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Critique de Darkcook


L'excellence.

Je voulais absolument lire ce Poirot si spécial, en prévision de sa future adaptation télévisuelle et bien sûr pour le destin final du personnage, si peu connu de la plupart des gens. Au cours de mes recherches sur Internet, j'avais été mis au courant du stratagème à l'oeuvre, mais malgré les spoilers, comme on dit, je me suis quand même fait avoir sur le cas Barbara Franklin, en parfait Hastings!

Après trois Agatha Christie, je me rends compte à quel point celle-ci a influencé l'auteur suprême de mon adolescence, J.K. Rowling. C'est la troisième fois que je constate cette efficacité terrible sur le lecteur, à la fois sur son coeur et son cerveau, avec une économie de mots, pile les phrases et éléments qu'il faut et pas plus... Un peu comme son Iago personnel représenté ici, haha.

J.K. Rowling en a hérité, Harry Potter est son Hastings, il voit des choses étranges autour de lui, en retient certaines, fait l'impasse sur d'autres, et mène le lecteur à faire de même... Jusqu'à ce qu'il ne découvre à la fin, scié, avec le lecteur, la vérité, que telle altercation qu'il a ignoré était vitale, que ses soupçons auraient dû se porter sur un tel plutôt qu'un tel, qu'il a tout compris à l'envers...

Et cet art de la millimétrie, des indices distillés dans la narration, mais qu'on ne voit pas, parce qu'on est conditionné pour réagir comme Hastings, est implacablement livré dans Poirot quitte la scène. Agatha Christie nous livre en plus des maximes magnifiques sur la mélancolie et ce défaut qu'on va jusqu'à se découvrir avec Hastings, cette tendance à reporter ses propres états d'âme sur ceux qui nous entourent... Il y a une efficacité Shakespearienne de la formule chez cet auteur, je crois bien que le flegme britannique entoure la littérature de son aura de sagesse.

Et pour revenir sur le subterfuge de cette dernière enquête, que dire? Dernier hommage à Shakespeare avec effectivement, le criminel parfait, et surtout la remise en question de la problématique de l'innocent et du coupable, qui, dissociés de façon manichéenne dans tout roman à énigmes, sont à nouveau terriblement rapprochés. On se rapproche du polar contemporain ou la frontière entre innocent et coupable s'est dissipée, voire inversée, avec flics véreux et psychopathes pathétiques.

Quand je pense que le genre policier est tellement méprisé par le commun académicien et intellectuel, alors qu'il recèle de virtuosité littéraire... Agatha Christie, ce n'est pas qu'une redoutable mathématicienne de l'énigme qui a livré dans ce roman une équation inoubliable, c'est surtout une parfaite compréhension de la nature humaine, qui est celle de Poirot, qui nous fait vibrer au plus profond.
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