Merci à masse critique et aux éditions l'échappée belle pour cet envoi. Merci aussi pour la petite attention à l'intérieur du livre, une page déchirée, comme échappée d'un livre … des vers sublimes et un petit mot perso ... Vraiment merci !
Quand j'ai fait ma présélection, je n'avais pas fait attention au genre de texte, seul le sujet m'avait touchée : les bébés volés sous Franco. Alors quand j'ai vu ''théâtre'' sur la couverture, j'avoue avoir été un peu surprise. Quel traitement pour un tel sujet en si peu de page ? Et c'est là toute la magie du théâtre, que
Dominique Chryssoulis a honoré avec tendresse et solennité.
Maria, Pablo, Laura, Alejandro, Paula, Adriàn, Martha, Javier, Sara, Juan, Raquel, Angel, Inès, Ruben, Angela ...
Des voix, des rires, des souvenirs d'enfants qui vous appellent dès les premières pages du livre puis de manière lancinante ensuite... Des prénoms, des lettres sur une page, des murmures sur une scène, des cris dans l'horreur de cette sinistre époque que fut l'Espagne de Franco. le texte, ponctué de dates clés, met en scène trois protagonistes qui mêlent leurs voix à celle de l'auteur pour dire l'indicible. D'abord jeté sur la page, les mots terribles apparaissent : gêne rouge, relation intime entre marxisme et infériorité mentale, femme rouge, cabinet d'investigation psychologique de l'armée du Generalisimo, ségrégation totale de leur progéniture dès l'enfance … Puis ce sont les actes, terribles ... « Un jour à la promenade, on n'entend pas les petits. Les femmes regagnent leurs cellules. Et là des cris, des hurlements de femmes accrochées aux barreaux des fenêtres. Dond esta mi nino ? Donde esta mi nina ? » et une sentence qui sonne comme un glas tranchant « Nos ocupamos de todo » ...
À travers le prisme de trois personnages, l'auteur accuse l'église pour le rôle qu'elle a joué, peint le visage de ces mère adoptantes et la douleur de ces bébés volés. Ce n'est ni blanc ni noir, mais c'est terrible. On lit la douleur, mais aussi le doute, l'horreur. On ressent l'effroi de ces mères à qui on arrache des nourrissons et celui de ces enfants qui découvrent l'horrible vérité.
La chorale de voix à la fin de la pièce finit de brosser le tableau de cette tragédie qui nous étreint l'âme autant que le coeur ?
Un livre à découvrir, à lire et à ne surtout pas oublier.