Ce qui rend une enquête difficile, c’est la manie qu’ont les gens de maquiller la vérité sous les prétextes les plus puérils
L'oeil de Poirot s'attendrit à la vue d'un couple parfaitement assorti, l'homme grand et large d'épaules, sa compagne svelte et gracieuse. Ces deux êtres évoluaient dans une douce félicité, joyeux de se retrouver réunis en cette heure en ce luxueux restaurant.
Quelle absurdité que de proclamer que la jeunesse est l'âge du bonheur ! La jeunesse... l'âge de toutes les vulnérabilités.
Le véritable guerrier est libre parce qu'il est déjà mort.
Ma seule présence vaut toutes les publicités du monde- cela devrait se traduire par une substantielle remise sur facture.
Linnet Ridgeway !
— C’est elle ! annonça Mr Burnaby, propriétaire de l’hôtel des Trois-Couronnes. Il poussa du coude son compagnon. Les deux hommes, bouche bée, ouvrirent de grands yeux ronds, à l’expression bucolique.
Une énorme Rolls-Royce écarlate venait de s’arrêter devant le bureau de poste de la petite ville. Une jeune fille en descendit prestement. Tête nue, elle portait une robe simple, mais élégante. Sa chevelure d’un blond doré, ses traits réguliers, son corps svelte et harmonieux lui conféraient un genre de beauté plutôt rare à Malton-under-Wode.
D’un pas pressé, elle pénétra dans le bureau de poste.
— C’est bien elle ! répéta Mr Burnaby.
Et il ajouta tout bas, avec déférence :
— Elle possède des millions… et va en dépenser une partie à embellir sa propriété. On y verra des piscines, des jardins à l’italienne et une salle de bal. Elle a l’intention, paraît-il, de démolir la moitié du château pour la reconstruire.
— Elle apportera ainsi de l’argent dans le pays, dit son ami, un type maigre, à l’air minable et au ton grincheux.
— Oui, acquiesça Mr Burnaby, se frottant les mains. C’est une vraie aubaine pour Maltonunder-Wode. Voilà qui va faire marcher les affaires.
— Un peu mieux qu’au temps de sir George, observa l’autre.
— Les chevaux l’ont ruiné, remarqua Mr Burnaby, indulgent. Ce brave lord n’a jamais eu de chance.
— Combien a-t-il réussi à obtenir pour son domaine ?
— Soixante mille livres pour le moins, à ce qu’on m’a dit.
L’homme maigre sifflota.
Mr Burnaby poursuivit, triomphant :
— Et on affirme qu’elle en dépensera soixante mille autres pour tout remettre en état !
— Mazette ! D’où lui vient cette fortune ?
— D’Amérique. Sa mère était fille unique d’un gros millionnaire. Tout à fait comme au cinéma, n’est-ce pas ?
La jeune fille sortit de la poste et remonta dans sa voiture. Comme l’auto démarrait, l’homme maigre la suivit des yeux.
— C’est injuste, murmura-t-il. L’argent et la beauté, c’est trop pour une même personne.
Lorsqu’on est si riche, on ne devrait pas être aussi belle. Car elle est vraiment belle… Elle possède tout ce qu’on peut souhaiter sur terre. Moi je trouve ça injuste !
- Je t'avais prévenu que je te tuerais ... Eh bien tu as eu tort ! Je ne faisais...qu'attendre ! Tu es mon mec. Tu entends ? Tu m'appartiens !
Cécile
- De fait, ce mariage a été réglé par le Ciel et par Hercule Poirot. Pour moi, je n'ai d'autres ressource que de souscrire à cette félonie.
Quelle absurdité que de vouloir faire de la jeunesse l'âge du bonheur ! La jeunesse... l'âge de toutes les vulnérabilités.
– Dieu merci! Le bonheur existe encore sur terre!