AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sokleine


Je viens d'entendre par hasard à la radio une interview de Francine Christophe venue présenter son nouvel ouvrage "Un enfant des camps" et tout d'un coup je me souviens avoir lu il y a quelques années un de ses premiers livres, « Une petite fille privilégiée » qui m'avait beaucoup touchée.

Les camps d'internement et de concentration dans le regard d'une enfant âgée de 8 à 11 ans, dont les parents sont d'origine juive mais non pratiquants. C'est un témoignage poignant écrit dans un style simple et fluide, mais totalement brut sans pathos ni analyse puisque la narratrice, cette petite fille, ne comprend pas ce qui se passe autour d'elle. Brutalement elle est arrêtée avec sa maman en gare De La Rochefoucauld alors que, munies de faux papiers, elles tentaient de fuir en zone libre.

Le titre pourrait sembler ironique, pourtant il ne l'est pas foncièrement. C'est parce que son père était prisonnier de guerre (il était lieutenant dans l'armée française) et grâce à la Convention de Genève qui doit assurer une certaine protection, que Francine a eu le « privilège » de ne n'a pas avoir été séparée de sa mère ni déportée au camp d'extermination d'Auschwitz. Toutefois de juillet 1942 à avril 1945 elle a d'abord été transférée à la prison d'Angoulême puis successivement dans les camps de Pithiviers, Beaune-la-Rolande, Drancy, Bergen-Belsen… 36 mois de détention auxquels elle survivra mais à quel prix. Elle découvre, dans l'incompréhension, la vie en détention, les conditions précaires, les souffrances, la saleté, le froid, la faim, les maladies… Elle assistera à l'arrivée massive d'autres enfants juifs et à leur transfert dans les camps de la mort.

Francine Christophe, dans ses interventions, explique souvent qu'elle a eu « une petite enfance très heureuse, pas d'enfance et une adolescence difficile ». de retour en France, elle essaiera d'expliquer à ses camarades de classe ce qu'elle a vécu pendant ces trois années, mais elles ne l'écouteront pas et la prendront même pour une folle. Elle s'enfermera dans le mutisme. Ce n'est qu'en 1967, devant tant d'incompréhensions et la montée des négationnistes qu'elle sentira le besoin absolu de témoigner et d'écrire cet ouvrage bouleversant pour que l'on n'oublie jamais.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}