Un troublant accord

« Un troublant accord » est un bon livre, ayant amplement mérité sa victoire au concours « So You Think You Can Write » d'Harlequin, ayant ouvert à Amanda Cinelli les portes de la maison d'édition. Dès les premières lignes, impossible de ne pas adorer Dara, l'héroïne, sa détermination, sa repartie, sa façon de rester focalisée sur son objectif même en face d'un déstabilisant beau gosse. Plus tard dans l'histoire, on découvre également qu'elle est stérile, et on appréciera d'ailleurs qu'elle le reste, sans miracle façon conte de fées. En face, Leo, cliché de l'italien charmeur, mais également dur en affaires. Et là où d'autres utiliseraient le chantage, lui préfère plutôt convaincre et proposer de quoi arranger les deux parties. Ainsi, leur relation ne manque pas de piment, mais sans affrontements exagérés ni toxicité. Au contraire, elle se base beaucoup sur la communication. En fait, Amanda Cinelli a réussi à rendre ses personnages vivants et humains, à leur donner de l'épaisseur malgré le format court de l'histoire.

« Mais alors, pourquoi t'as mis que 6 ? » Parce qu'en dehors de l'introduction qui ne manque pas d'originalité, l'intrigue devient rapidement très classique. Fake dating, traumas d'enfance, esquisse d'embrouilles de famille. Et si la maltraitance est abordée de façon juste assez glauque pour mettre mal à l'aise sans trop plomber l'ambiance ni, au contraire, tomber dans la caricature, ce que nombre d'autrices ne parviennent pas à faire, ramener ça à « c'était pas fait exprès, c'est sa folie » est un peu facile, en plus de tomber dans les clichés psychophobes dignes de feuilletons télé de l'après-midi et qu'on aimerait ne plus croiser. Dommage.

En dehors de ce couac, s'il n'est pas le meilleur roman d'Amanda Cinelli que j'ai lu (j'avais vraiment adoré l'excellent « Le retour de Duarte Avelar » ainsi que « Promise par devoir »), « Un troublant accord » reste tout de même très sympathique, avec des personnages bien développés.