AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782371000292
220 pages
Le nouvel Attila (18/02/2016)
3.68/5   11 notes
Résumé :
Lem et Isaac sont deux enfants vivant dans un orphelinat cerné de murs montant jusqu'au ciel, qui tentent d'apercevoir à travers un trou du mur la "Grande Eau", symbole pour eux de toutes les libertés.
Nous sommes au lendemain d'une guerre, dans un établissement régi par quelque dictateur, sans autre espace laissé au rêve et à l'imaginaire que ce seul trou, qui canalise espoirs, paroles et prières.
Que lire après La grande eauVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
La guerre 39/45 vient de s'achever avec son cortège de morts. Laissant abandonnés des milliers d'enfants orphelins, certains sont recueillis dans des orphelinats. Comme Lem , dont l'oncle et la tante ne veulent pas, et qui se retrouve sous la tutelle d'un orphelinat faisant plus que régner l'ordre dans une Yougosalvie en proie au changement. Toutefois , il y rencontre le fils de Keïten et va se lier d'amitié avec lui.
Ce livre dans lequel j'ai eu du mal à me plonger, fait une belle part au rêve , symbolisé par "la grande eau", promesse de liberté au milieu d'un espace protégé du monde par de hauts murs.
les jeunes sont touchants , épris d'une liberté qu'ils n'ont pas, à la recherche d'une affection parentale qu'ils n'ont pas , essayant de s'évader de l'autorité qui les oppressent continuellement , entre délation, privation et admonestation physique.
Ce livre est sans doute très beau,n cette plongée dans l'imaginaire d'un orphelin oppressé qui s'évade de sa prison par des paraboles poétiques. Par la recherche de cette montagne imaginaire source de liberté.
Je suis sans doute passé à côté.
Commenter  J’apprécie          392
Livre très intéressant qui se passe dans un orphelinat macédonien et qui est en réalité une critique de l'état totalitaire. Il y règne la peur, la dénonciation, les rapports écrits par les autres sur vous, la violence, la surveillance, la discrimination (certains enfants ont de meilleurs dossiers que d'autres). le directeur de l'établissement est appelé "petit père" (cela ne vous ferait-il pas penser à quelqu'un ?), les règles sont strictes, presque militaire et il y a un certain régime de terreur. Lem, le personnage principal, a tout de même un ami sur qui il peut compter et qu'il sait être fiable. En effet, malgré tout cela, il y a une certaine solidarité et le désir d'un avenir meilleur. Les enfants gardent malgré tout leurs idéaux et leurs rêves.
Pourquoi ne mettre que trois étoiles alors ? le style de l'auteur m'a gêné : il emploie à tour de bras deux phrases "je le jure" et "que je sois maudis". Au début je pensais que cela pourrait donner de la force au récit, un certain rythme, comme un refrain qui revient sans cesse, entêtant. Mais voilà au bout de vingt pages, je me suis lassée et avais du mal à me concentrer sur les informations du texte et l'histoire en elle-même, attendant et guettant ces deux phrases. Est-ce un tic du langage de l'auteur ? Un effet qu'il a voulu donner ? Ou une habitude dans la langue macédonienne ? Je ne le sais.
J'ai par contre aimé voir certaines expressions qui semblent typiques, par exemple "que la terre te sois légère", "pendant des siècles" pour dire que cela dure longtemps, l'appellation des enfants, on ne dit jamais leur prénom mais toujours "fils de..."
Commenter  J’apprécie          60
Elle n'est pas simple la vie à l'orphelinat pas simple, surtout lorsqu'il s'agit d'un établissement aux conditions difficiles. L'enceinte dans laquelle s'est retrouvé Lem pour son plus grand malheur ressemble à une prison. Pourtant, dans ce lieu sans espoir, Lem se fera un ami : Isaac. L'orphelinat est entouré d'un haut mur inaccessible qui interdit de voir ce qu'il se passe de l'autre côté. À peine, les pensionnaires, peuvent-ils percevoir le soleil, la lumière qui nourrit toute vie. Et que dire des règles folles qui régissent la vie des orphelins ? Et que dire des punitions physiques et morales que reçoivent les enfants ? Et que dire du sadique directeur de l'orphelinat à la main leste et de sa folle assistante ? Les brimades sont nombreuses et variées dans ce lieu maudit, mais « les fils de » ont plus de chances d'y échapper que les enfants mal nés. Alors, afin d'échapper aux difficultés réelles de leur quotidien, nos compagnons vont s'inventer un monde enchanteur ainsi qu'une entité enchanteresse, il s'agit de « La grande eau », elle se trouve de l'autre côté du mur. La grande eau soigne et guérit, elle réconforte et aime, elle est le symbole la liberté inaccessible… C'est une illusion, un rêve.

« La grande eau » est un roman macédonien de l'auteur Zivko Cingo. Initialement publié dans son pays en 1971, le livre vient d'être réédité dans une nouvelle traduction chez le Nouvel Attila. L'édition est très belle et comme toujours au Nouvel Attila, le texte est assorti de magnifiques illustrations. La plume de l'auteur est très belle. le récit est rythmique, nerveux, vivant. Il s'agit d'un texte unique en son genre ! Ainsi, le narrateur inlassablement, qui n'est autre que le personnage principal, ne cesse de répéter comme un mantra qui voudrait conjurer le mauvais sort la formule suivante : « que je sois maudit ». Que je sois maudit si le jeune Lem ne s'exprime pas de manière exaltée comme une personne en manque non pas de drogue, mais de liberté. Que je sois maudit si notre héros n'agit pas ainsi, de manière nerveuse, car il se tient toujours sur le qui-vive afin d'éviter les mauvais coups. Que je sois maudit, que je sois maudit si ce texte ne réussit pas à vous serrer la gorge… Que je sois maudit !

« Le sommeil se propagea comme un rhume de cerveau. Peu de temps après toute la classe ronronnait, on entendait dans l'air des sons, des choeurs, des musiques. Que je sois maudit, c'était un véritable orchestre, un opéra. Nous naviguions tranquillement sur la bonne planète Mars, nous conquérions le ciel et toute la nature ».

Le roman de Zivko Cingo est aussi une critique du régime communiste totalitaire. Ainsi, le directeur de l'orphelinat est appelé petit père, forcément on pense au petit père du peuple. Qui plus est, tous les orphelins ne sont pas traités exactement de la même manière. Il y a les fils des héros de guerre d'un coté et il y a les fils des collaborateurs de l'autre, c'est ainsi que l'on ressent l'histoire. La critique de la vengeance est palpable. le petit père agit comme un homme rongé par la rancoeur. Les orphelins, eux, sont rééduqués comme il se doit, comme dans les pires établissements de Nicolae Ceausescu. « La grande eau » est une belle histoire (triste et envoûtante) qui a remporté le prix Nocturne 2014. Aussi, je vous invite à découvrir ce prix Nocturne, il ne m'a jamais déçu.

Lien : http://deslivresetdesfilms.c..
Commenter  J’apprécie          30
Quel roman étonnant !

L'écriture est un peu dérangeante dans un premier temps mais peu à peu on s'y fait. On se laisse même prendre par ce récit en partie halluciné, de ces enfants enfermés dans un orphelinat soviétique après guerre....

Un orphelinat soviétique après guerre...tout un programme on s'en doute et pas des plus réjouissant pour ces gamins qui vont souffrir de tout.

Une amitié nait néanmoins entre le narrateur et un autre enfant, une amitié qui rêve d'une autre vie, de sortir de ce lieu, de l'amour d'une mère...

Un récit étrange, dur, où la fragilité de ces enfants transparaît derrière le mur, les contraintes, les coups, la faim ..
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          100
La grande eau, écrit en 1966 par l'écrivain Macédonien Zivko Cingo, décrit les souffrance des enfants dans un orphelinat du pays après la deuxième guerre mondiale. Il ne le fait pas sous forme de récit ni d'un roman au style classique, mais sous forme assez imagée, surréaliste, pas toujours compréhensible. Les enfants rêvent de la "Grande eau", est-ce la liberté ? la tendresse d'une mère ? ou l'eau qui existe bel et bien au-delà du mur de l'orphelinat ?

Les enfants souffrent de faim, de maltraitance, de peur, des poux, du manque d'affection. C'est très dur et poignant. La fin est cependant très belle, un des petits orphelins, bravant toute les consignes, s'isole pour tailler dans un bout de bois… l'effigie d'une "mère" !

L'auteur dit : "Je n'ai pas souvenir d'un autre endroit où l'enfance meurt si rapidement. Que je sois maudit s'il existe un autre lieu où l'on enterre aussi impitoyablement l'enfance. L'enfance, la plus belle fleur de la vie, disparaissait comme un pissenlit fané. Que je sois maudit, personne ne savait où s'étaient enfuis les jours de l'enfance. Pendant ces deux-trois siècles que nous avons passé dans l'orphelinat, pendant ce temps très court, j'avais le sentiment que nous avions tous beaucoup vieilli, vieilli de plusieurs milliers d'années."

A noter que ces "que je sois maudit" répétés toutes les deux phrases m'ont beaucoup gâché ma lecture.
Commenter  J’apprécie          10


critiques presse (1)
Liberation
30 mars 2016
Le roman de Zivko Cingo est un conte au lyrisme noir, irradié par l’amitié de deux orphelins, Lem et Isaac.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
À ces moments-là, quand oncle Silé Nikoloski rencontrait nos regards, il sursautait, que je sois maudit. Il tournait sa tête à gauche et à droite et comme si de rien n’était disait avec le sourire aux lèvres :
— Des histoires, des histoires, mes enfants ! N’écoutez pas le fou que je suis, et c’est alors seulement qu’il se tournait vers son malade. Somnolent, étourdi et ému, il dit :
— Qu’a-t-il avalé, ce jeune homme ?
Mon Dieu, je tressaillis. S’il le prenait maintenant par sa trachée, mon pauvre Keïten, mon cher ami. Que je sois maudit, il avait des mains si fortes, cet oncle Silé Nikoloski. Il aurait suffi qu’il te touchât une ou deux fois à l’endroit malade pour que tu guérisses immédiatement. Il t’aurait ramolli les petits os comme s’ils avaient été enduits de la meilleure des pommades. Parfois, on utilisait oncle Silé Nikoloski à d’autres fins, mais ce n’était pas sa faute. Il avait une manière bien à lui de rendre différents services, comme on dit : il soignait, comme ça, à l’œil. Je me souviens encore de quelle manière on avait emmené quelques-uns des pensionnaires les plus âgés. Que je sois maudit, de quelle manière. On avait organisé une visite médicale, à l’œil, et oncle Silé Nikoloski s’arrêtant devant chacun de nous et nous dévisageant de la tête aux pieds choisissait les malheureux en leur disant :
— Mon petit homme, tu as l’air bien triste. Tes yeux sont cernés. À l’hôpital, pour qu’on voie de quoi il s’agit, c’est peut-être quelque chose de contagieux, dangereux. Il faut faire des examens, petit poussin.
La suite, nous la connaissions, malheur à celui qui partait à l’hôpital ! Il n’y avait plus de retour pour lui. Les pauvres, ils se débattaient jusqu’à leurs dernières forces, ils criaient :
— Ne nous laissez pas emmener, les frères ! Non !
Commenter  J’apprécie          30
Je le jure, en ce triste instant de séparation, au moment même où je partais, je vis sur le fumier un jeune coq furieux à la crête trop rouge se jeter comme une bête sauvage sur une gentille petite poule qui grattait tranquillement dans le fumier ; en moins de deux, il lui sauta dessus, cela ne dura qu’une petite seconde, juste le temps d’un clin d’oeil, que je sois maudit, et elle n’eut même pas le temps de dire ouf ! Quelle belle chose, me dis-je, ils baisent, mais ce n’était pas un mot à moi, je le jure. J’ai hérité de cette habitude de mon grand-père Kostadinoski, que la terre lui soit légère, au fond s’il était vivant il aurait parlé ainsi, s’il était encore là, couché sous l’auvent, se réchauffant au soleil printanier, se débarrassant du grand gel dans sa poitrine.
Commenter  J’apprécie          50
Nous étions une triste horde d’enfants affamés et malpropres, sans foyer. Des petits saligauds méchants et noirs, comme disaient nos gentils éducateurs. Attrapés dans les champs, dans les vergers, dans les forêts, dans les granges, dans les rochers, dans la grande neige. Mais nous ne nous laissions pas attraper. Nous ne savions sûrement pas qu’ils allaient nous offrir un foyer, un toit, un lit, qu’ils allaient nous donner du café chaud, du pain avec de la confiture, et qu’ils faisaient cela pour notre bien, pour nous protéger de toutes ces choses puantes prévues jusqu’au moindre détail dans un orphelinat. Par la loi, que je sois maudit. Bien, mais je vous le dis, nous ne nous laissions pas prendre. Tout ce printemps-là des détachements de la Croix-Rouge, d’éducateurs et de chasseurs de toutes sortes nous traquaient comme des petites bêtes sauvages.
Commenter  J’apprécie          40
Je n’ai pas le souvenir d’un autre endroit où l’enfance meurt si rapidement. Que je sois maudit s’il existe un autre lieu où l’on enterre aussi impitoyablement l’enfance. L’enfance, la plus belle fleur de la vie, disparaissait comme un pissenlit fané. Que je sois maudit, personne ne savait où s’étaient enfuis les jours de l’enfance. Pendant ces deux-trois siècles passés dans l’orphelinat, pendant ce temps très court, j’eus le sentiment que nous avions tous beaucoup vieilli, vieilli de plusieurs milliers d’années. Et tout arriva en un seul jour, le plus terrible, le plus beau jour de l’orphelinat.
Commenter  J’apprécie          30
La neige, les montagnes, les villages brûlés, les vergers abandonnés, les champs désertés, tout restait lointain, seule la Grande Eau vivait en nous. Elle était partout alentour, que je sois maudit, la Grande Eau semblait nous attendre, nous. Elle nous reconnut, je le jure, elle nous reconnut à cet instant-là. Sa voix douce semblait nous dire, Allez mes petits, voici le chemin, marchez et tenez bon ! Et nous marchions, parole d’honneur de camarade, nous marchions. Je le jure même sur la tête de la camarade Olivera Srezoska, nous marchions.
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : littérature macédonienneVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Zivko Cingo (1) Voir plus

Lecteurs (21) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1704 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}