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EAN : 9791095604273
198 pages
Belleville éditions (17/05/2019)
3.5/5   4 notes
Résumé :
Nistor Polobok, sexagénaire trapu à la barbe en fil barbelé, règne en maître sur la mairie de Chișinău. Lorsqu’il n’encaisse pas les pots-de-vins d’entrepreneurs peu scrupuleux qui défigurent la ville, il batifole en charmante compagnie. Jusqu’au jour où une mystérieuse brèche s’ouvre dans l’asphalte devant sa majestueuse villa…
Bientôt, la crevasse engloutit tout ce qui se trouve sur son chemin : maisons, arbres et même un retraité russe en attente... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Iulian Ciocan est le deuxième auteur moldave que je lis (après Vladimir Lortchenkov) et je retrouve le même humour comme si la seule façon raisonnable de résister à la situation délétère en Moldavie était de regarder la vie avec dérision et de se construire un féroce humour de l'absurde. le livre est un pamphlet violent contre la corruption en Moldavie que l'auteur considère comme endémique depuis l'indépendance et le début de “la période de transition”. Ce livre est d'ailleurs un livre “augmenté” et on peut aller se renseigner sur la Moldavie et sa capitale en ligne avec du contenu spécifique créé par l'éditeur.

Je suis dans l'ensemble déçue par ce livre pour deux raisons. La première est littéraire: je trouve que le roman manque d'intrigue et même si le regard porté par l'auteur est acerbe et ironique, la langue, elle, manque de poésie. Il n'y a pas vraiment de personnage principal mais une farandole de personnages qu'on accompagne durant un seul chapitre. L'auteur a voulu montrer ainsi la diversité de la Moldavie et les multiples défauts de ses contemporains mais la contrepartie est qu'on ne s'attache à personne.

Ce qui m'amène à la deuxième raison de ma déception qui est elle sentimentale. J'ai vécu en Moldavie et je me suis attachée à Chisinau et aux amis que je m'y suis fait. Et je ne retrouve dans ce livre aucun des bons côtés de la Moldavie que je connais avec des gens attachants, débrouillards, ouverts et généreux. On ne trouve de plus que très peu de “couleur locale” et de description de la vie quotidienne : les marchutkas, les parcs, les cafés, les placinte et la mamalyga, les glissades sur la neige ou le marché central...

La critique de la corruption est très présente (en particulier l'oligarque à tête de chimpanzé correspond sûrement à cet oligarque moldave connu de tous mais dont “on ne doit pas prononcer le nom” (véridique)) et si il y a des allusions légères à l'annexion de la Crimée, à l'existence de la Transnistrie, au vol de 18% du PIB dans les caisses de l'état en 2015, rien n'est vraiment dit et approfondi pour qui ne connaît pas. J'en suis même venue à me demander si le texte restait à dessin en surface pour éviter de se faire embêter par des gorilles à la solde des puissants.
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"Sexagénaire trapu à la barbe en fil barbelé poivre et sel", Nistor Polobok est chef du cabinet Architecture-Urbanisme-Cadastre à l'hôtel de ville de Chișinău. Comme tous ses pairs, il a bâti sa fortune sur la corruption. Il vit dans une maison digne d'un palais et possède une BMW avec chauffeur, signes extérieurs de richesse qui exhaussent l'amertume résignée des moins bien lotis.

En rentrant chez lui après une journée de travail (consistant en l'obtention d'un dessous-de-table de 3000 euros pour avoir autorisé la construction d'une station-service dans un petit parc du centre-ville), il se tord la cheville sur une fissure apparue sur le trottoir devant sa maison, événement contrariant mais anodin au vu de de ce qui s'annonce... Car cette fissure s'agrandit inexorablement, devient crevasse, malgré les interventions des ouvriers venus la combler. Bientôt, elle menace sa maison.

Nistor fait des rêves qui le hantent d'une angoisse étouffante, dans lesquels, après avoir revécu un épisode humiliant de son enfance, il devient agresseur à son tour, et fend l'objectif d'une caméra filmant la scène. Apercevant par ailleurs au fond du gouffre ouvert par la fissure une foule cauchemardesque et grouillante, il se persuade être responsable de son apparition, et de la future destruction de Chișinău que son élargissement ne va manquer de provoquer. Sa visite à une voyante le conforte dans cette certitude, et lui apprend que seul le pardon d'une femme à qui il a fait du tort permettra de sauver la ville, voire la Moldavie...

Seulement, Nistor, en sempiternel goujat, est bien embêté : à laquelle de la pléthore de femmes -la sienne y compris- auxquelles il a manqué de respect doit-il présenter des excuses ?! En même temps qu'il y réfléchit avec angoisse, plus désireux de sauver sa peau que vraiment culpabilisé, il commence à faire des dons à des associations caritatives. Il est pris pour un fou par ses proches.

Avec cette farce volontairement peu subtile mais cocasse, peuplée de personnages grossiers et souvent antipathiques, Iulian Ciocan dresse le portrait d'une Moldavie gangrenée par la corruption et les inégalités, partant du postulat que ce petit pays détiendrait le record mondial de magouilles et de pourritures... il est clairement exprimé dans le récit que cette décadence morale est liée à la "Transition" moldave, période initiée avec la proclamation de l'indépendance en 1991, au cours de laquelle vols, viols, crimes et fourberie auraient atteint des sommets, constituant le Mal accumulé au fond de la crevasse...

Je doute que cette lecture me laisse une empreinte durable, mais l'énergie et l'humour burlesque que déploie l'auteur m'ont permis de passer un très bon moment.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Le sous-titre du roman, « Portrait fêlé d'une Moldavie corrompue », est en soi suffisamment parlant, mais l'adjectif « fêlé » mérite quand même qu'on s'y arrête. Fêlé, ce portrait l'est parce que, comme le roman de Lortchenkov, l'auteur Iulian Ciocan a pris le parti de présenter son roman sous la forme d'une fable apocalyptique à l'humour grinçant. Fêlé, il l'est aussi parce que le roman débute avec une fêlure, une « fissure plutôt profonde » qui apparaît un soir devant le chez-soi de Nistor Polobok. Par chez-soi, je veux dire le « palais pharaonique » que celui-ci s'est fait construire dans un quartier de nouveaux riches de la capitale, Chişinău, avec la complicité intéressée de ses amis de l'Hôtel de Ville où il occupe lui-même le poste de Chef du cabinet Architecture-Urbanisme-Cadastre.

Cette fissure, qui résiste aux meilleurs efforts des agents de voirie pour la reboucher, prend des proportions de plus en plus inquiétantes, engloutissant hommes, véhicules et bâtiments, à commencer par le palais de Nistor.
Lien : https://passagealest.wordpre..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Depuis quelque temps, Natalia Pommeaigre éprouvait une tendre nostalgie pour son enfance, le plus merveilleux moment de la vie. L’homme se croit au centre de l’univers et de l’attention des êtres chers dont il est entouré. Ensuite, plus on avance en âge, plus on se déplace vers la périphérie de l’univers, plus on s’aperçoit que ce monde ne prend pas la mesure des efforts accomplis, que la solitude et la mort sont les seules réelles certitudes d’une brève existence insignifiante.
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Ce rond-de-cuir à calvitie précoce avait fini par accorder, au terme d’épuisantes négociations, un permis de construire à un gros patron qui le relançait sans relâche pour réaliser son vieux rêve : construire une station-service en plein centre-ville, au beau milieu d’un joli parc.
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