Sollicitée par ses lecteurs,
Agatha Christie a sorti de son train-train quotidien ce petit couple vif et attachant, Tommy et Tuppence, déjà rencontré lors d'aventures extravagantes pleines de péripéties.
Leur âge se reflète pour chacun d'eux dans leur chevelure moins éclatante et colorée mais leur bel optimisme leur fait dire qu'ils ont « à peine atteint la fleur de l'âge.» Ce qui est vrai, sans aucun doute !
Tout commence par une corvée dictée par leur grand sens du devoir : aller rendre visite à la tante Ada dans sa maison de retraite. Si encore c'était une gentille vieille dame mais non, tante Ada a plutôt un petit côté mégère et refuse d'accepter Tuppence dans sa chambre en la qualifiant de femme dévergondée ! Ce sera l'occasion pour Tuppence, qui flaire toujours le louche où qu'il se cache, de mettre déjà un pied dans ses prochaines investigations. Enfin quelque chose d'intéressant, voire d'exaltant pour pimenter un peu son quotidien !
Des petites vieilles à l'esprit plus ou moins vacillant, cet excellent établissement baptisé La Crête ensoleillée en regorge. Affabulation macabre ou fantasmes inoffensifs ? Tuppence, toujours aussi mordue d'intrigue en tout genre, va se pencher sérieusement sur la question, car comme la qualifie ironiquement son mari, c'est un véritable chien de chasse.
Ambiance noire qui gravite autour d'une maison divisée en deux d'une façon plutôt singulière. Pas âme qui vive aux alentours. Des locataires un tantinet inquiétants en occupent la moitié. Drôle d'atmosphère qui se prolonge jusqu'au cimetière du village où un vieux pasteur recherche une pierre tombale.
C'est ce côté délicieusement glauque que j'ai aimé ici : cette atmosphère étrange qui se déplace de la maison de retraite vers cette autre maison isolée, près d'un canal, en passant par un tableau hérité de la tante Ada et représentant ladite habitation. Pas à pas, les évènements bizarres s'additionnent, émergeant de ce décor presque surnaturel.
On retrouve pas mal d'éléments familiers d'
Agatha Christie mais le plaisir-détente de cette lecture reste le même, surtout aux côtés de ce duo si sympathique dont l'affection mutuelle est si réconfortante.