Pierre S, âgé de 17 ans, est arrêté et emprisonné pour vol en 1900, à Paris. Il rédige un résumé de sa courte vie pour son avocat, afin d'expliquer comment il en est arrivé là. Ce n'est évidemment pas de la grande littérature, encore que le style et l'orthographe soient assez remarquables pour un gosse qui a arrêté les études à 12 ans, après le certificat d'études (je ne suis pas sûr que beaucoup de nos loustics que la scolarité obligatoire conduit jusqu'à 16 ans dans les écoles de la République seraient aujourd'hui capables d'écrire aussi bien). le témoignage, en revanche, est instructif et souvent émouvant, bien qu'un peu répétitif, puisque le livre enchaîne la description minutieuse de cambriolages dans de pauvres logis rapportant de pauvres butins (genre un pantalon et deux chemises), que nos voleurs à la petite semaine vont fourguer chez la marchande de couleurs, peu regardante sur la provenance mais beaucoup plus sur le prix qu'elle consent. Des lettres, dessins et poèmes touchants de maladresse et de naïveté complètent le récit. Une lecture qui permet de se sentir un peu moins malheureux dans la France de 2022.
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Mais tout n'alla pas comme je le souhaitais. L'ouvrage vint à manquer à l'atelier, je ne travaillais plus que deux ou trois jours par semaine. Et comme un fait exprès, la patronne à Cécile cessa de la payer, lui donnant vingt sous par vingt sous, puis peu à peu ne lui donna plus d'ouvrage. Alors ce fut une misère noire, pendant un mois entier nous ne mangions que de la panade faite avec des croûtes de pain que j'allais chercher au restaurant, soi-disant pour la pêche. Cela ne mettait pas le désaccord, nous mangions moins mais nous nous embrassions plus.