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Critique de GrandGousierGuerin


A lire les différentes oeuvres d'un auteur, on en vient à faire des recoupements entre les différents thèmes évoqués, la manière de les amener, de les développer et de conclure. Et bien souvent, on essaie d'établir des concordances avec une biographie de l'auteur.
Dans Terre Neuvas, on retrouve donc le thème de la différence et de la marginalité avec un héros en butte aux sarcasmes et aux vexations de son entourage. Ce thème récurrent dans les différentes oeuvres de Chabouté s'inscrit une fois de plus dans un lieu clos avec très peu de liens avec l'extérieur. En effet, Terre Neuvas est le récit d'une campagne de pêche à la morue à l'époque de la marine à voile où des équipages partaient pour plusieurs mois pour au large de Terre-Neuve, où la vie est rythmée uniquement par les impératifs de pêche. Une série de disparitions et de meurtres crée une atmosphère de suspicion et permet de faire émerger un passé trouble.
Si le fait de pouvoir repérer des thèmes récurrents permet de ressentir une certaine satisfaction initiale, cette dernière est rapidement mise en brèche par mes besoins de lecteur. Amateur d'aucun style particulier et aimant être surpris à la découverte de nouveaux champs de réflexion, une lecture assidue d'un même auteur ou d'un même genre me conduit inexorablement à l'ennui. Chabouté était donc prêt à passer la trappe des auteurs lus, sans réel avenir dans mes futures lectures.
Mais… oui mais majuscule (voilà MAIS)… je reste toujours en admiration par la réalisation générale de l'album, tout particulièrement les paysages ou situations comme celles de la mer déchaînée, du brouillard ou encore de cette statue de la Vierge qui change d'angle en fonction des roulis du navire, sans texte opportun. Il me semble qu'au fil principal, souvent dans la dénonciation des pires aspects de l'humanité, s'adjoint un récit purement graphique qui sublime la Nature et dans le cas présent l'Océan. Etonnamment ces deux récits parallèles expriment une même violence mais que notre perception oppose : la Nature est magnifiée alors que l'Humanité ne nous permet pas d'éprouver la moindre sympathie ou empathie envers la plupart des protagonistes. Et pour moi, le talent de Chabouté réside dans le juste équilibre de ces deux récits, dont la force et l'amplitude se complètent afin d'en faire une oeuvre magnifique tendant vers l'universel.
Au fait, en me relisant, je viens de me rendre compte que je ne suis toujours pas penché sur la biographie de Chabouté. Et je ne sais pas pourquoi… Normalement je ne manque jamais de valider mon GPS de lecture par cette borne Wifi. Peut-être que l'universalité des récits de Chabouté rend superflue cette démarche ?

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