Elle n'est pas simple la vie à l'orphelinat pas simple, surtout lorsqu'il s'agit d'un établissement aux conditions difficiles. L'enceinte dans laquelle s'est retrouvé Lem pour son plus grand malheur ressemble à une prison. Pourtant, dans ce lieu sans espoir, Lem se fera un ami : Isaac. L'orphelinat est entouré d'un haut mur inaccessible qui interdit de voir ce qu'il se passe de l'autre côté. À peine, les pensionnaires, peuvent-ils percevoir le soleil, la lumière qui nourrit toute vie. Et que dire des règles folles qui régissent la vie des orphelins ? Et que dire des punitions physiques et morales que reçoivent les enfants ? Et que dire du sadique directeur de l'orphelinat à la main leste et de sa folle assistante ? Les brimades sont nombreuses et variées dans ce lieu maudit, mais « les fils de » ont plus de chances d'y échapper que les enfants mal nés. Alors, afin d'échapper aux difficultés réelles de leur quotidien, nos compagnons vont s'inventer un monde enchanteur ainsi qu'une entité enchanteresse, il s'agit de «
La grande eau », elle se trouve de l'autre côté du mur.
La grande eau soigne et guérit, elle réconforte et aime, elle est le symbole la liberté inaccessible… C'est une illusion, un rêve.
«
La grande eau » est un roman macédonien de l'auteur
Zivko Cingo. Initialement publié dans son pays en 1971, le livre vient d'être réédité dans une nouvelle traduction chez le Nouvel Attila. L'édition est très belle et comme toujours au Nouvel Attila, le texte est assorti de magnifiques illustrations. La plume de l'auteur est très belle. le récit est rythmique, nerveux, vivant. Il s'agit d'un texte unique en son genre ! Ainsi, le narrateur inlassablement, qui n'est autre que le personnage principal, ne cesse de répéter comme un mantra qui voudrait conjurer le mauvais sort la formule suivante : « que je sois maudit ». Que je sois maudit si le jeune Lem ne s'exprime pas de manière exaltée comme une personne en manque non pas de drogue, mais de liberté. Que je sois maudit si notre héros n'agit pas ainsi, de manière nerveuse, car il se tient toujours sur le qui-vive afin d'éviter les mauvais coups. Que je sois maudit, que je sois maudit si ce texte ne réussit pas à vous serrer la gorge… Que je sois maudit !
« Le sommeil se propagea comme un rhume de cerveau. Peu de temps après toute la classe ronronnait, on entendait dans l'air des sons, des choeurs, des musiques. Que je sois maudit, c'était un véritable orchestre, un opéra. Nous naviguions tranquillement sur la bonne planète Mars, nous conquérions le ciel et toute la nature ».
Le roman de
Zivko Cingo est aussi une critique du régime communiste totalitaire. Ainsi, le directeur de l'orphelinat est appelé petit père, forcément on pense au petit père du peuple. Qui plus est, tous les orphelins ne sont pas traités exactement de la même manière. Il y a les fils des héros de guerre d'un coté et il y a les fils des collaborateurs de l'autre, c'est ainsi que l'on ressent l'histoire. La critique de la vengeance est palpable. le petit père agit comme un homme rongé par la rancoeur. Les orphelins, eux, sont rééduqués comme il se doit, comme dans les pires établissements de Nicolae Ceausescu. «
La grande eau » est une belle histoire (triste et envoûtante) qui a remporté le prix Nocturne 2014. Aussi, je vous invite à découvrir ce prix Nocturne, il ne m'a jamais déçu.
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