début du XXe siècle par un spectaculaire accident qui réunit deux jeunes garçons comme des frères, la destinée des Greenwood est dès le début à ce point liée aux arbres qu'ils lui doivent jusqu'à leur nom. Et, par-delà les innombrables aléas qui vont modeler cette famille au cours des décennies, les arbres, sur pied ou exploités sous toutes les formes possibles, ne cesseront d'alimenter les passions de génération en génération de Greenwood. Mais quelle est tortueuse, originale et captivante, cette épopée aux rebondissements incessants qui finit par s'ancrer dans l'Ouest canadien, au fil de proximités, de solidarités et d'alliances qui tiendront lieu de liens du sang. Explorant le temps à la manière de la dendrochronologie, le récit éclaire peu à peu le lecteur sur un passé déterminant dont les héritiers ont perdu la mémoire et rejouent sans le savoir des drames et des situations indissolublement liés. C'est ensuite avec une tristesse douce-amère que l'on regagne l'époque de Jacinda, qui, comme tout un chacun dans la vie réelle, ne dispose que de bribes, pour la plupart erronées, pour comprendre l'histoire de ses prédécesseurs.


Un souffle aussi puissant qu'original traverse cette fresque familiale et sociale aux résonances écologiques, qui, sans manichéisme et en gardant l'espoir, nous rappelle le péril que l'activité humaine et les appétits industriels font peser sur nos forêts. Alors, comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, souvenons-nous que « le meilleur moment pour planter un arbre, c'était il y a vingt ans. À défaut de quoi c'est maintenant. » Coup de coeur.

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C'est sur plus d'un siècle que s'étend le roman Lorsque le dernier arbre, sur plus d'un siècle d'abattage intensif des ressources sylvestres, synonymes de profit immédiat.

Lorsque l'on fait la connaissance de Jake, guide sur un îlot encore partiellement boisé de magnifiques pins d'Oregon très anciens, la menace se fait de plus en plus évidente, l'homme a eu la main trop lourde et les dégâts n'en finissent pas de se manifester comme une punition, une ardoise à payer de plus en plus sévère.

A partir de Jake, le temps se prend à défiler à l'envers, la génération précédente puis de chapitre en chapitre, on est convié à l'exploration de la famille jusqu'au couple improbable à l'origine de la lignée.

Les présentations à rebours étant faites, la machine à voyager dans le temps reprend son sens habituel et l'on revivra chaque époque pour compléter l'histoire.

En toile de fond, ces forêts, que certains détruisent quand d'autres tentent de les protéger, sont des personnages à part entières, avec qui l'on souffre lorsqu'ils sont mis à mal, et ce d'autant que nous le devons l'air pur nécessaire à notre survie.


Formidable saga écologique, que l'on déchiffre comme on lit le destin d'un arbre sur les lignes que révèlent sa coupe, c'est aussi un hymne à la nature, et une fresque historique grandiose.


Un grand moment de lecture .
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Bien sûr, j'aime les livres où la langue est belle. Et celle de Christie l'est !
Bien sûr, j'apprécie les constructions habiles, et Christie sait particulièrement y faire !
Mais dans le fond, assez basiquement, j'aime plus que tout quand un livre réussit à me raconter une belle histoire. Et que j'y crois.
Dans Lorsque le dernier arbre, Michaël Christie – traduit par Sarah Gurcel – y est parvenu. Et de belle manière.

Remontant à rebours l'histoire épique de la famille Greenwood sur plus d'un siècle, Christie pose les bases et questionnements de sa saga, avant de repartir dans l'autre sens pour reprendre la bonne chronologie et en livrer les clés. C'est propre ; c'est addictif ; c'est particulièrement beau ; c'est totalement réussi !

De la naissance au début du siècle dernier des patriarches Harris et Everett - forestiers hors pairs - jusqu'au tournant de vie de Jacinda - guide sur une île de Colombie Britannique où la végétation est sanctuarisée après que le Grand Dépérissement a achevé le travail de saccage de l'homme -, les arbres ont rythmé la vie des Greenwood.

Tour à tour sources d'exploitations professionnelles, de refuges salvateurs, d'engagements militants, de travail manuel, d'études universitaires poussées ou juste d'amour inconditionnel, chaque Greenwood a trouvé son chemin de vie au contact des arbres, dessinant tour à tour les strates – certes imparfaites mais s'appuyant les unes sur les autres – de ce qui finit par former une famille. Comme les cernes successifs d'un arbre finissent par raconter son histoire.

Dans le récit aux multiples rebondissements de cette incroyable lignée familiale, Christie passe en revue les hauts et les bas de ce qui en forge les fondements : l'amour, l'humanité, la transmission, bien sûr ; le hasard, la fatalité, la guerre parfois ; la trahison, la vengeance et le mensonge aussi.

En mettant en parallèle permanent le destin de cette famille et les perspectives déclinantes de la nature en général et des forêts en particulier en Amérique comme dans le monde, Christie nous livre une réflexion belle et profonde sur le temps destructeur qui passe et sur l'imperfection humaine, qui peut cependant toujours être rattrapée

Sa démonstration de la capacité de l'homme à détruire tout ce qui fait sens autour de lui pourra sembler pessimiste à certains, voire anxiogène. Mais il n'en est rien, car comme pour les arbres, il y oppose sa capacité à se régénérer, différemment, après chaque apparente destruction.

Alors oui, cette histoire est belle et son analogie sylvestre, porteuse de sens ! Plongez sans attendre dans cette belle découverte de la rentrée, sans surtout vous laisser influencer par le pitch du livre qui pourrait faire croire à une dystopie. Il n'en est rien. Il n'y a là qu'une histoire. Une très belle histoire…

« Que sont les familles, sinon des fictions ? Des histoires qu'on raconte sur certaines personnes pour certaines raisons ? Comme toutes les histoires, les familles ne naissent pas, elles sont inventées, bricolées avec de l'amour et des mensonges et rien d'autre ».
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Lorsque Jacinda Greenwood, jeune étudiante en Colombie-Britannique en botanique, qui fait visiter une des dernières forêts primitives préservée sur une île préservée (on est en 2038), apprend par son ex, un jeune avocat brillant, qu'elle pourrait être l'héritière de cette patrie privilégiée au milieu d'arbres centenaires, elle a du mal à y croire. Il faut dire qu'elle vit à l'heure du « Grand Dépérissement » où la poussière a majoritairement envahi la planète et où elle a trouvé un îlot de verdure qu'elle fait visiter à de richissimes visiteurs.

C'est pourtant le début d'une quête qui va nous plonger dans ses origines familiales : on part tout d'abord en 2008 pour faire connaissance avec Liam, le père de Jacinda, ébéniste, qu'on découvre en mauvaise posture puisqu'il vient de faire une très grave chute d'un chantier sur lequel il travaillait – occasion pour lui de repenser à son histoire personnelle.

Il y dépeint notamment le portrait de sa mère, Willow, une militante écologique engagée corps et âme dans sa lutte pour préserver les arbres.
Puis on remonte encore en arrière, en 1974, lorsque Willow va aller chercher son oncle Everett à la sortie de la prison où il a passé plus de trente ans enfermé, à la demande de son père Harris – un magnat du bois, à l'origine de la destruction de milliers d'arbres canadiens.

Et puis on va remonter en 1934, et c'est la naissance d'un bébé qui va mettre en branle tout une histoire, et même jusqu'en 1908, où l'on verra deux enfants orphelins à la vie résolument chevillée au corps.

« de nos jours, on parle beaucoup d'arbres généalogiques, de racines, de liens du sang, etc., comme si les familles existaient de toute éternité et que leurs ramifications remontaient sans discontinuer jusqu'à des temps immémoriaux. Mais la vérité, c'est que toute lignée familiale, de la plus noble à la plus humble, comme un jour quelque part », écrit Michael Christie, qui poursuit : « Même les arbres les plus majestueux ont d'abord été de pauvres graines ballotées par le vent, puis de modestes arbrisseaux sortant à peine de terre. »

La meilleure partie de ce roman épique se situe en 1934 : on y découvre un homme que rien ne prédestinait à cela emportant avec lui, dans l'ouest de Vancouver, un bébé à la personnalité déjà bien marquée. Sa fuite pour échapper à deux clans qui en veulent beaucoup à ce bébé – dont l'un des plus grands exploiteurs des forêts canadiennes – et un mystérieux cahier que tout le monde recherche est des plus palpitantes. Ce passage, éclairé par le chapitre précédent situé en 1908, expliquera bien de choses dans la suite de la lignée familiale …

Michael Christie interroge les racines : celles (bien physiques) sur lesquels les arbres s'appuient pour grandir et celles métaphoriques qui constituent le lignage familial. Tout tourne en effet autour du bois dans cette famille, selon qu'on l'exploite abusivement (Harris Greenwood, l'arrière grand-père) soit qu'on essaie de défendre les forêts (Willow, la grand-mère) soit qu'on en fasse son métier (Liam, le père) soit qu'on l'étudie (Jacinda, la fille).
Mais le destin n'est pas de tout repos et il pèse comme une sorte de malédiction sur cette famille hors du commun …

A la fois fable et manifeste en faveux de la nature, Michael Christie réussit à faire de « Lorsque le dernier arbre » une saga palpitante (avec de nombreux rebondissements) et un récit militant.

Sans jamais être donneur de leçons, il attire notre attention sur ce qui se joue maintenant avec la nature, avant qu'il ne soit trop tard … Un GRAND récit que signe ici Michael Christie : un auteur canadien vraiment très prometteur.

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C'est la généalogie et l'histoire d'une famille: les Greenwood, qui part du présent dans l'histoire, situé en 2038 et repart en arrière, pour parler de tous les membres de la famille, jusqu'en 1908, l'origine de histoire.. L'histoire est intimement liée aux arbres et tous les personnages ont un métier en rapport avec les arbres. En 1908, après un accident de train, deux enfants vont se retrouver livrés à eux même dans la forêt. C'est avec eux que tout commence. Ils vont devenir forestiers et vivrent tous les deux dans une cabane, dans les bois, Harris deviendra un magnat du bois, érudit et très riche, mais une maladie lui ote la vue. Everett, son frère part faire la première guerre mondiale , et, en reviendra traumatisé.I il devient exploitant forestier et fabriquant de sirop d'érable. Il trouve dans les bois un bébé abandonné qu'il sauve, mais cette histoire va lui causer bien des problèmes et l'envoyer en prison pour longtemps.
L'histoire est racontée en suivant la coupe d'un tronc d'arbre: 2038 est près de l'écorce et 1908 est le noyau, les autres cernes 1934, 1974, raconte l'histoire à différents moments.
Il y a la fille d'Harris, Willow l'écolo qui milite pour la défense des arbres, fâchée avec son père et qui refuse son héritage pour vivre dans un van avec son fils Liam. Liam qui une fois adulte, fait des merveilles avec ses mains, il fabrique des objets en bois de récupération et même un stradivarius pour faire plaisir à sa femme musicienne.
En 2038,après une catastrophe écologique, le monde a perdu la presque totalité de ses arbres et, est devenu un désert avec des nuages de poussière qui engendrent une maladie la craqueuse qui décime la population du monde entier. Les réfugiés climatiques se déplacent vers le Canada, encore riche en forêts primaires. Une île, au large de la Colombie Britannique, fait office de lieu de ressourcement où viennent des pèlerins riches pour être en contact avec les derniers séquoias géants. Jake, la fille de Liam, dendrologue de formation, y travaille comme guide. Elle va découvrir qu 'elle est la petite fille d' Harris Greenwood, le milliardaire et l'héritière de son arrière grand père et donc de l'île.
A travers ce roman, où les arbres ont la première place et sont omniprésents dans tout le récit, l'auteur nous communique son amour des arbres et nous met en garde contre une déforestation massive qui assècherait la planète et créerait une catastrophe écologique irréversible. Les hommes doivent apprendre à vivre en harmonie avec la nature et être à son écoute. Mais n'est il pas trop tard ?

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2038 : sur l'île de Greenwood, Jake, dendrologue est guide touristique. Que fait-elle visiter ?
Une forêt, "La Cathédrale", la dernière forêt primaire du monde car sur les continents tous les arbres sont morts attaqués par les maladies, les insectes. Evidemment, c'est un séjour réservé à des archi privilégiés, qui n'ont de Pèlerins que le nom trop préoccupés qu'ils sont à faire des selfies et à tripatouiller leur téléphone pendant que Jake s'efforce de leur transmettre son amour des arbres.
Jake ne se plaint pas de son sort. Elle mange à sa faim, ne risque pas de contracter la « craqueuse », maladie née du dust bowl, ces tempêtes de poussière qui obstruent les poumons.
Jusqu'au jour où son ex, avocat, vient lui rendre visite, lui confie le journal intime d'une soi-disant « aïeule » et prétend qu'elle est la seule héritière de l'île.
A partir de là, Mickael Christie remonte le temps par petits bonds : 2008, 1974, 1934, 1908 puis revient sur ses pas 1908, 1974, 2008, 2038.
Pourquoi ces dates ? Chacune marque un temps fort pour les membres de la famille Greenwood. le père de Jake, Willow sa grand-mère, activiste écolo, l'arrière-grand-père Harris et son frère Everett, leur enfance et puis on remonte jusqu'à 2038.
Les arbres sont au coeur du récit et ont servi à une construction très habile. Comme un prologue, la reproduction de la coupe d'un arbre indique chacune de ces années clés, nous donnant d'emblée la clé de la structure. C'est habile aussi puisqu'une fois posé l'enjeu : Jake est-elle l'héritière des Greenwood et comment se fait-il qu'elle l'ignore ? Après tout, elle porte le même nom qu'eux. Les explications nous sont livrées alors dévoilées au fur et à mesure de la rencontre avec les différents personnages.
Les arbres sont au coeur de la vie des principaux : ébéniste, bucheron, récolteur de sirop d'érable…
Mais surtout c'est le récit d'une famille, de ses querelles fondées sur des malentendus, des rancoeurs, et j'ai envie de dire, bien sûr, sur ses secrets.
Le récit est passionnant. On avance au gré des cernes de l'arbre familial, on pénètre au coeur de ses racines. Chaque personnage est parfaitement dépeint, livre toute sa complexité laissant malgré tout planer quelques zones d'ombre, permettant au lecteur de construire ses propres hypothèses.
On a hâte d'enfin comprendre toute l'histoire. Et comme, pour ma part, j'ai été très touchée par Everett, je voulais savoir, éclairer les frondaisons de la branche majeure qu'il représente.
Je suis enchantée de ma lecture. Je n'ai qu'un minuscule bémol à formuler. La toute toute fin…
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L'écologiste mystère

Quel mot concerne à la fois le métro, le papier, les arbres et les galères ?

voile
branche
rame
bois

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Thèmes : écologie , developpement durable , Consommation durable , protection de la nature , protection animale , protection de l'environnement , pédagogie , mers et océansCréer un quiz sur ce livre

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