Tout un vocabulaire de la Terre, du roc, du sable et de la mer, des microcosmes écologiques, du mouvement de la vie, de l'inexorable, du geste, de l'humain, salement humain. le récit commence comme un pamphlet alarmiste, comme une présentation d'une île qui a connu la guerre et qui connaîtra la destruction. Puis un coup dans la nuque, un éclat d'une violence extrême, et le corps et l'âme qui s'engourdissent, et tout devient métaphore, danse, chant, cri, pensée, vent, vague, vague à l'âme, instabilité, flou.
Valérie Cibot écrit comme un ermite, bulot accroché à son rocher, qui lèche le sel sur la pierre et se satisfait du roulis de l'eau, qui s'enfoncerait dans la vase plutôt qu'avoir à faire aux humains, aux hommes surtout. L'humanité dans son livre est sombre, vieillissante, grinçante, redoutable, tranchante, irascible, dégueulasse, conservatrice, immuable - on voudrait s'en débarrasser pour laisser l'île respirer : ce n'est pas la Terre qui doit disparaître mais ceux qui la détruisent, qui détruisent le sol à même leurs pieds, scient la branche sur laquelle ils bâtissent leur vie.
Le livre est tantôt d'une dureté âpre, cassante comme deux silex qui s'entrechoquent, tantôt d'une poésie douce, contemplative, mélodique et rêveuse. Les mains des hommes qui brisent, les pétales de fleurs qui enflamment le ciel. Moitié politique moitié plus rien à foutre. Une ode qui fait mal, qui ouvre le ventre comme un poisson à qui l'on enlève les arrêtes, une chanson amère au beurre salé, qui vous rappelle à l'ordre, vous remet à votre place, une transe hallucinatoire, qui vous confond avec le paysage.
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