Une sombre et envoûtante réécriture de la Petite Sirène...
En grand fan de contes, quand je suis tombée sur la 4e de
To kill a kingdom, j'ai de suite été attirée par le livre, qui nous promettait une adaptation plus sombre et plus cruelle du célèbre conte de la Petite Sirène. Dans “
To kill a kingdom”,
Alexandra Christo nous livre un récit des plus haletants et captivants, qui plaira à tout amateur de contes et de réécritures. Et croyez-moi, celle-ci vaut le détour !
To Kill a kingdom est un roman de dark fantasy, basé sur le célèbre conte de la Petite sirène. Ici, c'est l'histoire de Lira (en lieu et place d'Ariel), fille de la Reine des Mers, et d'Elian, prince aventureux à l'âme de pirate qui sonde et sillonne les mers pour les débarrasser de l'engeance mortelle qui peuplent les flots : j'ai nommé les sirènes (à savoir qu'ici, “mermaids” et “sirens” sont différenciées, mais par facilité je parlerai de sirènes tout court, le français manquant de termes pour marquer la différence). Dès les premières lignes, on nous explique qu'une sorte de guerre oppose le peuple des mers au peuple des terres suite à l'assassinat de la déesse marine. Depuis cet évènement, les sirènes fêtent leur anniversaire en remontant à la surface pour chanter et séduire les marins, et ensuite… les noyer pour leur arracher le coeur. Chaque coeur volé apporte puissance à la sirène, et Lira, en princesse héritière, ne s'attaque qu'aux princes, ce qui lui vaut le surnom que Prince's Bane, et elle est donc la sirène que le prince Elian traque sans relâche.
Jusque là, tout les prédisposait à s'affronter un jour ou l'autre, jusqu'au jour où Lira commet une erreur aux yeux de sa mère, et se voit bannie de l'océan. Son seul espoir de rentrer chez elle : rapporter à la Reine le coeur du prince Elian.
On pourrait croire qu'il y a là un petit mélange avec Blanche-Neige, n'est-ce pas ?
Sans mauvais jeu de mots, donc, haut les coeurs, ce livre ne s'adresse pas à tous, au vu de certaines descriptions plutôt… crues.
De manière générale, je ne suis d'ordinaire pas attirée par ce genre de réécritures sombres et un brin cruelles, mais celle-ci avait piqué mon intérêt, et je n'ai pas été déçue par ma lecture. L'univers créé par
Alexandra Christo est impressionnant, travaillé dans les moindres détails. On a une héroïne (à ce stade, peut-on réellement l'appeler “héroïne”, sachant qu'elle fait partie du côté obscur de la force ? Mais il y a -t-il réellement un héros dans ce roman ? Telle est la question…) au fort caractère, avec ses forces, ses faiblesses, et surtout beaucoup de doutes dans la tête, et des objectifs qui évoluent de manière cohérente avec l'histoire. du côté du prince, on a bien moins d'infos sur lui mais elles sont substantielles, on sait ce qu'il y a à savoir et personne ne s'en plaint. le personnage est travaillé et m'a beaucoup intriguée dès le départ, car il garde une part de mystère pendant un long moment.
J'ai beaucoup aimé l'intrigue, qui prend le temps dont elle a besoin pour se placer et se déployer, et si ça pourrait gêner certains car il est vrai que ça met du temps à réellement démarrer dans le vif du sujet (la quête de Lira pour le coeur du prince), j'ai apprécié d'être face à une intrigue qui n'est pas rushée ou introduite à la va-vite en quelques mots. L'histoire souffre, par moment, de passages qui tirent un peu dans la longueur, mais rien de dramatique, on passe vite au-delà.
J'aurais apprécié avoir plus d'explications sur le monde terrestre, qui semble parfois fade et inexploité à côté de la richesse des informations qu'on a sur le monde marin, et comme il semblerait qu'une suite soit prévue, j'espère que ce potentiel deuxième tome réponde aux quelques questions que j'ai en suspend.
J'ai beaucoup aimé la thématique des coeurs, qui est un élément vraiment central de l'histoire : loin d'être juste un trophée un peu gore, ces coeurs ont une réelle influence sur les sirènes. C'est également un clin d'oeil appréciable au conte originel.
Pour conclure, je dirais donc que
To kill a kingdom est une très agréable découverte, qui rejoint aisément mes coups de coeurs. C'est une réécriture originale, très travaillée, mais assez sombre et donc je la déconseillerais aux coeurs (trop) sensibles. Par ailleurs, le livre n'a pas encore été traduit à l'heure où j'écris ces mots, mais j'espère que ce sera vite le cas car ce roman mérite d'être diffusé à plus grande échelle. Les réécritures Hachette Heroes n'ont qu'à bien se tenir,
Alexandra Christo entre dans la partie et pour ceux qui aiment les contes un peu moins Disney-ifiés, c'est une perle à découvrir de toute urgence.
Perle, coquillage, mer… sirène ? La boucle est bouclée.
(Livre lu en VO)